Hier un article paru sur le site du Point évoquait la tentation grandissante au sein de l’UMP d’une alliance avec le FN pour éviter des triangulaires dévastatrices. Et de citer « cette confidence d’un candidat UMP aux législatives – qui tient à conserver l’anonymat pour éviter les pressions : Je rêve que l’UMP surmonte son blocage et qu’elle puisse conclure des alliances avec le FN… Le PS discute bien avec le Front de gauche de Mélenchon, n’est-ce pas ? Au soir du premier tour des législatives, je suis prêt à discuter avec le candidat soutenu par le FN pour éviter que la gauche ne l’emporte au second tour. (…) selon un récent sondage Ifop est-il rappelé, 54 % des sympathisants UMP et 77 % de ceux du FN se disent favorables à des accords aux élections locales. »
« Des accords locaux entre des candidats UMP et d’autres issus des rangs frontistes ne seraient pas une première souligne cet article. Des municipales de Dreux en 1983 aux régionales de 1998, la droite s’est parfois laissé tenter par de telles ententes, mais la digue n’a jamais été rompue au niveau national.»
Mais les lignes bougent au sein de l’UMP. Et ce citer les propos de «Dominique Tian, député sortant et candidat dans la 7e circonscription de Marseille », « Maryse Joissains, députée-maire d’Aix-en-Provence et candidate dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône », « Michèle Vasserot, qui se présente dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône » qui évoquent des possibilités d’accord, d’un dialogue au second tour avec le FN.
L’ex ministre « Thierry Mariani, chef de file des députés de la Droite populaire (…) estime qu’ « une minorité d’élus de la Droite populaire serait favorable à un rapprochement avec le FN ».
Patrick Buisson, le conseiller « qui a largement inspiré le candidat UMP » confiait pour sa part au Point une semaine avant le premier, tour qu’ « Entre l’UMP et le FN, l’affrontement aura lieu, c’est sûr. Ce sont deux locomotives lancées à toute vitesse sur les mêmes rails. Si Sarkozy est battu, la droite aura les plus grandes difficultés à reconstruire une offre politique compétitive »,
Et « dans l’état-major de l’UMP, on assure que les digues établies avec le FN ne céderont pas », une position nous l’avons vu jugée incompréhensible par la grande majorité des électeurs de droite.
« Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, répète à l’envi qu’il n’y aura pas d’alliance électorale ni de discussion avec les dirigeants du Front National ». « Si, localement, certains passaient outre la consigne, le député-maire de Meaux affirme : On en tirera toutes les conséquences au niveau national, car ce sera contraire à la ligne de l’UMP. »
Ce décalage entre les aspirations du peuple de droite et ses pseudo représentants est criant. On l’a constaté encore dernièrement avec les réactions délirantes aux propos de Bruno Gollnisch qui a simplement souligné, lors d’une conférence de presse à Hyères le 8 mai, « la lourde responsabilité dans la défaite de Nicolas Sarkozy de certains responsables de l’UMP ayant clairement déclaré qu’entre un candidat Front National et un candidat socialiste, ils voteraient pour le socialiste. J’ai dit et je maintiens que je ne voyais pas dans ces conditions comment ceux-là pourraient espérer les voix du Front National pour battre les socialistes ». Un voeu de ne pas voir se porter sur les excités du combat anti FN à l’UMP les suffrages des patriotes, qui s’est transformé dans la presse en une « liste noire » (sic).
Hormis la réaction toujours aussi pathétique de la piètre Rama Yade, première vice-présidente du Parti radical qui a évoqué alors « une liste noire que n’auraient pas désavoué les Vichystes de 40 ! », Christian Estrosi a aussitôt apporté sa pierre à l’édifice. « Vous vous rendez compte ? Le mot liste, le mot noir, tout ce que cela peut signifier, incarner dans notre histoire » (sic) . Bonne nouvelle, M Estrosi aurait donc lu au moins un livre d’histoire dans sa vie ( ?), ce qui lui fera un sujet de conversation avec Nadine Morano !
Plus connu pour ses manifestations anti-FN, entre autres lors de l’université d’été du FN en juillet dernier à Nice, et ses prises de positions communautaristes, notamment en faveur du mariage homosexuel, que pour ses qualités de décideur politique –son passage au ministère de l’Industrie en témoigne cruellement- M. Estrosi est emblématique de l’état d’esprit d’une large partie des dirigeants de l’UMP.
Mais que des militants, des cadres, des élus sincères de ce parti ouvrent les yeux, à l’instar d’Olivier Eyraud, prouve en tout cas que le règne sans partage que la gauche nous promet pour dix ans n’est pas une fatalité. Et que le FN peut être demain un élément central, incontournable de la recomposition de notre paysage politique. Il en va de la survie de la France française.