« Vitor Gaspar, le ministre des Finances, par des mesures dures, a réduit le déficit budgétaire de plus d’un tiers. Le résultat est que l’économie s’est contractée de 1,5 % en 2011, avec une tendance vers 3% en 2012. Les analystes extérieurs calculent que les mesures prises qui conduisent à l’étouffement ne permettront pas de rembourser les dettes même à long terme. »
« A qui le prochain tour ? Il est bon de s’interroger poursuit Michel de Poncins . L’Espagne avait une dette publique de 36 % du PIB avant la crise de la dette ; le coefficient devrait passer à 84 % d’ici à 2013. L‘Italie se situait à 105 % en 2009 et devrait passer à 126 % en 2013… (…)»
Dans une tribune publiée récemment dans Le Monde, Gérard Lafay, professeur émérite à l’université Panthéon-Assas, Jacques Sapir, directeur d’études à l’EHESS, Philippe Villin, ex-directeur du Figaro s’interrogent plus largement sur l’avenir de la monnaie unique et estiment de leur côté que si « la crise aigüe de l’euro semble s’apaiser », « l’euro n’est pas pour autant sauvé.»
Et ce alors qu’ « un euro trop cher a rendu anémique la croissance économique dans l’ensemble de la zone ; les produits de l’Europe du Nord ont envahi celles du Sud et du Centre, et la crise budgétaire hors région Nord est largement la conséquence de la perte de compétitivité, qui a ruiné leurs économies.(…).»
«Aujourd’hui, même si les eurolâtres reconnaissent enfin le non-fonctionnement de l’euro, ils refusent de voir la réalité, continuant à nier qu’il existe un énorme problème de compétitivité intra-européenne. L’Europe du Sud, en commençant par la Grèce, mais aussi le Portugal, l’Espagne, et même l‘Italie et la France, a vu sa compétitivité se dégrader à l’intérieur de l’Europe. »
Et de citer « le cas de l’industrie automobile française qui court à sa perte, faute de dévaluation, face à la compétitivité allemande est éloquent. Or, le seul ajustement proposé est la déflation, donc le chômage, qui dépasse désormais les 23 % en Espagne et 21 % en Grèce, alors que seules des dévaluations différentes pour chaque pays pourraient régler le problème par reprise de la croissance. »
Aussi expliquent-ils, si «la mort de l’euro était inscrite dans ses structures ; elle l’est désormais dans les politiques menées (…). La politique de déflation que l’on nous propose va aggraver la crise et la rendre encore plus cruelle. Les terribles mesures de déflation que l’on impose provoquent partout – en Grèce, au Portugal, en Espagne mais aussi en Italie, en Belgique et bientôt en France – une forte contraction du PIB. Cette dernière va mécaniquement engendrer une contraction encore plus forte des recettes fiscales. Le déficit budgétaire que l’on avait cru résoudre en coupant les dépenses va réapparaître par la disparition des recettes.»
« Il n’y a donc pas moyen de sauver l’euro. Il faut par conséquent abréger « l’euragonie » en interrompant le processus actuel, soit par un démontage volontaire et décidé en commun, soit par un processus imprévisible de sorties individuelles. Telle est le choix qui nous est offert. Chacun doit reprendre sa monnaie avant qu’un effondrement de l’ensemble des économies n’emporte tout. C’est le seul moyen de retrouver la compétitivité et la croissance économique, et donc de rétablir l’équilibre budgétaire dans les différents pays de la zone euro. » Une question primordiale, souligne Bruno Gollnisch, que l’opposition natioinale tente de rendre audible dans cette campagne, bien seule contre tous…