Dans Présent, Jeanne Smits s’est interrogée sur le raisons de ce déchaînement contre M. Orban, « aujourd’hui sous le coup d’une mobilisation politico-médiatique d’une ampleur ahurissante », décrit comme une « un dictateur, un tyran, meneur d’un parti qui impose sa loi sur un peuple privé de toute liberté, un irresponsable qui mérite de voir son pays mis en coupe réglée par l’Union européenne. » Le Premier ministre hongrois jouit pourtant du soutien d’une large majorité des électeurs de son pays : son parti a la réuni plus de 54 % des suffrages et une très forte majorité au Parlement aux dernières législatives en avril 2010.
Certes, Viktor Orban accumule les handicaps note la journaliste : il est «pro-vie », « sa Constitution musclée et centrée sur l’identité chrétienne rompt avec le relativisme ambiant « , le christianisme est revendiqué comme l’âme de la patrie (de même que la constitution américaine demande à Dieu de bénir les Etats-Unis…) et il ose tenir tête à Bruxelles et au capitalisme apatride.
« En modifiant les règles de composition de la Banque centrale hongroise, où le gouvernement hongrois obtient un plus important droit de regard aux termes d’une loi constitutionnelle adoptée fin décembre, et dont le président peut être placé dans un rapport hiérarchique le soumettant au pouvoir politique, la Hongrie a violé les principes qui ont cours à Bruxelles et irrité le Fonds monétaire international (FMI). »
« En tout cas, la Commission européenne et le FMI ont décidé de cesser toute discussion portant sur une aide financière à la Hongrie pour tenter de stopper la réforme de la Banque centrale et ils n’ont pas encore décidé s’ils vont retourner à Budapest pour augmenter la pression maintenant qu’elle a été adoptée. »
Nous le rappelions aussi en octobre citant un article paru dans Minute, depuis sa nomination Viktor Orban, a décidé de « mettre fin à l’ère des banquiers afin de protéger les gens dupés par une pratique qui leur fait porter tous les risques et toutes les pertes. » Depuis mai 2010, le gouvernement Orban a imposé une taxe exceptionnelle aux banques et aux multinationales étrangères. Le gouvernement hongrois a même réussi a rapatrié 11 milliards d’euros accumulés dans les fonds de pensions étrangers vers les caisses de l’Etat. »
Et le parlement hongrois a adopté en septembre une loi qui « permet désormais aux Hongrois ayant souscrit des crédits en francs suisses, euros ou yens, via des produits financiers complexes de banques étrangères, d’effectuer leur remboursement en forints, la monnaie nationale ! Les ménages pourront donc rembourser à un taux de change fixe préférentiel (…). Les endettés pourraient avoir accès à des crédits en forints pour financer leurs transactions, ce qui reviendra à reconvertir ces crédits dans la monnaie hongroise. Ce sont donc les établissements de crédits qui devront éponger la différence. »
« L’UE a prévenu que ce projet de loi pourrait être illégal, déséquilibrer le marché du crédit et freiner la faible croissance économique de la Hongrie. » Dans les faits est-il encore expliqué, « l’UE et les banques n’ont qu’une peur : que les peuples européens prennent conscience que de simples mesures sont en capacité de changer les choses. » Cela éclaire aussi les raisons des manifestations haineuses pavloviennes déclenchées contre le gouvernement hongrois par la classe politico-médiatique.
« La Hongrie, nous dit-on rapporte encore Jeanne Smits, est dans une crise sans précédent à cause d’Orban et de sa politique. Mais elle est avant tout dans des difficultés terribles en raison de la dévaluation de sa monnaie nationale, le forint, de plus de 20 % face à l’euro depuis octobre. Cela a mécaniquement fait exploser sa dette de Maastricht aujourd’hui évaluée à 82, 6 % du PIB contre 76,7 % fin juin. Ce chiffre, tout le monde le brandit… sans rappeler que la dette française est à 85,3 % du PIB selon l’INSEE au troisième trimestre 2100, contre 78,1 % à fin 2009.
Un chiffre qu’on n’entend guère, c’est celui du chômage en Hongrie. Selon Eurostat, son taux plafonnait à 11,4 % de la population active en janvier dernier : en octobre 2011, il s’établissait à 9,8 % sur une pente bien descendante.
Avec sa monnaie dévaluée (comme le serait la monnaie française si elle était en accord avec la situation française) et ses intérêts poussés à la hausse par une évaluation négative des agences de notation, il n’est pas sûr que la Hongrie puisse conserver sa courbe d’amélioration de l’emploi. Il n’est pas sûr qu’Orban puisse sortir son pays de son endettement – mais quelle est l’alternative : une situation à la grecque ? Il n’est même pas sûr qu’Orban soit autre chose qu’un conservateur un peu plus nationaliste que les autres – mais déjà assez pour déclencher les foudres mondialistes… »
Jeanne Smits relavait encore que cette situation laisse à penser « que les 70 000 ou 100 000 manifestants de l’opposition qui se massaient lundi soir dans les rues de Budapest à l’appel de la gauche et des écologistes ont en réalité été mobilisés (…) pour défendre l’indépendance de la Banque centrale dont probablement ils se contre-fichent… Kornelia Magyar, de l’Institut progressiste hongrois, a reconnu naïvement que si l’on votait aujourd’hui, le mouvement d’opposition à Orban n’emporterait pas les élections. »
Une nouvelle fois constate Bruno Gollnisch, la crise aiguë rend encore plus sensible le totalitarisme sournois de cette Europe bruxelloise, pour laquelle il est insupportable que les souverainetés populaires puissent s’exprimer dans un sens qu’elle juge contraire à ses « intérêts »…qui ne sont pas les nôtres. Un argument supplémentaire pour glisser un bulletin Marine Le Pen dans l’urne au mois d’avril !