Pareillement, la suspension par la Ligue arabe de la participation à ses réunions de la Syrie ont renforcé les accusations de ceux qui estiment que la Ligue est inféodée aux Etats-Unis…. qui se sont félicités hier d’un « renforcement du consensus contre Assad et les agissements du régime » syrien, alors que l’UE a décidé pour sa part d’étendre ses sanctions contre Damas.
La Turquie– autre allié de Washington (et membre de l’Otan) , qui certes joue sa propre carte dans la région, a aussi prévenu le régime syrien , par l’intermédiaire, Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Si Damas « ne se conforme pas aux demandes légitimes du peuple syrien et aux appels lancés par l’OCI, la Ligue arabe et l’ONU, elle risque une internationalisation de la crise » at-il déclaré. Histoire d’enfoncer le clou, le ministre des Affaires étrangères d’Ankara, Ahmet Davutoglu, qui avait reçu la veille des représentants du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble l’opposition à Bachar Al-Assad, a affirmé que « ceux qui ne sont pas en paix au Moyen-Orient avec leur peuple et ne peuvent les satisfaire partiront. »
L’AFP relève encore que « la Ligue arabe étudie à présent un mécanisme de protection des civils et souhaite l’envoi de 500 membres d’organisations arabes des droits de l’Homme, de médias et des observateurs militaires dans le pays. Cette décision intervient près de deux semaines après l’acceptation sans réserves par Damas d’un plan de sortie de crise proposé par la Ligue, qui n’a pas été suivi d’effets.» Un souhait partagé par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui plaide pour « l’envoi d’observateurs de l’ONU pour aider à protéger les civils de la répression du régime qui selon lui s’enferme dans la paranoïa. »
Reste que sans sombrer dans la « paranoïa » ni verser dans l’hagiographie du régime autoritaire de Damas, il est loisible de s’interroger sur les motivations plus ou moins cachées de la Ligue arabe dans cette affaire puisque le plan de sortie de crise qu’elle proposait -notamment « l’ arrêt des violences » – supposait pour le moins que les groupes terroristes luttant contre le pouvoir syrien cessent leurs exactions … Opposition à Bachar-al-Assad précisons le de nouveau, qui est aussi en partie non violente d’autant que certains groupes d’opposants n’exigent pas le départ de Bachar el-Assad rappelait Le Figaro le 2 novembre.
Une nouvelle réunion de la Ligue est prévue mercredi à Rabat pour faire le point sur la mise en œuvre du plan de sortie de crise, à laquelle le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem ne participera pas. « Le scénario libyen ne se répètera pas, ce qui se passe en Syrie est différent de ce qui s’était passé en Libye. » « Les positions de la Russie et de la Chine que nous remercions ne changeront pas car nous sommes en coordination et en consultations avec eux » a-t-il ajouté
« Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé hier incorrecte la décision dela Ligue arabe, tandis que la Chine exhortait la Syrie de mettre en oeuvre le plan de sortie de crise, tout en se gardant de soutenir d’éventuelles sanctions contre Damas. »
Enfin, soulignons que les medias français ont à l’évidence décidé de servir à nos compatriotes une version tronquée du drame sanglant qui déchire ce pays comme le souligne le site infosyrie.fr, mais aussi Jean-Marie Le Pen et le blog de Bruno Gollnisch depuis le début des évènements. Pas un mot encore cette fois des « grands canaux » d’information sur les centaines de milliers de Syriens qui ont manifesté dimanche leur soutien à Bachar Al-Assad et contre la Ligue arabe dans les principales villes du pays.
Certes, France 2 a bien relayé quelques images de ces rassemblements impressionnants mais pour assurer que le régime était « condamné » et nier le caractère libre des manifestations. Les syriens qui sont descendus dans la rue ont-ils été contraints de le faire avec un révolver pointé dans le creux des reins ?
Relevons encore que samedi dernier, sur I-Télé, le journaliste arabe et son homologue israélien invités à débattre de la situation syrienne ont tenu un langage mesuré, en rupture avec les assertions d’un Bernard-Henry Lévy, notre ministre des affaires étrangères bis, qui donne le la dans de nombreuses rédactions.
Il a été réaffirmé à cette occasion que le régime peut toujours compter sur le soutien d’une large partie d’une population hantée par le spectre de la guerre civile généralisée entre communautés et que les deux principales villes, Damas et Alep, sont toujours épargnées par les troubles. Le journaliste israélien a rappelé aussi une vérité, qui explique d’ailleurs la retenue de Tel-Aviv dans ce conflit à a savoir que beaucoup de personnalités politiques et militaires de l’Etat hébreu inclinent pour le maintien du régime de Bachar-Al-Assad. Un régime perçu comme un gage de stabilité dans la région malgré son opposition à Israël, et jugé en tout cas préférable à une victoire des islamistes…