Une crainte bien réelle au sein de l’Etablissement. Candidat un peu atypique à la primaire socialiste, Manuel Valls, lors de son tout récent chat avec les lecteurs du site du Monde, s’est ainsi déclaré favorable à un large rassemblement politique en 2012 qui pourrait comprendre Dominique de Villepin, François Bayrou ou Corinne Lepage. Une volonté d’alliance que M. Valls justifie par l’attentat d’Oslo et la tuerie de l’île d’Utoeya. Un carnage dont la France n’est pas à l’abri explique-t-il à cause de «discours d’exclusion, de désignation d’un ennemi intérieur», véhiculés par «les droites dures, les populismes…»
Manuel Valls qui se voulait un homme de gauche lucide, prenant en compte les difficultés posées par l’insécurité, voire l’immigration, en est donc réduit aujourd’hui à débiter un discours basiquement anti-frontiste visant à effrayer le bourgeois. L’universitaire Nicolas Lebourg, cité plus haut, estime pourtant de son côté que « la fonction pacificatrice du FN évoqué par Bruno Gollnisch » -voir son entretien accordé à L’Express relayé sur ce blog le 26 juillet- est « quelque chose d’assez vrai »…
Le site de L’Express rapporte encore que le conseiller de la présidente du FN et membre de Bureau Politique Laurent Ozon, « déterminé à répliquer aux attaques qu’il a subies », « a acheté des encarts publicitaires sur Facebook afin de faire la promotion de sa page personnelle ». Sur son blog il écrit que « l’anarchie migratoire que nous supportons et que supportent de nombreux pays européens (mais aussi d’autres comme le Maroc) est un facteur de déstabilisation massive. (…) Cette déstabilisation provoque des tensions intercommunautaires et une augmentation rapide des violences sociales dans tous les pays qui la subissent.»
Une analyse portée depuis toujours par le FN, corroborée par les faits, l’histoire et l’actualité. Comme l’affirmait Bruno Gollnisch sur France 24 avant-hier, sans même préjuger de sa santé mentale d’Anders Behring Breivik, il est évident que « le multiculturalisme imposé est facteur de violence ». Interrogé sur les propos de Laurent Ozon, Bruno Gollnisch a relevé qu’il s’agissait d’un simple constat, et a rappelé son attachement à la liberté de discussion, d’expression.
Présent sur ce même plateau de France 24, le journaliste Gauthier Rybinski, a évoqué également les tentatives, plutôt malheureuses ces derniers temps, de Nicolas Sarkozy « d’assécher l’électorat du FN », via ses discours, ceux de certains de ses ministres, le courant de l’UMP destiné à coller au discours frontiste, la Droite Populaire.
Le discours repris ces derniers mois par l’entourage de l’Elysée sur les dangers du multiculturalisme, –Angela Merkel avait ouvert la voie la première en Allemagne…- ne fait pas pour autant l’unanimité au sein de l’UMP. Notamment chez le député-maire de Nice, Christian Estrosi, qui a annoncé le 25 juillet qu’il organisera le 11 septembre dans sa ville un grand meeting. Il veut faire de celui-ci une démonstration de force en rameutant espère-t-il au moins 3000 personnes, destiné à parasiter médiatiquement les Journées d’été de Marine Le Pen, prévues à Nice au même moment.
M. Estrosi ne s’est pas fait seulement connaître des Français pour avoir, en janvier 2008, il était alors secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, loué aux frais des contribuables à la société Dassault un jet privé pour se rendre à Washington (coût de la facture 138 000 euros), plutôt que d’utiliser un vol régulier Air France.
Nous l’évoquions le 2 mars sur ce blog, Christian Estrosi est aussi du nombre des opposants à la stratégie de « frontisation » (apparente) de l’UMP , de dénonciation des dangers d’un « multiculturalisme » mal maîtrisé, comme François Fillon, Dominique Paillé, Bernard Accoyer ou Alain Juppé pour ne citer qu’eux.
Certes, L’Express rapporte que comme un autre néo anti-frontiste de choc, Jean-Louis Borloo, Christian Estrosi fut partisan en son temps d’accords électoraux locaux avec le FN : « En mars 1998, le futur ministre de l’Industrie de Nicolas Sarkozy plaidait pourtant pour une alliance entre le RPR et le FN en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’ancien maire frontiste de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, raconte: Christian Estrosi avait participé aux négociations et aurait été mon vice-président en cas d’entente. Mais Jean-Marie Le Pen a finalement rejeté les conditions de la droite et l’accord a capoté. »
Gageons que M. Estrosi évitera tout autant de s’étendre sur le sujet lors de son meeting anti-FN du 11 septembre que sur celui-ci de la forte hausse du chômage annoncée hier…