Le quotidien Les Echos citait cette semaine Paul-Marie Coûteaux qui relevait en novembre qu’ «il y a six mois, la sortie de l’euro déstabilisait plus que ne séduisait, dans notre propre électorat (frontiste, NDLR) , notamment sur le remboursement de la dette ». L’accélération de la crise légitime désormais chaque jour davantage les avertissements du FN et sa grille de lecture des travers de l’Europe bruxelloise. Ce même article relaye les propos de Jean-Richard Sulzer, professeur à Dauphine et conseiller économique de la candidate national, qui indique que la disparition de l’euro avait été prévue dés 2004 par le FN. Sans même parler des prédictions de Jean-Marie Le Pen annonçant la crise financière de 2008 qui se sont avérées parfaitement exactes (voir la vidéo sur Youtube ).
Dimanche dernier à Metz, a relevé encore Les Echos, « Marine Le Pen a tenté de dédramatiser la sortie anticipée de l’euro » (…). « Il n’y a pas de raison de trembler (…), l’euro n’est pas une question de vie et de mort , a-t-elle martelé. L’euro a considérablement réduit le pouvoir d’achat, l’euro n’est qu’une monnaie, un moyen de paiement… Les européistes en ont fait un dogme, une divinité ! Elle a ruiné notre nation , a-t-elle avancé.» Nation que Marine entend ressusciter en appelant à «une révolution porteuse d’une nouvelle nuit du 4 août, en référence à la nuit du 4 août 1789 où furent abrogés les privilèges de la noblesse et du clergé » a constaté pour a part Nicolas Lebourg, professeur à l’université de Perpignan, « spécialiste de l’extrême droite » , sur le site du Nouvel Obs…
« Avec les références à la Révolution et à la République explique-t-il, Marine Le Pen éveille les images bienheureuses de l’unité populaire, de la fonction sociale de l’État, de la liberté individuelle conquise, et satisfait la passion égalitaire des Français. »
Mais il tente de convaincre les lecteurs que « la revendication républicaine et révolutionnaire par le FN» ne serait pas exempte d’une certaine ambiguïté puisque si « le fascisme italien et le nazisme exécraient la Révolution française, les fascistes français au contraire rattachèrent le fascisme à la poursuite de la Révolution. A l’instar de Georges Valois qui considère que les Jacobins furent une matrice du fascisme et que le prolétariat fasciste retrouve le sens de la République naissante qu’aurait trahie l’oligarchie. C’est encore Marcel Déat qui affirme que les soldats de l’An II étaient les pionniers de l’État totalitaire et de la Waffen SS française. »
Derrière la profession de foi républicaine, pointerait donc de nouveau le mufle de la bête immonde, il fallait y penser! Une critique qui atteint même les cadres les plus modérés du FN, à l’instar de Bruno Gollnisch qui expliquait pourtant non sans humour il y a quelques mois que «modéré en tout», il était «modérément républicain»!
Dans la même veine, M. Lebourg explique qu’ « en 1944, le dernier projet de constitution du maréchal Pétain (tâche qui était incluse dans le mandat délivré en 1940) revenait aux termes et à la forme (suffrage universel) de la République, signe que lui-même reconnaissait la défaite idéologique du logiciel contre-révolutionnaire. »
Il n’y a donc « ni contradiction ni double discours dans le fait qu’un parti d’extrême droite puisse se revendiquer de la République» poursuit-il, «il revient à la responsabilité de chaque citoyen de déterminer si les valeurs de la Révolution et de la République se limitent au respect de l’ordre.» Et notamment de « l’article 4 de la constitution » qui stipule que les partis doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. «Rien dans les propos de Marine Le Pen ne permet de considérer que son parti y déroge. »
Si Nicolas Lebourg, donnait tout de même raison en juillet dernier à Bruno Gollnisch, qui estimait que « la fonction pacificatrice du FN » évoquée par celui-ci est « quelque chose d’assez vrai » , il tient cependant à ne pas faire du Front National un Mouvement comme les autres. Le « républicanisme » des frontistes et de leur présidente est donc jugé douteux et rend implicitement compréhensible leur mise à l’écart du « champ républicain. »
Ostracisme qui permet rapporte aujourd’hui le quotidien Le Télégramme, de faire en sorte que pour l’instant, comme en 2007 pour Jean-Marie Pen, Marine n’a pas obtenu un seul parrainage en Bretagne ! Secrétaire départemental FN du Morbihan, Jean-Paul Félix confie au journal qu’il « pensait que ce serait plus facile avec (Marine). Mais on se rend compte aujourd’hui que ce n’est pas plus simple car Marine Le Pen fait peur. Le score qu’elle est susceptible d’obtenir fait barrage aux yeux des élus». Dans cette quête du parrainage poursuit l’article, «Jean-Paul Félix est à la recherche de 14 signatures. Celles de ces grands électeurs qui se sont anonymement portés sur le Front National lors des récentes sénatoriales dans le Morbihan (…) . C’est la preuve, dit-il, que certains élus nous sont favorables. Mais même dans des petits bourgs où nous avons fait entre 20 et 25% des voix, nous ne recueillons pas de parrainage… »
Mais face à ce système dévoyé, à cette république bananière des copains et des coquins, c’est bien au peuple, par-dessus la tête des élites, que s’adresse le FN, dont la candidate, n’en doutons pas, pourra tout de même compter sur le parrainage de maires moins « tenus » ou moins lâches que d’autres.
Une conviction que Christophe Boudot, Secrétaire départemental du Rhône, rappelait hier lors de son passage sur jazz FM : « la baisse de Marine Le Pen dans les sondages, je n’y crois pas. Les vrais sondages sont ceux qui sortent de la rue. De plus en plus de gens sont désinhibés, et vont voter FN. Il n’y a qu’à voir le retour que nous avons sur les marchés ! »