A l’opposé, l’Europe du constructivisme technocratique et du mondialisme assumé prend l’eau de toute part, et c’est un «spécialiste » qui en a fait l’aveu en la personne de Dominique Strauss-Kahn. L’ex président du FMI, Invité par le groupe Net Ease, l’un des géants de l’internet en Chine, a choisi Pékin ce lundi pour signer son retour à la « vie publique ». Distribuant des bons points au régime chinois, DSK s’est montré en revanche très pessimiste de la zone euro. « Le fait que l’euro soit encore au milieu de la rivière et que l’union budgétaire ne soit pas réalisée le rend très très vulnérable et le radeau semble sur le point de sombrer ». Nous voyons les pays européens passer d’un plan (de sauvetage) à un autre, d’un sommet de la dernière chance à un autre, toujours sans admettre les pertes, toujours sans permettre une reprise de la croissance et toujours en échouant à restaurer la confiance. »
Une « restauration de la confiance » qui n’en déplaise à M. Strauss-Kahn et autres partisans d’une intégration européiste encore plus poussée, passe pourtant dans l’esprit de nos compatriotes -contrairement aux vœux des « marchés » ? -, par la capacité des Etats membres à retrouver une marge de manœuvre et des libertés politiques. Une volonté qui n’est pas partagée par cette classe politicienne et notamment l’UMP au pouvoir qui derrière notamment ses beaux discours sur le patriotisme économique se complaît dans la préférence étrangère.
Un bloggeur associé au site de Marianne le rappelait cette fin de semaine, « La Poste vient d’acheter 3000 scooteurs Taiwanais au lieu des Motobécane et Peugeot qu’elle achetait auparavant ; la Carte Vitale sera maintenant fabriquée en Inde au lieu de la Dordogne (300 000 euros par an qui quitteront les emplois français) ; l’Armée achète déjà sa garde-robe en Europe de l’Est, parfois au Maghreb ou au Sri Lanka ; la Police ne roule plus depuis longtemps en Citroën, mais en Ford ou en Subaru. Depuis 2004 le pistolet officiel de la Police est un Sig Sauer (d’origine germano-suisse) au lieu de l’Alsacien Manurhin basé à Mulhouse. L’entreprise a dû se reconvertir dans la fabrication de munitions et se séparer de la moitié de ses effectifs… ; les Pompiers n’achètent plus de véhicule français depuis longtemps, mais des Fiat par exemple. »
« Pourtant, l’Etat, s’il doit veiller au meilleur usage des fonds publics, doit surtout respecter la législation européenne qui impose aux pays européens de passer des appels d’offres. C’est donc toujours le moins cher qui gagne même s’il est étranger. » « Le problème poursuit fort justement cet article est que l’abandon d’un fournisseur national implique des couts cachés : perte de savoir-faire, licenciements, couts d’assurance chômage, manque à gagner pour les impôts, … Le bilan pour l’Etat (et pour la France) n’est donc pas si simple que cela. Encore une fois, les lois européennes ont été taillées sur mesure pour un capitalisme ultralibéral qui non seulement ne tiens plus compte du bien être de tous, mais ignore même les lois les plus basiques de l’économie. Voilà comment, pour le respect du dieu ultralibéral, nous sacrifions chaque jour nos emplois. »
Quant au pays emblématique du « dieu ultra-libéral » (quand ça les arrange), les Etats-Unis, l’économiste libéral, américanophile et euro-sceptique Charles Gave nous invite à ne pas parier sur sa disparition, ou à tout le moins sur son déclin, affirmant sur son blog la semaine dernière que si les Etats-Unis ont un problème budgétaire (qu’il juge surmontable), « le XX siècle a été le siècle Américain et il en sera de même au XXI siècle. » A l’appui de ses dires, il explique que nous sommes « à la veille d’une révolution industrielle » et que le coût minime désormais de la robotisation du travail (2 dollars/heure) va permettre une relocalisatioin sur le sol américain « des usines installées en Chine (qui) vont donc s’en aller et être rapatriées au plus prés des centres de consommation ». « De ce fait, la balance commerciale Américaine va redevenir excédentaires ou à tout le moins équilibrée. »
« Parallèlement, les USA sont en train d’investir massivement dans le gaz de schistes et le Canada dans les schistes bitumineux. D’ici 10 ans au plus les USA peut être et l’Amérique du Nord certainement seront complètement auto suffisants énergétiquement. De ce fait, les USA n’auront plus à entretenir une armée et une marine aussi fortes pour garantir la sécurité de leurs approvisionnements énergétiques et ils pourront baisser sensiblement leurs dépenses militaires .Déjà le Président des Etats-Unis a indiqué que les USA comptaient concentrer tous leurs efforts sur l’Océan Pacifique, au détriment de l’Otan et du Moyen Orient. » M. Gave relève encore au nombre des atouts des les Etats-Unis qu’ils « dominent comme personne ne la jamais fait les industries du futur, celles liées à l’économie de la connaissance, Sur les 100 meilleures universités d’après le classement dit de Shanghai, plus des ¾ sont aux USA. »
Un constat prospectif que l’on peut certes critiquer mais qui souligne en creux une évidence intangible : pour un peuple comme pour un organisme ou une nation, c’est sa capacité d’adaptation, de réaction qui conditionne sa survie. A cette aune, l’Europe de Bruxelles dans sa configuration actuelle est déjà morte.