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Rendre la France aux Français, tout simplement !

Interrogé par L’express.fr  le 19 juillet, le spécialiste es « extrême droite » Jean-Yves Camus, a estimé implicitement que  l’émergence  de courants politiques attachés à la préservation des identités nationales sur notre continent, sera tout sauf un feu de paille.  « La crise économique n’explique pas la totalité du trouble identitaire qui secoue aujourd’hui l’Europe note-t-il. La rapidité avec laquelle la mondialisation transforme nos repères, l’instantanéité avec laquelle les images du monde globalisé nous parviennent, la peur de la mondialisation comme indifférenciation entraîne une partie des Européens vers une mythification du passé. Et vers l’idée que la communauté nationale fait de moins en moins sens, que seul l’ancrage dans une tribu urbaine, ethnique ou culturelle peut contrebalancer le bouleversement civilisationnel »

 M. Camus était aussi  invité à donner le fruit de  ses réflexions sur la « relance » par l’UMP du thème de l’identité. Et ce  à la lumière de la récente affaire Eva Joly, attaquée sur sa bi nationalité, rendue en partie implicitement responsable de ses propos sur le 14 juillet,  qui ont heurté la plupart des Français mais qui avaient avant tout pour but de séduire la niche électorale dont elle est  la représentante.

 « La question de la binationalité travaille la droite ces derniers temps » constate M. Camus et « en s’en prenant à Eva Joly (…)  la droite adopte un double discours. Rappelons-nous qu’en 2004, l’UMP n’avait pas rechigné à investir le pilote finlandais Ari Vatanen pour représenter la France au parlement européen. Un an plus tôt, la France avait également nommé Salomé Zourabichvili, ambassadrice de France en Géorgie en 2003. Un poste qu’elle a quitté pour devenir ministre des Affaires étrangères de la Géorgie quelques mois plus tard… Enfin aujourd’hui, retirerait-on sa nationalité française à l’otage franco-israélien du Hamas, Guilad Shalit, dont le sort préoccupe à juste titre le président dela République. »

 Jean-Yves Camus relève justement que le discours martial promulgué par l’entourage de Nicolas Sarkozy, jugé électoralement nécessaire,    sur la  réduction  des flux migratoires, la défense de l’identité française et la revalorisation de l’acquisition de la nationalité française…n’est que du vent.  « Sur l’immigration, note-t-il  la droite n’a jamais pu aller au-delà des déclarations de principe: la France est liée par des traités internationaux et par son appartenance à l’Union européenne. L’UMP sait en outre que les milieux économiques et patronaux ne sont pas favorables à une restriction de l’immigration, encore moins à son arrêt. » 

 « Elle est face au même problème de cohérence lorsqu’elle s’attaque au thème de l’identité nationale. En effet chacun comprend quand la droite dit ce qu’il ne faut pas être si l’on veut devenir Français: ne pas être un fondamentaliste musulman, un polygame, un individu refusant l’intégration… »

 « Mais la frange la plus droitière de l’électorat veut bien plus croit-il savoir : elle souhaite que certaines catégories d’étrangers, en raison de leur identité même, ne puisse plus devenir français. Selon eux, la nationalité ne doit plus s’acquérir par un acte de volonté mais seulement par la transmission . Or, pour aboutir à cela, il faudrait une révolution juridique qui constituerait une rupture majeure du pacte démocratique. L’UMP ne prendra pas ce risque mais elle ne peut pas le dire à ses électeurs droitiers. Pas plus qu’elle ne peut dire l’inverse aux centristes. »

 Il constate au final  que la droite risque au «  de se trouver écartelée davantage entre les partisans du modèle républicain de citoyenneté, issu de l’universalisme des Lumières, et la minorité qui reviendrait bien dessus, sans pour autant pouvoir donner une définition autre qu’exclusive de l’appartenance nationale. Résultat: une partie de ses électeurs peut envisager le choix du FN car elle estime que Marine Le Pen est la seule à tirer les conclusions politiques de sa vision de l’identité ».

 Signalons tout de même à M.  Camus que le principe général du droit de la filiation  en lieu et place du droit du sol, souhaité par le FN et certainement une majorité de français, n’interdit pas l’obtention de la nationalité française par le mérite. Et que les pays qui appliquent  le droit de la filiation ne sont pas  forcément d’odieuses dictatures ayant rompu avec  le « pacte démocratique » (sic), de même que   celles appliquant le droit du sol ne sont pas exemptes de tout reproche…

 Sur un mode plus fantasmagorique et involontairement comique, notre spécialiste explique  que  «  le Front national   a embrayé sur le refus de la double nationalité parce que les Franco-Maghrébins sont son obsession ( ?). Mais les attaques du FN contre la binationalité franco-norvégienne d’Eva Joly sont le signe d’une rupture idéologique. Pour toute une génération de militants nationalistes, les pays nordiques ont longtemps constitué un archétype positif. »

 Les yeux bleus de Mme Joly interdiraient donc aux frontistes toutes critiques sur la binationalité ? Il faut croire que oui selon la grille de lecture de M Camus qui affirme pour preuve que « toute une génération de cadres du FN, influencée par les théories néo-droitières sur les racines nordiques de la civilisation européenne, a doté ses enfants de prénoms germaniques ou scandinaves et lu les ouvrages de Jean Mabire, de Pierre Vial et de Dominique Venner. »

 «Dans les années 90 se souvient  M Camus,  l’ancien conseiller régional FN Emmanuel Leroy écrivait dans une série de livres intitulée Contes d’Europe, aux couvertures explicitement nordicistes (sic) . Désormais, il explique aux militants frontistes que la stratégie de la supranationalité européenne élaborée par les milieux néo-droitiers est à tout le moins un échec et en tout cas une impasse. C’est une évolution du FN mariniste qui est en porte-à-faux avec cette idée présente chez beaucoup de militants d’extrême-droite selon laquelle le monde se divise entre les Européens (pas les occidentaux) et les autres. »

 Au risque de heurter cette vision assez pauvrette et caricaturale assenée ici aux lecteurs de l’Express.fr, soulignons plus justement que le monde se divise surtout entre ceux qui ont pris l’exacte mesure de la nécessité de défendre les identités et les souverainetés nationales, quelles que soient  leurs origines ethniques et religieuses, et les autres. La menace du totalitarisme aujourd’hui émane bien  plus surement des cénacles mondialistes et de leurs relais jouant le rôle d’ idiots utiles, que des « nationalistes ».

 Plus ou moins fermement et  consciemment, sur tous les continents,  la plupart des peuples  refusent l’avenir tracé par leurs « élites occidentalisées » acquises aux idéaux du « cosmopolitisme intégral »,  ceux  d’un monde sans frontières,  sans repères,  peuplé de nomades déracinés, d’homoncules réduits  à leur identité de consommateurs interchangeables. Face à  la secte mondialiste, les hommes et les femmes  qui refusent le monde gris et sans âme des marchands sont unis par un lien invisible et par une exigence formulée en son temps par Jean-Marie Le Pen : « nationalistes de tous les pays, unissez-vous ».

 Un souhait  qui  recoupe  le combat historique du FN, qui n’a  jamais été aussi moderne et autant d’actualité constate Bruno Gollnisch,   visant tout simplement   à rendre la France aux Français.

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