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UMP, le dilemme

Libération rapportait le 23 octobre que le patron de la fédération UMP de Seine-et-Marne, Christian Jacob avait demandé « l’exclusion d’un élu du département, Sébastien Chimot, qui vient de lancer une association, Ligne Droite, favorable à des discussions, voire des accords avec le Front National. »J’ai écrit ce matin en tant que président de la fédération de Seine-et-Marne pour demander qu’il soit exclu de l’UMP, car c’est en opposition complète à la ligne de l’UMP, qui a toujours été très claire: aucune alliance avec le FN », a déclaré M. Jacob lors d’un point presse à l’Assemblée nationale. Interrogé en avril dernier   sur la  non consigne de vote de   Marine Le Pen entre les deux tours de la présidentielle, M. Jacob  déclarait alors  qu’il y avait « une alliance objective du Front National avec le PS ». C’était quelques semaines avant que ses amis Laurent Wauquiez, Chantal Jouanno ou Valérie Pécresse , annoncent qu’ils étaient prêts à voter PS pour faire « barrage »  au FN…

Si cette dernière  déclaration de Christian Jacob lui  a valu    d’être salué dans les médias  pour sa « fermeté  républicaine », il l’avait été nettement moins lorsque en février 2011, de passage sur la   Radio J, il avait affirmé  que Dominique Strauss-Kahn, alors probable candidat du PS à la présidentielle  n’incarnait « pas l’image dela France, l’image dela France rurale, l’image dela France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché ».

Pour se faire pardonner ce plaidoyer en faveur de la France éternelle, M. Jacob, alors  patron des députés UMP,  avait crié au scandale quatre mois plus tard lorsque certains députés de son parti avait eu le front de présenter un pré-rapport  sur le droit de la nationalité qu’il avait jugé beaucoup  jugé trop « dur » vis-à-vis des immigrés non européens binationaux.

 Mais là aussi, il n’avait fait que mettre ses pas dans ceux  du secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, qui avait déclaré être « favorable à ce que l’on ne modifie pas la situation des Français binationaux ». Comprendre par là que les Français de papier le resteront…

 Bref, M. Jacob ne prend pas grand risque à réaffirmer ce refus de tout accord avec l’opposition nationale. L’ex ministre et porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet  avait mené la  charge au lendemain des législatives en affirmant qu’ «aucun accord, aucune alliance d’aucune sorte n’est tolérable, le FN a changé la vitrine mais c’est la même arrière-boutique et en plus il veut la mort de la droite. »

Jean-François Copé à rappelé pareillement  hier son « opposition »,  «aux alliances électorales avec le Front National », « ni locales ni nationales ». De son côté son adversaire dans la course à la présidence de l’UMP, François Fillon,  a réaffirmé  avec force que  « jamais (il ne voterait)  pour le Front National, jamais ! ».

 Pour le club Ligne droite souligne de son côté un article du Monde,  « le FN ne représente plus le danger qu’il représentait avant. Si ce n’est pas un parti républicain, il doit être dissous ; Ligne droite revendique 200 adhérents, pour la plupart sympathisants ou encartés à l’UMP. Nous sommes des gens de droite qui nous assumons. Parmi nous, il y a des élus locaux, mais pas seulement, précise son président, Alain Pérez. »

 « Du côté du FN, on regarde cette initiative avec intérêt. Après l’annonce concernant l’exclusion de Sébastien Chimot, Louis Aliot, vice-président du FN, s’est fendu d’un communiqué s’en scandalisant. M. Aliot était aussi présent, au début de l’été, pour la prise de contact avec les animateurs de Ligne droite. Jean-Yves Narquin, le frère de Roselyne Bachelot [qui a été candidat FN aux législatives], fait partie de la démarche, souligne par ailleurs M. Aliot. »

 « C’est surtout Marie-Christine Arnautu, autre vice-présidente du FN et implantée à Meaux, qui fut le go-between. Je les ai rencontrés pendant les législatives, raconte Mme Arnautu. Ils ne supportent plus cet ostracisme et le cordon sanitaire autour de Marine. Ils en ont ras-le-bol de faire passer la gauche. »

 Plus largement note Bruno Gollnisch, les électeurs  de droite, du moins les plus lucides,   n’en doutons pas  non plus,  ont aussi certainement ras-le-bol de l’alliance objective existant depuis des décennies entre la droite et la gauche mondialistes.

L’aggiornamento de la droite dite de gouvernement est-elle possible ? A écouter hier soir le débat télévisé  sans relief  opposant M. Fillon à M.  Copé il est permis d’en douter.  Les électeurs de l’UMP  sont en tout cas demandeurs d’autres orientations politiques.

 Un   sondage Ifop publié en mai dernier indiquait  que 48% des sympathisants de l’UMP (12 points de plus qu’en 1998) et 72% de ceux du FN (62% en octobre 2010, 77% en mai 2012) souhaitaient que des « accords électoraux » aux élections locales soient passés entre les deux formations.

Une enquête d’opinion réalisée par  Ipsos entre les deux tours des élections législatives en juin,  confirmait cette tendance :  66 % des électeurs de l’UMP étaient favorables à des accords de désistements mutuels avec le FN pour faire battre la gauche. Et selon un sondage OpinionWay  paru le 4 octobre, 30 % des sympathisants de l’UMP se disent même favorables à une alliance avec l’opposition nationale, dans le cadre des  prochaines élections municipales de 2014.

 

 

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