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Bruno Gollnisch : quelques réflexions sur « le viol conjugal »

On vit décidément une époque épatante, comme le dit mon ami Sanders. L’autre jour, en prenant mon petit déjeuner, jetant sur la télévision  un regard distrait, j’apprends qu’une nouvelle et grande campagne « de sensibilisation » (comme ils disent) va être lancée. Le thème : le viol conjugal (contre le viol conjugal, je veux dire…). Il paraît que c’est un problème majeur. Tu savais ça Germaine ?  En avant-première, nous avons droit au « clip » de ladite campagne. Une dame ( ?) avec une voix d’homme nous débite quelques salades sur le sujet. Le but du « clip » est naturellement d’expliquer que le viol conjugal c’est très mal. Quand on voit la dame en question, d’un abord à rendre
impuissant le célèbre érotomane Rocco Siffredi, on se dit cependant qu’elle, au moins, doit être immunisée contre ce risque
.

A la clef, naturellement, le tralala habituel : le numéro de téléphone de dénonciation à la Kommandantur du conjoint (jamais ce mot ne m’a semblé plus approprié) trop empressé, les associations féminines (?), certainement subventionnées qui se chargeront d’aider la malheureuse victime à envoyer son bourreau de mari en Cour d’Assises, etc.

Cour d’assises, en effet ! Quand je faisais mon droit, il n’y avait pas de viol entre époux (ni de vol, d’ailleurs). On en était resté à la sagesse traditionnelle selon laquelle le mariage comportait en principe, comme l’avait déclaré un sociologue, une exclusivité donnée par chaque époux à l’autre sur son corps. Quant à l’épouse dont le mari se montrait brutal ou tout simplement la rebutait, libre à elle d’y mettre fin en demandant la séparation de corps voire le divorce.

C’était trop simple. Ces temps d’obscurantisme sont terminés. L’esprit est venu à mes collègues de l’Assemblée Nationale, et ils ont voté une loi admirable en vertu de laquelle le viol conjugal est non seulement désormais une infraction pénale, mais un crime. Et, qui plus est, un crime aggravé ! Autrement dit, il est beaucoup plus grave (et plus lourdement condamné) pour un homme de « violer » sa femme dans le lit conjugal où elle est entrée volontairement que de violer  la femme d’un autre, inconnue agressée dans un parking ou un chemin sombre. On croit rêver…

Cette législation imbécile (une de plus) sera naturellement l’occasion de toutes les procédures abusives. Un éminent magistrat pénaliste de mes amis me disait que déjà certaines femmes, à l’occasion d’un divorce conflictuel, par vengeance, ou pour priver le père de la garde ou de la visite de ses enfants, ne craignaient pas d’accuser abusivement leur ex-mari  de pratiques pédophiles ou incestueuses. Désormais, l’épouse vindicative détiendra l’arme absolue pour envoyer en prison le mari dont elle veut se venger : « tel jour, il m’a violée ».

Epoux volages, pingres, désagréables ou trop entreprenants, prenez garde à vous ! Une simple dénonciation peut vous transformer en vulgaires Strauss-Kahn, vous conduire à la ruine, à la dégradation civique, et à de nombreuses années dans les geôles de la République…

Comme par hypothèse, et sauf exceptions, l’intimité conjugale se déroule normalement sans témoins, inutile de dire qu’il n’y a pas de limite à la dénonciation calomnieuse : c’est parole contre parole ; on peut donc dire tout et n’importe quoi.

On se demande comment de telles âneries ont pu trouver une majorité pour être adoptées successivement par deux cénacles : l’Assemblée Nationale et le Sénat, où pourtant ne siègent pas que des crétins. Mais les parlementaires font-ils encore attention aux lois qu’ils votent ?

C’est surtout qu’il y a une puissance devant laquelle toute intelligence, tout discernement, doit disparaître : la mode, les modes intellectuelles et (im)morales. En l’occurrence, l’action des lobbies féministes constitue l’un de ces courants contre lequel il est téméraire de s’inscrire. Un courant pour lequel est bon tout ce qui concourt à discréditer l’image de ce que Mme Lauvergeon, présidente d’AREVA, appelait « le mâle blanc ».

Haro sur le mâle en effet, surtout s’il est occidental, et, pire encore, tenant de quelque élément de tradition politique, patriotique ou religieuse ! Et des assemblées majoritairement masculines, mais imprégnées de mauvaise conscience, sont prêtes à tout pour se dédouaner de la suspicion que leur composition fait peser sur elles. Quiconque ne va pas dans le sens de ce courant dominant s’expose, comme votre serviteur, à se voir coller les pires étiquettes : hétérosexuel, macho, et même : réactionnaire ! Nous ne sommes pas nombreux à affronter fièrement de tels opprobres !

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