Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

La Syrie victime de « l’Axe du Mal » ?

Après l’Egypte, la Tunisie, Bahreïn, la Syrie a été gagnée par la révolte  «  « spontanée de son peuple » contre le pouvoir de Bachar el Assad. Le vaste  chantier de réforme ébauché par ce dernier, dont le lancement d’un débat  dans le but d’instaurer le multipartisme,  accueilli favorablement par une partie de l’opposition,  n’a apparemment pas eu les résultats escomptés.  Selon le Haut commissariat aux droits de l’homme (HCDH), les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont fait plus d’une centaine de morts  dans le pays entre vendredi et dimanche. Hier, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a « (condamné) totalement la violence continue contre les manifestants pacifiques, notamment l’utilisation de chars et de balles réelles (…) ».

« Les autorités syriennes ont l’obligation de protéger les civils et de respecter les droits de l’homme y compris la liberté d’expression et la liberté de rassemblement pacifique ». « Je reste convaincu que seule l’organisation d’un dialogue inclusif et de véritables réformes peuvent répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien et restaurer la paix et l’ordre social », a-t-il conclu.

Des propos dans la continuité de ceux tenus par la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton la semaine dernière,  lors d’une conférence de presse à Washington : « la violence doit cesser et le gouvernement syrien doit engager un réel processus politique ».  La réponse du régime  devra passer « par des actions concrètes démontrant sa réceptivité aux questions légitimes soulevées par les Syriens, qui recherchent des réformes importantes et substantielles. »

Hier, à l’occasion du sommet franco-italien, Nicolas Sarkozy a choisi également de durcir le ton en dénonçant la « brutalité  inacceptable » de la répression des manifestations en Syrie. 

 Le Quai d’Orsay exige  désormais des « mesures fortes » pour faire cesser « l’usage de la force contre la population ». Le Figaro, qui rappelle que Nicolas Sarkozy avait accueilli en grande pompe Bachar-al-Assad à Paris, « à l’occasion du lancement de l’Union pour la Méditerranée, un projet désormais en stand-by »,  en déduit que  « la France souhaite que l’ONU prenne des sanctions ».

« L’appel fort pour arrêter la répression violente et mettre en œuvre les réformes annoncées qu’ont lancé Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi mardi va peut-être dans ce sens. Même si le chef de l’Etat est resté prudent soulignant qu’il n’est pas facile d’obtenir un mandat du Conseil de sécurité. Et qu’il était en outre exclu d’intervenir en Syrie autrement que sous la bannière de l’ONU, qui semble très divisée».

Le Figaro pointe justement la difficulté d’une intervention militaire  en  Syrie –a laquelle  notre pays serait bien en peine de participer ne serait-ce qu’au vu de la paupérisation de notre outil militaire…- , toujours officiellement en guerre avec Israël depuis l’occupation par Tsahal du plateau du  Golan,  pays frontalier de l’Irak, allié de l’Iran et du Hezbollah libanais, conflit   aux effets potentiellement catastrophiques sur la stabilité de la région.

La mouvance « anti-impérialiste » et « anti-sioniste », les sites communautaires musulmans ont été prompts à voir dans la crise que traverse actuellement la Syrie « la main de Tel Aviv et de Washington », désireux de compenser la «perte » de l’Egypte de leur « allié »  Moubarak  par le renversement du parti  Baas en Syrie.  Des armes seraient même introduites en Syrie à partir du Liban, d’Irak et de Jordanie pour être utilisées contre les forces de l’ordre syriennes dans le but d’enclencher le cycle attaque-répression.

Sur le site  oumma.com, le 21 avril, Gilles Munier a estimé que « les manifestations qui ont lieu en Syrie font le bonheur des dirigeants israéliens. Bien que les contestataires syriens affirment être tous attachés à l’unité de la Syrie, le vieux rêve sioniste de partition du pays  en quatre Etats – sunnite, druze, alaouite, kurde – leur semble à portée de main ».

Un programme ébauché le 5 avril dernier par Shimon Peres, invité  aux Etats-Unis par « le Centre S. Daniel Abraham pour la paix au Moyen-Orient », lequel a  appelé la « Communauté internationale » a soutenir la « transition en Syrie » .

Gilles Munier cite  également d’ un « télégramme diplomatique révélé par WikiLeaks, Saad Hariri – Premier ministre libanais – a demandé aux Etats-Unis, en août 2006, d’isoler le président syrien et de le remplacer par une coalition d’opposants comprenant l’ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam – dont il finance en partie les activités – et les Frères musulmans ».

« D’autres télégrammes, également révélés par WikiLeaks, font état du financement de l’opposition syrienne par le Département d’Etat américain  Parmi les bénéficiaires : le Mouvement pour la justice et le développement, basé à Londres, dont les membres sont décrits comme des « libéraux, islamistes modérés », d’anciens Frères musulmans. Sa chaîne satellitaire Barada TV aurait perçu six millions de dollars depuis 2006. Des fonds sont également versés à des organisations – dites citoyennes – par le Conseil de la démocratie de Los Angeles».

«Au total, le Département d’Etat aurait consacré environ 12 millions de dollars entre 2005 et 2010 à ses programmes de subversion en Syrie. Malgré la nomination d’un ambassadeur à Damas par Barack Obama, des versements se poursuivraient en sous-main ».

Plus prosaïquement, à l’initiative du    Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et du  Portugal, circule ces dernières heures  un projet de condamnation de la répression en Syrie   devant  le Conseil de sécurité des Nations unies…suspendu au droit de véto de la Russie, alliée  de Damas de longue date…

Quitter la version mobile