Médias qui pareillement, font mine de découvrir ces derniers mois que l’électorat frontiste ne se réduit pas à la vision étroite, aux mauvais fantasmes qu’en ont ses adversaires les plus ignorants ou les plus partiaux. Rendez vous compte, l’homme ou la femme qui s’apprêtent à voter Marine et FN ne se sont pas échappés d’un roman cauchemardesque de Didier Daeninckx ou de Jean-Christophe Grangé, mais ce sont des braves gens ! Ils ressemblent à votre voisin chômeur victime d’une délocalisation , à votre cousine étudiante, à votre plombier ou à votre dentiste… Bref ce sont des Français comme les autres, libérés, conquis, attirés par le talent et la pugnacité de la présidente-candidate du FN, qui subissent plus particulièrement peut être les affres de la crise et sont certainement plus en colère contre les mensonges et les échecs de sarkozy, de l’UMPS.
Comme des dizaines de ses confrères dans les années 90, l’hebdomadaire Marianne nous refait donc cette semaine le coup du reportage sur les électeurs lepénistes dans un copieux dossier brossant à grand trait et donnant la parole à plusieurs d’entre eux. « Je vote Marine Le Pen l’enquête qui doit ouvrir les yeux « titre en une l’hebdomadaire qui prend bien soin de précéder les propos des électeurs couchés ici sur le papier d’un éditorial très peu sympathique de Maurice Szafran sur l’engeance frontiste…
Un dossier qui, en creux, vient cependant confirmer le long entretien accordé par le politologue Laurent Bouvet sur le site de l’Expansion et publié hier. Le dernier ouvrage de cet universitaire , « Le sens du peuple », s’arrête justement sur les raisons pour lesquelles « par peur et par pragmatisme, le PS s’est coupé des classes populaires, substituant à la lutte sociale et collective la défense des individus et des minorités ».
Une désaffection du PS pour les catégories populaires et de ces dernières vis-à-vis de ce parti visible dés les années 80 et qui a été formalisée par le think tank socialiste Terra Nova –voir notamment notre article en date du 18 mai dernier- au nom d’un « projet multiculturel, sociétal et libéral d’une gauche qui assume son évolution. »
En effet « le PS est devenu, comme pratiquement toute la gauche, le défenseur d’une vision libérale de la société : par exemple, de l’extension de droits illimitée pour l’individu, ce qui conduit mécaniquement à la déconstruction de toute idée de puissance publique, de souveraineté commune, de sens de l’Etat vu autrement que comme le guichet d’un service. »
Il met cependant en garde : « si les classes populaires traditionnelles se mobilisent pour d’autres candidats, comme en 2007, la gauche ne peut pas gagner » affirme encore M. Bouvet soulignant que le PS a totalement perdu « sa diversité sociale » puisque « Les CSP +, les diplômés du supérieur, les agents publics, y règnent en maîtres. »
Enfin conclut-il, dans l’hypothèse, qu’il juge probable, d’une victoire du candidat du PS, « même s’il ne faut pas que le candidat du PS fasse la même erreur qu’en 2002 » il s’interroge : « gagner pour faire quoi ? Rééditer 1997-2002 ? Si François Hollande gagne par défaut, cela voudra dire aussi que Marine Le Pen sera arrivée très haut. Si, par exemple, il y a un 21 avril à l’envers, gouverner le pays sera très difficile, voire impossible. François Hollande n’aura pas une heure d’état de grâce. La France peut-elle se permettre d’avoir un nouveau pouvoir dont elle n’attend rien ? »
A court ou à moyen terme en effet, c’est bien ce système qui, dans sa globalité, est condamné, estime lui aussi Bruno Gollnisch…