Le drame nucléaire au Japon peut-il influer sur les votes en faveur des candidats Verts-Europe Ecologie ? La situation sur la rive sud de la Méditerranée ? L’entrée de la France dans le conflit libyen par le biais de frappes militaires rendues possibles dans la nuit par une résolution du conseil de sécurité de l’Onu, aura-t-elle elle aussi une répercussion sur les choix de nos compatriotes ? Cette situation de crise engendrera-t-elle un « réflexe légitimiste » de soutien à la majorité présidentielle?
Bref ces évènements anxiogènes, qui s’ajoutent aux autres sujets de préoccupations que sont pour nos compatriotes en premier lieu la dégradation du pouvoir d’achat, la flambée des prix, une situation économique et sociale sans cesse plus difficile, peut elle influer sur les votes ?
La Présidente du FN l’a dit et répété, notre Mouvement « (espère) faire mieux qu’aux cantonales de 2004 », un type de scrutin notions nous le 4 mars, qui favorise cependant le poids des réseaux de notables, le clientélisme, les débats locaux, ce qui est un handicap certain pour l’opposition nationale.
Autre difficulté, l’UMP a relevé le seuil d’accès au second tour dans le seul but de nuire au FN, le Parlement ayant décidé qu’un candidat devra obtenir au premier tour un score égal à 12,5% des électeurs inscrits pour pouvoir se maintenir au second tour. Auparavant, représenter 10% des inscrits suffisait. Si la participation est de 50%, un candidat devra donc obtenir au moins 25% des voix pour accéder au second tour.
Une manœuvre qui pourrait se retourner cependant contre l’UMP, par « effet ciseau » a relevé Bruno Gollnisch (voir notre article en date du 10 mars). Les analystes tablent sur la possible présence au second tour d’environ 130 candidats frontistes à ces cantonales dans le cadre de triangulaires, mais aussi d’une quarantaine de duels opposant le FN à un candidat de l’UMP ou du PS.
Historiquement, le premier frémissement électoral en faveur du FN est intervenu aux élections cantonales de 1982, avec… 0,20 % des suffrages au niveau national, mais dans quelques circonscriptions des résultats en forte progression comme à Dreux-Ouest (12,62 %) et à Grande-Synthe près de Dunkerque (13,30 %). Aux cantonales de mars 1985, Jean Roussel fut élu conseiller général FN dans un canton de Marseille (Bouches-du-Rhône) et droite et FN signèrent un accord de désistement réciproque dans les Alpes-Maritimes. En 1988, les candidats nationaux réalisèrent en moyenne 5,73 % dans les 1 465 cantons où ils étaient présents ; 8,1 % des voix dans 2 035 cantons en 1995; 6,94 % des suffrages dans 1 933 cantons en 2001.
Le FN réalisa son meilleur score en 2004, aidé en cela par la dynamique suscitée par le couplage des cantonales avec les régionales (là aussi un record avec plus de 15% des voix), les 1846 candidats FN dans les cantons totalisèrent en moyenne 12,12% des suffrages.
En 2008, les cantonales furent jumelées avec les municipales à un moment où le FN était en grande difficulté après le revers des législatives de 2007. Les candidats frontistes étaient présents dans seulement 1 020 cantons et obtinrent un score national de 4, 85%.
Le FN entre en lice dimanche prochain dans des conditions bien meilleures qu’il y a trois ans, indéniablement grâce à la popularité de Marine Le Pen . Certes, notre Mouvement n’a pu aligner autant de candidats qu’en 2004. La raison principale en est sa trésorerie qui l’oblige à être présent que dans les cantons où il est susceptible de dépasser, au nom d’un sain principe de précaution, la barre des 5%, afin de pas grever son budget et d’obtenir les remboursements des frais de campagne.
S’ajoute aussi à cela le problème de l’implantation locale du FN, le départ de cadres et candidats aguerris que le flot de nouveaux adhérents ces derniers mois n’a pu combler pour l’instant. Mais les 1440 candidats FN (sur les 10 360 candidats engagés) couvrent 71% des 2 023 cantons renouvelables, et les cantons en question représentent 82% des électeurs appelés aux urnes.
Quoi qu’il arrive, le FN, qui n’a pour l’instant aucun conseiller général, n’a rien à perdre dans ce scrutin, dans lequel il enregistrera très certainement une forte progression. Mais répétons le, une des clés de cette élection sera indubitablement le taux d’abstention, qui s’élevait à 35% en 2004 et 36% en 2008, alors il s’agit de voter…et de faire voter !