Dans « La droite parlementaire est-elle encore de droite ? », Jean de Rouen, dresse d’abord les contours des deux forces qui structurent le champ politique, de « l’héritage philosophique de la droite et de la gauche ». Il pointe « les engagements non tenus, les principes trahis, les abandons coupables » de la droite dite « de gouvernement » au travers notamment des positions sociétales de l’UMP.
Tant il est vrai qu’ « à l’observateur attentif, il n’échappe pas que la droite parlementaire court après la gauche sur tous les sujets de société. Elle a toujours un train de retard, mais finit néanmoins par le rattraper. »
Pour cette droite là, «l’individu est désormais invité à se défaire de tous les liens de dépendance qui l’attacheraient à des réalités supérieures à lui-même, à occulter la dimension morale qui l’habite comme si celle-ci n’était que le fruit d’une représentation culturelle acquise par l’éducation, à se libérer des fidélités passées commandées par le devoir de reconnaissance envers ceux auxquels il est redevable, à étouffer le sentiment d’ordre filial qui peut l’unir à sa famille ou à sa patrie, et ce afin d’affirmer son absolue autonomie, comme un besoin d’indépendance jusqu’à l’absurde. »
Une droite qui refuse pareillement à promouvoir l’assimilation des populations extra européennes présentes sur notre sol (quand elle demeure encore possible…) mais qui prône comme la gauche une vague et débile (notamment au sens étymologique) intégration.
Bref, Jean De Rouen démontre magistralement comment la gauche a colonisé les têtes du camp d’en face, souligne sa « victoire culturelle. » « La démission de la droite écrit-il, aujourd’hui privée de colonne vertébrale, vient de ce qu’elle a depuis trop longtemps refusé de s’assumer comme telle. Perméable au politiquement correct, au point d’évoquer la sentence de Gustave Thibon : être dans le vent, l’ambition d’une feuille morte. »
Aussi, logiquement, cette droite privée de ses principes constitutifs « est réduite à n’être qu’une position géographique de l’échiquier politique, elle reste alors une notion relative, appelée à évoluer au gré du temps, des circonstances et des consensus. Jean-Marie le Pen ne rappelait-il pas lui-même : J’appartenais en 1958 au Centre National des Indépendants et Paysans d’Antoine Pinay. J’étais du centre droit. Je défendais les mêmes idées que maintenant. Ce n’est pas moi qui me suis déporté vers l’extrême droite, c’est le corps politique français qui s’est déplacé vers la gauche » ? Il semble, en effet … »
« Si l’homme de gauche est un optimiste triste (optimiste par ses desseins mirobolants, triste et même parfois plein de fureur à la constatation de leur échec) » note encore Bruno Gollnisch dans sa préface, « l’homme de droite lui, le vrai, est un pessimiste joyeux : pessimiste car il sait que la nature humaine a toujours besoin d’être corrigée, et que le paradis sur terre n’existe pas, mais joyeux d’être là où il est, de s’inscrire dans une lignée, de surmonter ses propres imperfections. Ne soyons donc pas attristés par les très utiles constats de l’auteur. Tirons-en les conséquences nécessaires ; travaillons dans la joie, et le reste nous serra donné par surcroît. »