M. Chevènement a indiqué ainsi qu’il n’est pour lui pas question de faire perdre la gauche. Il précise ainsi la portée de sa candidature, son rôle de ramasse-miettes du PS, en charge de cristalliser les frustrations des républicano-souverainistes de gauche au premier tour …pour les apporter sur un plateau au second au candidat PS éventuellement encore en course
« Les socialistes auraient tort d’avoir peur (de ma candidature), je veux leur bien », a-t-il expliqué. Tout juste a-t-il indiqué, mais pouvait-il faire moins ?, qu’il jugeait « irréaliste » la « vision » de Dominique Strauss-Kahn d’une « Europe comme une nation à construire » et qu’il ne croyait pas que Martine Aubry se présentera pas aux primaires du PS.
Un sondage Ifop commandé par le MRC et… « gentiment proposé au Parisien » relève perfidement Marianne aujourd’hui, semble avoir été l’élément déclencheur (le prétexte ?) à cette entrée en campagne. Dans cette enquête réalisée les 7 et 8 avril dernier, l‘ancien ministre de François Mitterrand serait crédité de 16 % des intentions de vote en 2012 (4% des sondés jugeant « tout à fait probable » et 12% « plutôt probable » de voter pour lui)…
Dans un entretien accordé à Paris-Match le 27 avril, M. Chevènement reste dans le cercle de la bien-pensance –il refuse notamment la fermeture de l’espace Schengen devant l’afflux de clandestins- mais a parfaitement raison quand il relève que « ce ne sont pas les marchés financiers mais les nations et les peuples qui font l’Histoire ». Quel patriote ne serait pas d’accord avec cette affirmation ?
Il fait un constat d’évidence quand il relève que « l’immigration tient principalement à un déséquilibre démographique et aux inégalités de richesses. Notre société souffre : chômage de masse, précarité, paupérisation, dégradation du pouvoir d’achat. On stigmatise l’immigré, mais tous ces phénomènes ont une cause principale, les dérèglements du capitalisme financier ».
Même s’il omet les difficultés particulières générées par l’immigration non européenne, qui ne sont pas toutes explicables par la « crise », M Chevènement met ici ses pas dans les traces d’un FN qui a toujours dénoncé l’immigration, voulue en effet par un certain patronat, mais jamais les immigrés en tant que tels.
Le « patriotisme » de Jean-Pierre Chevènement achoppe cependant sur la question de l’identité française, tant il est vrai qu’il ne suffit pas de réciter le crédo républicain pour être un vrai « national », défenseur de l’identité physique et culturelle de notre pays. Il est révélateur que M. Chevènement évite de se prononcer en faveur d’une inversion des flux migratoires -attendant que ceux-ci se résorbent par la mise au pas des « marchés » ?
Il préfère préconiser une dispersion de l’immigration sur l’ensemble du territoire pour éviter les « ghettos » et faciliter « l’intégration » –il n’ose prononcer le mot d’ « assimilation »-, l’éducation à la « laïcité », « l’apprentissage du français »…alors même qu’il s’agit de la langue parlée par la grande majorité des immigrés maghrébins et des africains vivant en France…
Ce fin connaisseur de notre famille de pensée – le thème de son mémoire à science-po fut « la droite nationaliste face à l’Allemagne »- n’ignore pas à l’instar du député « républicain » Maurice Barrés que la « France éternelle », celle de « la terre et des morts » n’ a pas commencé en 1789 et n’est pas réductible à la Révolution quoi qu’en pensent ses amis « humanistes »…
Pas plus qu’il n’ignore qu’entre la « vision du monde » d’un Dominique Strauss-Kahn pour lequel il appellera à voter si ce dernier se porte candidat et se trouve qualifié pour le second tour, et lui-même, se trouve un véritable gouffre… M Chevènement pourra-t-il justifier son choix « Au nom d’une certaine idée de la République… » ?