Autre cause « d’émotion » des médias français, la rencontre hier de Marine Le Pen lors d’un déjeuner en présence de quatre autres diplomates, avec l’ambassadeur israélien Ron Prosor. « Nous apprécions la diversité d’opinions », « nous avons parlé de l’Europe et d’autres questions, et j’ai beaucoup apprécié la conversation », a déclaré ce dernier à l’issue de cette conversation avec la présidente du FN. Propos mesurés et aimables que la porte-parole de la mission israélienne, Karean Peretza, a tenu à relativiser en expliquant ( ?) mystérieusement que « l’ambassadeur était là-bas en raison d’un malentendu» (sic).
Marine Le Pen a déclaré à la presse qu’elle serait prête à se rendre dans l’Etat hébreu, si elle y était invitée officiellement par le gouvernement israélien. L’Afp précise encore qu’elle espérait que « la page du détail était tournée ». « Ce malentendu a duré des années et a servi de base à une caricature qui a nui à notre mouvement ». « Je crois que ça lève une accusation (…) instrumentalisée par nos adversaires politiques pour tenter de nous écarter du pouvoir. » « Il est légitime qu’un grand parti comme le nôtre puisse avoir avec l’ensemble des représentants des nations des relations qui soient apaisées et normalisées ».
Une vision qui n’est pas celle des officines gravitant dans l’orbite du PS, comme l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) dirigée par Arielle Schwab, qui, dans un communiqué publié aujourd’hui, assène que la phrase de Jean-Marie Le Pen était un « très-bien-entendu ». « Marine Le Pen tente au contraire d’utiliser des causes et des symboles pour obtenir un blanc-seing. »
L’UEJF est logiquement ici dans son rôle de groupe de pression, officine qui avait organisé lors des élections cantonales une très maigrelette manifestation le 14 mars invitant « les juifs » à ne pas voter FN. Nous évoquions pareillement la délirante réunion qui s’était tenue à la mairie de 3e arrondissement de Paris associant l’UEJF, le CRIF, le Consistoire, le FSJU (Fonds social juif unifié), au cours de laquelle le journaliste Claude Askolovitch, plus vrai que nature, déclarait sans sourciller :« nous sommes un élément décisif en matière de validation électorale », « il ne faut pas casheriser (réhabiliter) Marine Le Pen. »
Certes, la branche sarkozyste des auto-proclamés représentants des juifs de France n’est pas en reste. Nicole Guedj, présidente de la Fondation France-Israël, indiquait aussi : « Je ne cesse de me battre pour dire qu’il n’y a pas UNE voix juive. Mais aujourd’hui il s’agit d’une somme de consciences (sic) qui doivent se porter en une voix pour faire barrage au Front National. »
Quelques jours avant le premier tour des cantonales, la Licra de Me Jakubowicz et le CRIF de Richard Prasquier avaient ordonné aux partis de l’Etablissement de donner des consignes de vote contre les candidats nationaux. Ils avaient aussi signé conjointement une tribune parue dans le Monde le 18 mars dans laquelle ils se félicitaient du refus d’inviter Marine Le Pen sur l’antenne de Radio J et attaquaient de manière assez infâme la présidente du FN et Bruno Gollnisch.
Certes, le FN ne confond pas, pas plus aujourd’hui qu’hier, les structures parlant au nom des Français d’origine ou de confession juive, qu’il ne donne un quelconque crédit moral aux partis de l’établissement.
Cette fébrilité aussi pathétique qu’haineuse prouve en tout cas à quel point les officines en question sont déconnectées du réel et des préoccupations des Français. Ce n’est pas du « grand méchant loup » FN, des histoires à dormir debout colportées à son sujet dont les Français ont peur. Non, ce qui angoisse nos compatriotes c’est l’incapacité des amis au pouvoir du CRIF et de l’UEJF à sortir notre pays du déclin dans lequel ils l’ont précipité.
Pour être tout à fait juste, le CRIF sait aussi distribuer des blâmes au candidat Sarkozy. Dans un communiqué, la structure présidée par M. Prasquier a « (déploré) vivement le vote de la France en faveur de l’admission de la Palestine à l’UNESCO » (Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, Organisation des Nations-Unies pour l’Education,la Science et la Culture) et a donc demandé expressément « à être reçu par le président de la République et le ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères et européennes. »
Pas un mot du CRIF en revanche pour condamner les mesures de rétorsion prises par l’extrême droite israélienne au pouvoir au lendemain de cette adhésion, avec l’annonce du lancement d’un programme de construction de 2000 nouveaux logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, la suspension « provisoire » des transferts de fonds à l’Autorité palestinienne. Pas en reste, les Etats-Unis ont annoncé dés lundi le gel de leur participation budgétaire à l’Unesco.
Sur le site du Nouvel obs, le philosophe Daniel Salvatore Schiffer, signataire du JCall (European Jewish Call For Reason – Appel des Juifs Européens à la Raison), « mouvement de juifs progressistes préconisant la cœxistence, pour une paix juste et durable, des Etats d’Israël et de Palestine », se montre plus disert. « Il est pour le moins paradoxal (que Barack Obama), ne pipe mot, en tant que prix Nobel de la paix, sur cet important dossier ». Le président américain « (préfère) donc répondre lui aussi, en fin de compte, à de bas mais très rentables calculs électoralistes, eux-mêmes dictés par de puissants lobbys juifs, plutôt que d’écouter sa conscience d’homme libre et responsable. »
Un « modèle » américain qui à l’évidence fait beaucoup rêver les directeurs de conscience du Crif et assimilés, mais qui, ne leur en déplaise, n’est pas un modèle français…