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Syrie, la vérité est ailleurs

Alors qu’en Syrie  les affrontements entre les forces fidèles au régime de  Bachar al-Assad et les   insurgés armés, notamment les salafistes soutenus par l’Arabie saoudite,  ne faiblissent pas, « le roi Abdallah II de Jordanie a été lundi le premier dirigeant arabe à appeler le président à quitter le pouvoir en Syrie où une quarantaine de civils et membres des forces du régime ont encore été tués » a rapporté une dépêche de l’Afp. « Si Bachar avait à cœur l’intérêt de son pays, il devrait démissionner, mais il devrait aussi créer les conditions nécessaires pour une nouvelle phase de la vie politique syrienne », a affirmé le souverain jordanien. Des propos qui  ont été perçus diversement par la rue arabe, puisque les liens profonds qui unissent  Abdallah à  Washington  ne militent pas forcément en faveur de sa sincérité désintéressée

 Pareillement,  la suspension par la Ligue arabe de la   participation à ses réunions de la Syrie  ont renforcé les accusations de ceux qui estiment que la Ligue  est inféodée aux  Etats-Unis…. qui  se sont félicités hier  d’un « renforcement du consensus contre Assad et les agissements du régime » syrien, alors que l’UE a  décidé pour sa part  d’étendre ses sanctions contre Damas.

 La Turquie– autre allié  de Washington (et membre de l’Otan) , qui certes joue sa propre carte dans la région, a aussi  prévenu le régime syrien , par l’intermédiaire, Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Si Damas « ne se conforme pas aux demandes légitimes du peuple syrien et aux appels lancés par l’OCI, la Ligue arabe et l’ONU, elle risque une internationalisation de la crise » at-il déclaré. Histoire d’enfoncer le clou, le ministre des Affaires étrangères d’Ankara, Ahmet Davutoglu, qui avait reçu la veille des représentants du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble   l’opposition à Bachar Al-Assad,  a affirmé que « ceux qui ne sont pas en paix au Moyen-Orient avec leur peuple et ne peuvent les satisfaire partiront. »

 L’AFP relève encore que « la Ligue arabe étudie à présent un mécanisme de protection des civils et souhaite l’envoi de 500 membres d’organisations arabes des droits de l’Homme, de médias et des observateurs militaires dans le pays. Cette décision intervient près de deux semaines après l’acceptation sans réserves par Damas d’un plan de sortie de crise proposé par la Ligue, qui n’a pas été suivi d’effets.» Un souhait partagé  par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui plaide pour « l’envoi d’observateurs de l’ONU pour aider à protéger les civils de la répression du régime qui selon lui s’enferme dans la paranoïa. »

 Reste que sans sombrer dans la « paranoïa » ni  verser dans l’hagiographie du régime autoritaire de Damas, il est loisible de s’interroger sur les motivations plus ou moins cachées de la Ligue arabe dans cette affaire puisque le plan  de sortie de crise qu’elle proposait  -notamment « l’ arrêt des violences »  – supposait pour le moins que les groupes terroristes  luttant contre le pouvoir syrien cessent leurs exactions … Opposition  à Bachar-al-Assad précisons le de nouveau, qui est aussi en partie non violente d’autant que  certains groupes d’opposants n’exigent pas  le départ de Bachar el-Assad rappelait Le Figaro le 2 novembre.

 Une nouvelle réunion  de la Ligue est prévue mercredi à Rabat pour faire le point sur la mise en œuvre du plan de sortie de crise, à laquelle  le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem ne participera pas. « Le scénario libyen ne se répètera pas, ce qui se passe en Syrie est différent de ce qui s’était passé en Libye. » « Les positions de la Russie et de la Chine que nous remercions ne changeront pas car nous sommes en coordination et en consultations avec eux » a-t-il ajouté

 « Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé hier  incorrecte la décision dela Ligue arabe, tandis que la Chine exhortait la Syrie de mettre en oeuvre le plan de sortie de crise, tout en se gardant de soutenir d’éventuelles sanctions contre Damas. »

 Enfin, soulignons que les medias français ont à l’évidence  décidé de servir   à nos compatriotes une version tronquée  du drame sanglant qui déchire ce pays comme le souligne le site infosyrie.fr, mais aussi Jean-Marie Le Pen et le blog de Bruno Gollnisch  depuis le début des évènements. Pas un mot encore cette fois  des « grands canaux » d’information sur  les   centaines de milliers de  Syriens qui  ont manifesté dimanche leur soutien à Bachar Al-Assad et  contre la Ligue arabe  dans les principales villes du pays.

 Certes,  France 2 a bien relayé quelques images de ces rassemblements impressionnants mais pour assurer que  le régime était « condamné » et  nier le caractère libre des manifestations. Les syriens qui sont descendus dans la rue  ont-ils été  contraints de le faire avec un révolver pointé dans le creux des reins ?

 Relevons encore que samedi dernier, sur I-Télé, le journaliste arabe et son homologue  israélien invités à débattre de la situation syrienne ont tenu un langage mesuré,  en rupture avec les assertions  d’un Bernard-Henry Lévy, notre ministre des affaires étrangères bis, qui donne le la dans de nombreuses rédactions.

 Il a été réaffirmé à cette occasion  que le régime peut toujours compter sur le soutien  d’une large partie d’une population hantée par le spectre de la   guerre civile généralisée entre communautés et que les deux principales villes, Damas et Alep,  sont toujours épargnées par les troubles. Le journaliste israélien a rappelé aussi une vérité, qui explique d’ailleurs la retenue de Tel-Aviv dans ce conflit à a savoir que beaucoup de personnalités politiques et militaires de l’Etat hébreu inclinent pour le  maintien du régime de  Bachar-Al-Assad. Un régime perçu comme un gage de stabilité dans la région malgré son opposition à Israël, et jugé en tout cas préférable à une victoire des islamistes…

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