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Ce qui est mesurable, ce qui ne l’est pas

Selon le dernier sondage Ifop pour le JDD.fr et La Lettre de l’opinion, Marine Le Pen poursuit son ascension et  repasse la barre des 20% dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle (+0,5 point), « recollant » de plus en plus nettement au duo UMPS François Hollande ( 27,5%, -2 points) et Nicolas Sarkozy (-2 points). Autre candidat crédité d’un score à deux chiffres François Bayrou obtiendrait 11% (+2,5 points), devant Jean Luc Mélenchon ( 6,5%), Eva Joly (5%), Dominique de Villepin (3,5%, + 2 points), « loin » devant les  Hervé Morin, Jean-Pierre Chevènement, Corinne Lepage, Nicolas Dupont Aignan etc, qui plafonnent entre   0,5% et 1%… Le Point qui commente aujourd’hui le score prêté à la candidate national donne la parole à des « spécialistes » :  Marine est «  une candidate redoutable qui a gommé le caractère sulfureux qui collait à son père, justifie Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’Ifop. Le gros tabou du vote FN était surtout lié aux déclarations de Jean-Marie Le Pen sur la Seconde Guerre mondiale, analyse de son côté Jérôme Sainte-Marie, du CSA. »  Aussi « en devenant avouable, le vote FN s’est banalisé et dédiabolisé, ce qui modifie le travail des instituts de sondage. En effet, le vote frontiste a toujours été difficile à mesurer. Les sondeurs s’étaient rendu compte d’une distorsion entre la réalité du vote frontiste et les déclarations des personnes interrogées (…) ».

  Désormais « Avec un vote FN de plus en plus dicible, leur travail est simplifié. » Pour autant, les sondeurs, malgré cette  dédiabolisation , continuent d’affirmer que la présidente du FN ne peut mécaniquement dépasser la barre des 25% des suffrages, soit en période  de  hautes eaux » l’étiage maximum de  l’opposition nationale selon eux.  « Le potentiel de vote de Marine Le Pen est de 25 %. Elle ne peut pas aller au-delà. Mais pour grimper jusqu’à 25 %, le chemin est très ardu », note Jérôme Sainte-Marie. » L’un des employés de  Laurence Parisot à l’Ifop, Jérôme Fourquet, « reste également prudent sur la perspective d’un 21 avril à l’envers. 19 % d’intentions de vote, c’est insuffisant pour se qualifier au second tour tant que Nicolas Sarkozy ou François Hollande ne tombe pas en dessous de la barre des 25 % … »

 Beaucoup d’analystes politiques prêtent  plus largement  l’intention à Marine Le Pen de vouloir éliminer  Sarkozy du second tour  de la présidentielle  pour entraîner l’implosion de l’UMP et favoriser ainsi une recomposition  politique à droite autour du FN  dans la perspective de 2017 –implosion de la droite sarkozyste que Bruno Gollnisch juge inéluctable dans ce cas de figure.  Sans aller jusqu’à évoquer cette probabilité,   Hervé Morin, président du Nouveau Centre et candidat à la présidentielle a estimé hier sur France 3 que «si le président de la République sortant (était) appelé à être en situation de danger face à Marine Le Pen, c’est qu’il y a un vrai problème, celui de notre capacité à gagner.» «Cela veut dire que le président ferait autour de 20%.  Je ne vois pas alors comment on pourrait estimer que cette élection pourrait être gagnée.»

 Un avis qui est aussi celui du blog libéral Contrepoints qui parie dans ces conditions sur un second tour… Le Pen-Bayrou ! « L’UMP est au bout du rouleau après être restée au pouvoir 10 ans. Le résultat est consternant. Sarkozy est arrivé pour la rupture, mais de quelle rupture parlons-nous ? Le bilan de Nicolas Sarkozy ces dernières années, c’est surtout 35 nouveaux impôts, un sentiment d’injustice et d’insécurité, et une explosion de la dette. L’agitation frénétique du président ne parvient qu’à aggraver la situation par la multiplication de mesures opportunistes, hélas contreproductives et incohérentes (…). Le PS, lui, est en pleine spirale de la défaite. Il élève la technique de l’échec au rang d’art. Arnaud Montebourg, c’est un feu d’artifice permanent de scandales. Mieux que Ségolène Royal. Même s’il a raison sur le fond, son coup de balai en fanfare, en plein lancement de la campagne de François Hollande, offre une admirable illustration de ce qu’il ne faut pas faire. On entend davantage la gifle de Jack Lang et les insultes croisées que le candidat lui-même. Vu comme c’est parti, les chances de voir Hollande au second tour sont aussi fortes que celles de vendre un Rafale hors de nos frontières. »

 « En revanche, Marine le Pen fait une bonne campagne sur le thème de l’Europe et de l’euro, si on partage son europhobie (sic). Elle a transformé le FN en parti presque honorable (sic) en s’éloignant des thèmes de son père et en capitalisant sur les peurs de l’Europe, de la mondialisation et du capitalisme. Elle rassemble dorénavant le public de Besancenot, de Mélenchon et de Benoît Hamon au PS. Incontournable, sereine, peu de faux pas, elle consolide régulièrement ses scores dans les sondages (…) . Résultat : les Français n’ont plus honte d’avouer voter Marine en 2012. Eh non. Le danger devient bien réel car elle sait exploiter à son profit les discours populistes de tous les horizons politiques. »

 Le Mouvement national incarne surtout et beaucoup plus simplement,  même si cela est difficile à comprendre pour un libéral hémiplégique, un idéal de solidarité et de justice sociale qui rend indispensable la pérennité de notre Etat-nation. Il n’est donc  pas étonnant que les Français les plus fragilisés par la crise, souvent, parfois d’ex électeurs de gauche, se tournent vers le FN et sa candidate. Il y a enfin dans les tréfonds de notre peuple, la conviction plus ou moins enfouie  que la France est un pays à part dans le concert international, qui n’a pas renoncé à jouer un rôle historique. Et « faire l’histoire » ne consiste certainement  pas à glisser dans l’urne un bulletin Hollande, Sarkozy ou Bayrou. S’il existe un vote  intrinsèquement révolutionnaire et réactionnaire, au sens noble du terme, dans ses effets anti Système, c’est bien le vote national ! Cette réalité là, ce surgissement toujours possible  de la grande Histoire dans la petite, du  Mythe national dans le cours de notre France en déclin n’est pas mesurable dans les sondages et c’est bien ce qui fait peur aux adversaires du FN.

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