Selon le sondage BVA pour RTL paru mardi, aussi bien Martine Aubry que François Hollande l’emporteraient très largement sur Nicolas Sarkozy au second tour, avec respectivement 59% et 62% des suffrages. Dans l’hypothèse d’un grand nombre de candidatures émanant du marigot centriste (Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin et François Bayrou), la première secrétaire du PS recueillerait 24% (le député de Corrèze 27%) au premier tour, contre 22% à Nicolas Sarkozy et 17% à Marine Le Pen.
Dans le cas ou l’Elysée parviendrait à bloquer les velléités de campagne de MM Borloo et Villepin, c’est-à-dire avec le seul François Bayrou en lice pour capter les voix du centre, les scores, au premier comme au second tour, seraient quasiment identiques, la présidente du FN étant cependant créditée de deux points supplémentaires avec 19% des suffrages.
Rappelons cependant que la position d’outsider n’est pas la plus inconfortable pour le FN, qui a très souvent créé la surprise dans cette configuration, et que ce n’est pas toujours un avantage pour un candidat d’être trop haut dans les intentions de vote 10 mois avant le scrutin…
Céline Bracq, directrice adjointe de BVA opinion,réagissant à ce résultat sur le site du explique au Post explique que « C’est une surprise que l’affaire DSK (ne maintienne pas Marine Le Pen) à 20 % ». « À très court terme, son discours offensif sur la thématique des mœurs ne produit pas les effets escomptés. Mais cela pourra peut-être payer à moyen terme ».
« Cette stagnation de Marine Le Pen dans les sondages est plus due au changement de stratégie de Nicolas Sarkozy qu’à l’affaire DSK » estime-t-elle encore : « Depuis le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, en juillet 2010, on constate qu’à chaque fois que la majorité vient sur le terrain du FN en parlant de sécurité et d’immigration, Nicolas Sarkozy perd des électeurs au profit de Marine Le Pen. Inversement, depuis près d’un mois, le Président se repositionne et parle beaucoup plus des sujets économiques et sociaux (pouvoir d’achat, chômage…) ».
Résultat pour Nicolas Sarkozy : « Ce changement stratégique lui permet de récupérer une partie de son électorat qui était passé au FN. Cela n’est pas encore massif mais on constate qu’ilregagne des voix chez les personnes âgées par exemple ».
Une analyse un brin audacieuse car si les personnes âgées ont toujours été un segment électoral votant sensiblement moins que la moyenne pour le FN, celle-ci surtout n’est pas vraiment corroborée par les enquêtes que nous avons relayé sur ce blog, démontrant que Marine le Pen progresse dans de nombreuses catégories socioprofessionnelles.
Dernier exemple en date le baromètre Terre-net/BVA qui vient d’être publié, dans lequel la présidente du
FN recueille 36 % de « bonnes opinions » chez les agriculteurs en avril, faisant désormais jeu
égal avec Nicolas Sarkozy et François Bayrou.