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Fermer ici, ouvrir ailleurs…

Le 3 juillet, les médias,  la classe politicienne et la majorité au pouvoir, faisaient mine de découvrir  les menaces pesant sur l’emploi des salariés en France  du groupe PSA Peugeot Citroën avec la reprise  de l’annonce diffusée par  l’agence de presse Bloomberg faisant état de la suppression probable de 8 000 et 10 000 emplois sur notre sol  cette année (10 % des effectifs du groupe dans notre pays). En juin  2011, ce blog  évoquait déjà  les informations très inquiétantes, alors  démenties, faisant état de nouvelles fermetures d’usines du groupe PSA à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Lieu Saint Amand (Nord) au profit de la Turquie ou du Maroc. D’ores et déjà,  la fermeture du  site d’Aulnay, a été officiellement annoncée. En novembre de cette même année, le PDG de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin,   annonçait que  4000 à 5000 postes allaient  être supprimés en France  et un millier d’autres en Europe, alors que la construction d’une troisième usine en Chine était envisagée. Le groupe qui  emploie 167 000 salariés en Europe, dont 100 000 en France,  a beau disposer de plus de  10 milliards d’euros de liquidités, la   contraction de  ses effectifs serait  rendue nécessaire par le reflux des ventes sur le marché européen (environ 60% des ventes de PSA) et s’inscrirait dans le plan d’économie de 800 millions d’euros que le groupe entendait  réaliser en 2012. Un plan qui vise aussi à rassurer les marchés financiers, sachant que l’agence de notation Moody’s a dégradé la note de Peugeot-Citroën …

Un  plan qui apparaît presque  « modéré » en comparaison de celui qui fut présenté en 2008 aux actionnaires dont la famille Peugeot par le prédécesseur de M. Varin,  Christian Streiff.  Il était envisagé   la restructuration de toutes les gammes du constructeur, de nombreuses  délocalisations et  fermeture d’usines,  la suppression de 20 000 postes sur trois ans…

 Aujourd’hui, au-delà des salariés de PSA,  ce sont  environ 25 000 emplois indirects qui sont menacés si on totalise également les retombées négatives pour les entreprises françaises travaillant pour le groupe. Au nom de la folle doctrine ultra libre échangiste et du refus de toutes mesures protectionnistes, ce sont plus largement actuellement  800 emplois industriels qui disparaissent en moyenne chaque jour en France.

Renouant avec la tradition du discours présidentiel du 14 juillet, François Hollande  a affirmé que  « l’Etat ne laissera pas faire »  les suppressions d’emplois annoncées chez  PSA.« Ce plan, je le considère en l’état, inacceptable (…)  il doit être renégocié », a-t-il ajouté.  L’Etat -contrairement à Renault où il détient 15% des parts-,  n’étant pas actionnaire de PSA,  il n’a  pas  compétence pour casser le plan, mais  M. Hollande a cité  trois dispositifs permettant de mettre le  PSA sous pression :  la formation professionnelle,  les crédits  (dispositifs cofinancés par l’Etat) et le  chômage partiel. Pour ce qui est  du chômage partiel, PSA est lié à l’Etat par une convention pour l’utiliser ce dispositif. Or, rappelle Le Parisien cette convention qui permet au groupe automobile de faire des économies expire prochainement, il est donc possible de la renégocier ou de ne pas la reconduire...

Arnaud Montebourg,  ministre du Redressement productif,   dans l’attente du plan de l’Etat qui sera annoncé le 25 juillet, a logiquement indiqué lui aussi qu’il n’accepte pas  le plan social de PSA dans sa configuration actuelle.  Partisan pendant les primaires socialistes de la relocalisation,  Arnaud Montebourg est il rappelé sur le site d’E&R,  « est dans une équipe qui ne compte pas remettre en cause la mondialisation et qui cherche seulement à s’y adapter. Et c’est dommage car toutes les analyses qu’il avait reprises à Jacques Sapir (proches des idées de Jean-Luc Gréau) étaient justes. Les ravages de l’euro cher, de l’ouverture anarchique du marché européen aux importations et des politiques d’austérité sauvages expliquent toutes trois la crise que traverse le secteur automobile. »

« En effet, le cas du plan social de PSA n’est pas celui d’un licenciement boursier pour augmenter les dividendes d’actionnaires cupides, mais le plan d’ajustement d’une entreprise qui a perdu tout de même 700 millions d’euros au premier semestre. Pire, PSA était resté beaucoup plus patriote que Renault en conservant 44% de sa production en France, contre 23% pour l’ancienne régie. En fait, le constructeur automobile est emporté par le marasme du marché européen. »

Dans les  faits, le ministre, «n’a aucun moyen et n’en aura aucun dans une équipe gouvernementale qui n’a pas pensé un moment rompre avec les dogmes de la libéralisation et refuse toute frontière…Arnaud Montebourg a deux possibilités. La première consiste à devenir un nouveau Chevènement en démissionnant. Mais aura-t-il l’envie de sacrifier le confort des ministères pour défendre ces idées ? S’il choisit de rester dans le gouvernement, il deviendra l’homme des belles paroles, qui aura oublié la démondialisation et le protectionnisme  pour un plat de lentilles. Nous allons rapidement voir de quel bois est fait le ministre du redressement national. Il était bien évident qu’un héritier de Jacques Delors et Lionel Jospin comme François Hollande n’allait pas remettre en cause le cadre actuel de cette mondialisation qui détruit nos emplois (…) ».

Car le cas de PSA est emblématique de la tendance  actuelle qui  voit les usines fermer  chez nous et ouvrir… loin de chez nous note Bruno Gollnisch. Une tendance qui n’est pas une fatalité comme l’a rappelé Marine Le  Pen  en janvier dernier aux ouvriers du  site historique de PSA à Sochaux-Montbéliard (Doubs).

Enfin, rappelons aussi qu’il ya trois ans, le groupe PSA avait obtenu, à l’instar de Renault, un prêt de 3 milliards d’euros afin de relancer la filière automobile en France. Contrairement à ce qu’annonçait à l’époque François Fillon, il n’y a jamais eu de donnant-donnant, à savoir de clause qui obligerait les constructeurs français à maintenir les effectifs et la production en France.  Nicolas Sarkozy en bon serviteur du mondialisme  s’était plié  aux exigences de l’Europe de Bruxelles en acceptant que les conventions de prêts avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l’approvisionnement en priorité auprès des fournisseurs installés en France. Peut-on s’attendre à un changement de cap avec M. Hollande à l’Elysée et la gauche disposant de tous les pouvoirs dans toutes les assemblées ? Il est permis d’en douter.

 

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