Ce même institut CSA indique encore qu’une assez nette majorité de Français (53%) ne veut pas que Dominique Strauss Kahn participe au débat politique dans les prochains mois. Une majorité relative (47%) se dégage également chez les sympathisants de gauche en faveur d’une retraite politique du mari d’Anne Sinclair. Seulement 19% des Français souhaitent toutefois que « l’érotomane » DSK –voir le communiqué de Bruno Gollnisch– prenne position en faveur d’un des candidats déclarés à la présidentielle et 22% des sondés aimeraient qu’il se présente aux primaires. Le biographe de l’ex directeur du FMI et ami du couple Strauss-Kahn, Michel Taubman, veut croire que ce sondage « a une valeur relative. » « Il faut laisser à l’opinion le temps de digérer la décision de la justice. Le moment clé, c’est quand DSK s’expliquera sur l’affaire. Il est alors possible que les Français changent d’avis.»
Il est à craindre que Michel Taubman, à l’instar des proches de DSK et plus largement de beaucoup de ténors de gauche, n’ait pas bien saisi la psychologie des Français et la conception qui est la leur d’un chef d’Etat.
Non, un président de la République n’est pas dans l’esprit de nos compatriotes, un Français lambda. Au-delà même de l’affaire Diallo, il est clair que la mise en pleine lumière des penchants et frasques de DSK ne correspondent définitivement pas à l’image que se font les électeurs d’un Président de la République, oint du suffrage universel mais toujours auréolé d’une aura particulière, héritée de notre longue tradition monarchique.
Nos compatriotes ne veulent pas plus d’un politicien dont les « pulsions » sont tombées dans le domaine public, aussi intellectuellement brillant soit-il, que d’un candidat se présentant sous l’uniforme de « Monsieur tout le monde », d’un « homme ordinaire », l’erreur de François Hollande peut être lors de son entrée en campagne.
Si le chef de l’Etat est décidé aujourd’hui à prendre un peu de hauteur, c’est cette dimension particulière de la fonction de Président que Nicolas Sarkozy n’a pas compris au début de son quinquennat bling bling et pipole.
En mai dernier, dans Le choc du Mois, l’éditorialiste François Bousquet relevait très justement que la vraie rupture sarkozyste a consisté en la « désacralisation du pouvoir. » Des deux dimensions de la politique, la sacrée et la profane, Sarkozy a écarté d’emblée la première. C’est son crime de lèse majesté. Plus rien en lui ne relève de l’éminence monarchique. Dans Les deux corps du Roi, l’historien Ernst Kantorowicz avait montré en quoi le monarque médiéval possédait un double corps : le corps naturel, et le corps surnaturel, celui qui incarne le principe dynastique et ne meurt pas. Sarkozy a mis fin à tout cela (…) le 22 avril 2012 prophétise M Bousquet, les électeurs « vont voter sans pitié la mort du bouffon devenu roi le temps d’un mandat. »
Encore faudrait-il que les Français soient suffisamment lucides pour ne pas donner les clés du pouvoir aux cogérants de gauche de ce triste cheminement vers la décadence.