Fort « heureusement », la responsabilité de la mort de celui que le gouvernement français avait invité à planter sa tente en 2007 à Paris et pour lequel le locataire de l’Elysée avait déroulé le tapis rouge, n’incombera pas directement aux forces de l’Otan. Ce sont les « combattants de la liberté » libyens, selon une « source haut placée du CNT » qui l’auraient capturé vivant «et alors qu’il allait être transporté, l’ont tabassé et ensuite l’ont tué». Le CNT prévoit de l’inhumer discrètement dans un lieu tenu secret.
Si le président vénézuélien, Hugo Chavez, bien isolé, a regretté la mort en «martyr» d’un «grand combattant» -qui rejoint dans la mort quatre de ses enfants et quatre de ses petits-enfants tués par les bombes de l’Otan ou les balles des rebelles-, Barack Obama, David Cameron, Nicolas Sarkozy et ses ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et Bernard-Henry Lévy, l’Irak, l’Egypte, la Ligue arabe se sont réjouis de la liquidation de l’autocrate libyen. Même satisfaction, sur un mode beaucoup plus discret, des grandes compagnies pétrolières anglo-saxonnes, française, italienne auxquelles le CNT a beaucoup promis…En 2007, Kadhafi avait fait miroiter plus largement à Nicolas Sarkozy la signature au profit de groupes français de contrats d’ un montant total de 18 milliards d’euro qui ne furent jamais finalisés. Certainement un mauvais calcul du colonel…
C’est bien évidemment maintenant que les affaires sérieuses commencent, ce dont l’Otan a pleinement conscience. Dans un communiqué, l’Alliance atlantique a appelé les vainqueurs à la « retenue ». Une « retenue », et Bruno Gollnisch ne l’oublie pas non plus, que Kadhafi n’avait pas eu à l’égard de la France, lui qui fut le commanditaire en 1989 de l’attentat du vol 772 d’UTA qui coûta la vie à 55 de nos compatriotes, sur fond de conflit opposant alors notre pays à la Libye au Tchad.
Comme nous le relevions dernièrement, ce qui menace désormais la Libye, les pays limitrophes, et au-delà les intérêts et la sécurité des Français et des européens, c’est une libanisation de ce pays divisé en zones tribales et dont l’unité de façade ne fut maintenue que par la dictature kadhafiste. Le pari porte sur la capacité des interlocuteurs « laïques et modérés » des occidentaux à s’imposer face aux islamistes radicaux qui ont été une des composantes principales de l’insurrection.
Islamistes vers lesquels se tournent aussi tous les regards en Tunisie à l’occasion des élections de dimanche prochain et dans lesquelles 101 « partis » et quelques 1400 listes sont en lice. Mais comme le relève Daoudal Hebdo, le seul parti qui est « organisé depuis longtemps et qui (a) des ramifications dans tout le pays » est le parti religieux Ennahda, dirigé par le « guide » Rached Ghannouchi. Un Mouvement qui « vient seulement de repeindre sa façade aux couleurs de la démocratie, mais c’est une seule couche, qui n’arrive pas à recouvrir vraiment le totalitarisme d’un parti qui veut simplement et logiquement établir la charia. »
Scrutin qui se déroulera aussi en France, « divisée en deux circonscriptions tunisiennes, puisqu’il y a autour de 600 000 Tunisiens (sur notre sol), qui doivent élire 10 des députés de la Constituante. » « La campagne s’est donc déroulée aussi chez nous. Quatre représentants de partis tunisiens sont venus à Montreuil, le 15 octobre, pour présenter leur programme » à l’Espace Paris Est Montreuil . Selon le quotidien Le Monde est-il rapporté, le cheikh Rached Ghannouchi, « est venu, a discouru, a convaincu », et « a volé la vedette à tous ses compatriotes et concurrents ». A cheval sur les « principes », M. Ghanouchi a d’ailleurs dénoncé à cette occasion la provocation à laquelle s’est livrée Nessma TV , qui a eu le front de diffuser le film « Persépolis » dans lequel apparaît le visage d’Allah, ce qui a valu à cette chaîne privée d’être attaquée le 9 octobre à Tunis par 200 « barbus »…
Le site de Marianne rapporte de son côté les propos parus dans la presse arabe de Rached Ghannouchi qui « a peur qu’on lui vole son triomphe » et annonce qu’en cas de défaite électorale il fera « descendre ses troupes dans la rue, qu’il refera la révolution, fera chuter un, deux, dix gouvernements. » « En somme, ou bien les électeurs lui offrent la souveraineté sur un plateau ou bien il mettra le pays à feu et à sang ».
Il est d’ailleurs fait état de la crainte de certains Tunisiens de voir leur pays sombrer dans la guerre civile comme l’Algérie après la victoire électorale du Front Islamique du Salut (FIS) en 1991. « Processus démocratique » qui fut annulé par la junte FLN au pouvoir, avec l’appui implicite des occidentaux… et les résultats que l’on sait.