« L’Europe n’est plus un choix, elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions. Elle doit être repensée, elle doit être refondée », avait affirmé M. Sarkozy jeudi à Toulon . Une « refondation » qui selon la chancelière allemande passe par une révision des traités pour réformer la zone euro et la transformer en une véritable union budgétaire (perspective à laquelle M. Sarkozy s’est rallié), et une plus grande discipline budgétaire (sur les moyens de laquelle existe des divergences entre Paris et Berlin…
Accord dénoncé parle PS qui estime, non sans raison, que Mme Merkel a réussi à imposer à son homologue français le principe d’une rigueur budgétaire renforcée, soumise à un contrôle supranational, sans céder sur la proposition française d’un rôle accru de la Banque centrale européenne (BCE). Succédant aux premières attaques d’Arnaud Montebourg contre la politique « à la Bismarck » de la chancelière allemande, les critiques du PS ont permis à Alain Juppé cette fin de semaine de dénoncer une gauche ressuscitant « les vieux démons de la germanophobie. » Une « dérive stupide aux relents germanophobes » a estimé pareillement François Fillon. « Nicolas Sarkozy n’a pas de leçons de patriotisme à recevoir de la part de ceux qui croient défendre l’intérêt national en caricaturant nos alliés allemands », a-t-il affirmé.
Le numéro 2 du PS et député européen Harlem Désir a été chargé de la riposte. Il n’a pas manqué dans son communiqué de citer une phrase du candidat Sarkozy dans un discours du 17 avril 2007, prononcé significativement à Metz, et pas vraiment en phase avec le discours consensuel, tourné vers l’avenir, sur l’amitié du couple franco-allemand. « La France n’a jamais cédé à la tentation totalitaire expliquait M. Sarkozy, elle n’a jamais exterminé un peuple. Elle n’a pas inventé la solution finale, elle n’a pas commis de crime contre l’humanité, ni de génocide »…Il est certain que les allusions au « chancelier de fer » Bismarck font figure d’aimables plaisanteries en comparaison de ces piqures de rappels là…
Enfin, l’ex trotskiste Désir rappelle aussi l’essence mondialiste du projet européiste, vu par ses concepteurs comme la première étape vers une gouvernance mondiale. « Ce n’est pas le Premier ministre et le président, qui ont fait honte à la France dans le monde et en Europe avec le discours de Dakar poursuit-il, la chasse aux roms et la panne du moteur franco-allemand, qui peuvent prétendre donner des leçons d’internationalisme et d’esprit européen ».
A défaut, souligne Bruno Gollnisch, il est certain que ni l’UMP, ni le PS et leurs clones ne peuvent donner des leçons de patriotisme au Front National. Cette classe politicienne qui milite activement pour l’effacement de l’Etat-nation, se déchire certes sur les modalités de la subordination de notre pays, mais sans en remettre en cause le bien fondé. N’en doutons pas non plus, tout sera fait pour éviter l’écroulement de la zone euro, la maintenir sous respiration artificielle, au moins jusqu’à l’élection présidentielle en France…