Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

Une conviction: les mensonges européistes profiteront aux « populistes »

Sur le  plateau de  France 2 hier soir, les personnes chargées de porter la contradiction à Marine Le Pen ont tous laissé entendre que la dénonciation par le FN de l’Europe de Bruxelles et les solutions avancées pour sortir de cette impasse mortifère n’étaient pas crédibles. Pourtant les critiques formulées par la présidente du FN, Bruno Gollnisch ou les autres dirigeants frontistes sur ces questions sont validées par de nombreux économistes, même quand ils se défendent de tout lien avec l’opposition nationale. Le 10 juin, l’économiste Jean-Jacques Rosa, qui recommande une dévaluation de la monnaie unique et un retour au franc, notait qu’ « avec des inflations plus élevées que la nôtre – et surtout que l’allemande -, une compétitivité fortement dégradée, des problèmes aigus de dette, certains de ces pays vont sortir très probablement de la zone euro. Je pense à la Grèce, mais aussi au Portugal, à l’Irlande, et peut-être même l’Espagne. »

« Pour les Grecs, poursuivait-il,  le pire est le problème du renouvellement de la dette qui arrive à terme. Il leur faudra réemprunter beaucoup entre 2012 et 2014. On multiplie donc les plans de prétendu sauvetage, alors qu’en vérité on alourdit encore leur dette en pourcentage du revenu national. Et les plans d’austérité contractent davantage l’activité économique, si bien que le rapport de la dette à la capacité de remboursement augmente au lieu de se réduire. Chaque prêt aggrave leur problème. D’où les réactions de rue à Athènes ou à Madrid. Pour s’en sortir, ils ne pourront que renoncer à rembourser une partie de la dette et dévaluer, c’est-à-dire sortir de l’euro. »

« Seuls les pays les moins pénalisés par la monnaie forte pourraient rester dans l’euro: l’Allemagne et ses voisins, les Pays-Bas, l’Autriche. Si les moins bons débiteurs sortent, les marchés internationaux auront davantage confiance dans la monnaie unique. Je doute alors que l’on puisse obtenir une dévaluation importante de l’euro, comme je le souhaite. Or, à supposer que l’euro monte encore, la France devrait alors recourir à une dévaluation majeure qui augmenterait beaucoup sa dette externe. D’où la nécessité d’envisager une rapide sortie. Entre 2012 et 2014, nous allons vivre une phase critique. Si les pays du Sud sortent de la zone euro avant la France, ce sera mauvais pour nous. »

« La guerre de sécession (européenne)  a  commencé » pronostique M. Rosa ;  « Elle n’oppose pas uniquement des Etats entre eux, mais des populations soucieuses de leur niveau de vie, d’une part, et des Trésors publics, grandes banques et grandes entreprises, d’autre part, qui entendent défendre jusqu’au bout leur avantage d’emprunteurs et leurs cartels intra-européens. Cette guerre ne s’arrêtera qu’avec la dissolution de l’euro. Catastrophe économique oblige : le mouvement est amorcé.»

Un autre économiste  « eurosceptique », Jacques Sapir, commentant le sondage évoqué par nous cette semaine sur la perception négative de la mondialisation par les Français, leur souhait de mesures protectionnistes pour contrecarrer les ravages du libre-échangisme,  relève que cette exigence  « transcende les partis et les positions sociales. » Il pointe « la divergence entre les positions politiques affirmées du PS et de l’UMP et le positionnement de leurs électeurs. »

« Il y a  une contradiction évidente entre l’électorat et les principaux partis (PS et UMP) sur la question européenne. Par contre, le Front de Gauche et le Front National apparaissent comme bien plus en cohérence avec leurs électeurs. N’en doutons pas : si un référendum devait être organisé demain sur une telle question, il aboutirait au même désaveu de la classe politique, et des grands médias, que celui de 2005. »

« On constate donc qu’aujourd’hui, tant la pratique des uns que le discours des autres sont à l’opposé de ce que réclament les Français. »

« Une telle divergence est suicidaire affirme-t-il. Elle l’est pour chacun de ces partis qui prend le risque de passer à côté d’un thème majeur de la future campagne électorale, et ainsi de favoriser les partis qui, eux, sont beaucoup plus en phase avec l’opinion des Français, et en particulier le Front de Gauche et le Front National. Mais, cette divergence est aussi, et même avant tout, suicidaire pour la classe politique et pour la démocratie. Elle contribue à asseoir dans l’opinion l’idée que la classe politique, du moins pour ce qui concerne les  grands partis a des intérêts et des préoccupations radicalement différents de ceux de la population. La vague populiste qui monte dans notre pays comme dans de nombreux pays d’Europe y trouvera certainement un aliment important, et peut-être même décisif dans les mois qui viennent. »

Le bon sens voudrait donc que les  grands partis se saisissent sérieusement d’une question qui  transcende les partis et les positions sociales. Des réponses fortes et positives doivent y être apportées d’urgence, et l’on ne pourra plus s’abriter derrière l’argument d’une inaction européenne pour justifier sa propre inaction. »

« À défaut, il faut s’attendre à une montée en puissance des partis qui, eux, auront compris l’importance de la question du libre-échange et de la mondialisation. Il sera trop tard, au soir d’une élection, de venir le regretter » estime M. Sapir. A méditer par tout ceux qui estiment que la présidentielle de 2012 se jouera fatalement  entre les deux candidats des deux principales formations européistes…

Quitter la version mobile