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La « contagion »

Nous relevions hier que le changement de personnel politique annoncé à la tête de l’Italie et de la Grèce, le train de mesures promis par nos voisins transalpins, ne sauraient avoir un quelconque impact positif sur le devenir de l’Europe et de la zone euro. Les éditorialistes notent d’ailleurs assez justement aujourd’hui que ce ne sont pas les peuples, dont la voix est méprisée par l’Europe de Bruxelles, qui ont fait chuter Berlusconi ou Papandréou, mais les agences de notations et les requins du capitalisme spéculatif. « Les bulldozers des marchés réaménagent les espaces économiques à leur convenance, au détriment des décideurs politiques, (…) leur inexorable avancée (…) place au premier plan la question de la démocratie dans les pays développés » souligne ainsi Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne. « L’impérialisme des marchés (est) plus fort que le jeu de la démocratie politique », résume Jacques Camus dans la République du Centre.

Dans cette atmosphère de fin de règne, les « marchés » ont attaqué hier la France, avec comme conséquence un écart record, jamais atteint, entre le taux des emprunts de l’Etat français et celui de l’Allemagne. Faute d’investisseurs, les taux à 10 ans des obligations italiennes ont dépassé les 7 %, « un nouveau record absolu depuis la création de la zone euro » relève TF1 News, soulignant qu’« un tel rendement est insoutenable pour les finances publiques de Rome ».

« Une contagion de la crise à l’Italie, troisième économie de la zone euro dont la dette atteint 1.900 milliards d’euros (120 % du PIB), et a fortiori à la France, mettrait à genoux l’ensemble de la zone euro, où le Fonds d’aide, le FESF, est encore très loin de pouvoir faire face à une telle hypothèse. La Russie – à laquelle les gouvernements atlanto-bruxellois s’opposent souvent sur la scène internationale, NDLR… — a ainsi fait savoir qu’elle ne comptait pas investir tout de suite dans ce Fonds car elle ne comprend pas d’où proviendront ses 1.000 milliards d’euros pour aider les pays de la zone euro en difficulté »… On l’aura compris les avertissements de Marine Le Pen et du FN, les prévisions d’économistes comme Jacques Sapir – voir notamment à ce sujet notre article en date du 2 novembre — sont en train de se réaliser.

A contrario, nos compatriotes ne doivent pas être dupes des effets de manche et du numéro de comique, plus ou moins réussi, du candidat de la gauche François Hollande. Dépourvu de programme sérieux et crédible, il ne peut incarner une alternative crédible à Nicolas Sarkozy. Ils ont tous deux peu ou prou la même vision et la même volonté (incapacité ?) de ne pas changer de logiciel euromondialiste constate Bruno Gollnisch.

D’ailleurs, pour le président de la Fédération des exportateurs allemands (BGA), Anton Börner, les exportateurs allemands « peuvent vivre sans l’euro », a-t-il déclaré hier. Un constat qui a achevé de semer la panique obligeant le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a affirmé sur un mode tragi-comique que « tous les pays de l’Union européenne devraient avoir l’euro comme monnaie », tandis que Jacques Attali pronostiquait que la France « a perdu de facto son triple A »

Certes, Le Figaro rappelle que le « Mexique en 1994, pays asiatiques et Russie en 1998, Brésil et Argentine début 2000 », ont subi eux aussi des crises terribles « et en sont désormais sortis ». « Deux principaux facteurs expliquent la bonne santé des (pays) émergents aujourd’hui. D’abord, ils ont amélioré leur discipline budgétaire au tournant des années 1990-2000 » et « ont également profité d’une croissance beaucoup plus forte que les pays développés »

Mais comparaison n’est pas raison et notre pays ne retrouvera le chemin de la croissance qu’en changeant radicalement de politique ; une France notait Maurice Allais, qui « s’est endormie sur le mol oreiller de l’euro, garant d’un endettement sans limites et sans pleurs » qui atteint aujourd’hui plus de 1 646 milliards d’euros (85 % du PIB).

C’est pour sortir de cette spirale du déclin que les Français voteront Marine Le Pen en 2012. Il faut que notre nation s’appuie sur une croissance retrouvée, qui ne passe pas seulement par la consommation des ménages, mais par l’investissement qui a si bien réussi à la Chine, et par l’exportation comme au sein d’une Allemagne qui a su garder ses industries. Il est tout aussi impératif de se protéger efficacement des effets nocifs de la mondialisation par un retour à un protectionnisme mesuré et efficace. Car cette mondialisation vantée par les politiciens militants des « sociétés ouvertes » n’a consisté depuis trente ans pour notre pays qu’à échanger des produits de consommation à prix réduits contre le chômage, la désindustrialisation et des délocalisations massives.

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