Le Point relayait ainsi les curieuses révélations du Washington Post samedi « sur la conduite de la guerre en Libye ». Selon le quotidien américain, les opérations aériennes des Français, des Britanniques Royaume-Uni et d’autres pays européens « seraient limitées par le manque de munitions de précision ».
Des assertions mensongères décryptent Le Point qui souligne que « la Royal Air Force britannique, l’armée de l’air et la marine nationale françaises procèdent actuellement à la majorité des frappes, et (qu’elles) ne manquent aucunement d’avions pour conduire ces missions » ni de munitions idoines. Notamment de plusieurs dizaines de kits Paveway, de différents modèles, acquis par la France aux Etats-Unis qui permettent de transformer nos bombes lisses à gravité en armes de précision.
Et Le Point de relever cette évidence à savoir que « l’article du Washington Post considère, sans l’écrire explicitement, que les Européens feraient bien d’acheter davantage d’armements aux États-Unis s’ils veulent faire la guerre sérieusement. Rien de neuf… »
Rien de neuf non plus avec un Alain Juppé qui doit toujours subir les saillies verbales du ministre bis des Affaires étrangères, Bernard-Henry Lévy. Répondant ce débit de semaine aux questions de l’Association de la presse diplomatique, M Juppé a déclaré être «tout à fait hostile» à l’envoi de forces sur le terrain en Libye, comme l’ont réclamé les rebelles basés à Misrata et assiégés par les « troupes loyalistes ».
une réponse indirecte au président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Axel Poniatowski (UMP), qui avait manifesté l’avis d’envoyer en Libye 200 à 300 membres de forces spéciales de pays de l’Otan pour aider la rébellion et mieux guider les avions de la coalition contre l les objectifs du régime de Kadhafi.
Pour autant, c’est BHL, et non pas M. Juppé ou le ministre de la Défense Gérard Longuet qui a grillé la politesse à tout le monde en annonçant dans Le Monde daté du 19 avril, de retour de Libye, l’arrivée de militaires français à Benghazi. Dans une phase des opérations qui va commencer « ces jours-ci », des « officiers de liaison français, anglais et -avec plus de réticences – italien » seront « admis dans la Control Room (…) de l’état-major de la Libye libre » a-t-il affirmé. Cette omniprésence dans les medias de M. Lévy pour vendre « sa » guerre laisse les médias étrangers et notamment arabes, pour le moins dubitatifs.
Le quotidien Le Temps d’Algérie, en date du 18 avril, relevait que le « philosophe, journaliste et actionnaire dans des médias français », qui « assure intervenir dans ce dossier aux côtés de Nicolas Sarkozy », « assume désormais une nouvelle fonction, celle de l’artisan de la rébellion libyenne. Dans son plan de communication élaboré depuis l’éclatement de la guerre civile en Libye, il a livré aux journalistes les principales actions qu’il avait entreprises pour renverser le guide de la révolution libyenne en interposant les populations les unes contre les autres ».
« Il est invité par plusieurs médias et s’exprime quotidiennement sur l’évolution de la guerre civile en Libye en s’employant à une véritable propagande psychologique et médiatique, au même titre que son implication dans le dossier de l’Afghanistan. Il y a quelques jours, il a tenu à défendre un point de vue irréel, celui de dire qu’ il n’existe pas d’enlisement en Libye».
Conflit qui en deux mois a déjà fait quelque 10.000 morts et 55.000 blessés, selon l’ami de BHL le chef du Conseil National de Transition (CNT), l’anti-kadhafiste Moustapha Abdeljalil. Chiffres censés certainement conforter un Alain Juppé et un Bernard-Henry Lévy dans leur discours infantile sur la guerre du bien contre le mal.
Comme le notait Bernard Lugan début avril « le pire n’est jamais certain, mais nous aimerions pouvoir croire que les autorités françaises ont véritablement pris en compte l’hypothèse de l’apparition de guerres tribales et claniques (en Libye à la faveur de la guerre civile) , comme en Somalie. Ont-elles également bien évalué le risque islamiste en Cyrénaïque, éventualité qui ouvrirait un espace inespéré pour Aqmi qui prospère déjà plus au sud dans la région du Sahel ? Il est permis d’en douter tant cette guerre aux motifs officiellement éthiques apparaît à la fois improvisée et sans but réel ».