« Selon les estimations des experts, les prix de la nourriture devraient augmenter de 70 à 90% en termes réels d’ici 2030, et ceci sans même prendre en compte l’éventuel effet du changement climatique, qui pourrait à nouveau doubler les prix.
Les prix du maïs ont d’ailleurs plus que doublé au cours des 12 derniers mois, la production mondiale étant incapable de suivre le rythme de la demande record, lié notamment à la croissance de l’industrie de l’éthanol aux Etats-Unis. »
Face à cette situation, l’ONG Oxfam appelle à limiter la spéculation dans les marchés agricoles et s’oppose fermement à l’utilisation de la nourriture comme matière première pour la production de biocarburants.
Une spéculation que nous évoquions dernièrement sur ce blog, citant le conclusions d’une enquête d’une autre ONG, World Development Movement (WDM) – selon, lesquelles « les banques (notamment Goldman Sachs, Morgan Stanley et Barclays) ont appauvri et plongé dans la famine des millions de personnes dans les pays en voie de développement .»
« La spéculation sur les denrées alimentaires existe certes depuis le début du 20e siècle, mais elle n’a atteint des niveaux dangereux qu’à l’aube de la crise alimentaire de 2008. En 2003, elle était en effet de l’ordre de 3 milliards de dollars par an… contre 55 milliards en 2008, 2011 devrait constituer une nouvelle année record (…). Le montant des opérations spéculatives sur les marchés des matières premières (denrée alimentaires, énergie, métaux) devrait atteindre 400 milliards de dollars cette année, contre 300 milliards en 2008, selon l’ONU. »
Un appétit des banques d’investissement pour les denrées alimentaires qui s’est développé après l’éclatement de la bulle spéculative des subprimes était-il encore expliqué.
Quant au développement des biocarburants , il est en effet tout sauf une solution d’avenir sur le plan environnemental au-delà même du détournement des productions agricoles à des fins qui ne sont plus alimentaires. L’alternative est simple : rouler ou manger. Si notre pays voulait assurer sa consommation uniquement grâce aux biocarburants, il faudrait pour cela une fois et demi la totalité des surfaces cultivables en France.
L’ étude britannique, publiée le 17 août 2007 par la revue Science , qui s’est livrée à une simulation sur 30 ans, est très parlante. Celle-ci révèle que les biocarburants ne permettent pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et qu’il s’agirait plutôt de préserver et de développer les forêts (menacées elles aussi par l’explosion démographique des pays du sud), au lieu de les transformer en surfaces agricoles pour produire de l’E85 ou du Biodiesel.
Sur cette durée, l’utilisation des « agrocarburants » émettrait jusqu’à neuf fois plus de CO2 que nos carburants fossiles traditionnels. Car les forêts qui assimilent le carbone lors du processus de photosynthèse, sont détruites au profit de la betterave et du colza qui en assimilent beaucoup moins.
Quant à la production de ces biocarburants, elle est responsable de nombreux rejets polluants. Selon une étude américaine, l’énergie dépensée par le processus de fabrication du bioéthanol est de 29% supérieure à l’énergie contenue dans ce bioéthanol.