En France, le « moteur de recherche et le service d’Actualités de Google « sont à l’origine de près de 40% des visites sur les sites d’informations, selon une étude d’AT Internet » est-il encore précisé. Ce poids prépondérant de Google illustre aussi de manière éclatante l’influence d’entreprises de dimension mondiale dans la vie de nos nations.
Il y a près de dix ans, dans son « Dictionnaire technique et critique des nouvelles menaces », Xavier Raufer, relevait que « sur les cent plus fortes puissances économiques du monde, cinquante et une ne sont plus des Etats-nations, mais des multinationales ; les 20 principaux groupes mondiaux représentent à eux seuls près de 30% de l’activité économique planétaire ; les 500 premiers groupes mondiaux représentent 70% du Commerce mondial »
A l’occasion du différend opposant Google à la presse, au monde de l’édition en France et dans d’autres pays européens, certains ont relevé, comme il l’ a été écrit sur le site du Nouvel Obs , qu’il s’agirait aussi plus largement de « mettre en commun un fonds numérique des bibliothèques universitaires françaises et de donner un droit d’accès aux étudiants à ce catalogue numérisé ce qui permettrait de ne plus passer par Google qui prélèverait comme à chaque fois une partie de la valeur. »
« Il existe donc des solutions pour court-circuiter Google. Mais en tardant à développer la bibliothèque numérique Europeana, qui n’en est qu’à ses balbutiements, C’est Google qui sort gagnant. »
En 2009 déjà, Bruno Gollnisch était intervenu au Parlement européen à ce sujet. Il relevait que « la numérisation du patrimoine écrit européen à des fins de conservation, de mémoire, mais aussi de diffusion et de rayonnement, l’accès des Européens à leur formidable culture, sont des enjeux majeurs dans lesquels les autorités publiques devraient s’impliquer davantage. »
« Aujourd’hui poursuivait-il, Google est dans le collimateur, parce que sa stratégie commerciale consiste à tenter de se donner un avantage décisif et durable, en monopolisant, non pas le contenu d’une bibliothèque virtuelle mondiale, mais l’accès à ce contenu, et en supportant en échange le coût de la numérisation. »
« Mais la vraie question est la suivante: quelles sont les alternatives qui existent en Europe? Le site Europeana (…), ne contient que 5 % des œuvres numérisées en Europe. La moitié de son contenu provient de fonds français, pays pour une fois à la pointe avec Gallica , le portail de la Bibliothèque nationale de France, et avec l’INA. »
« Car les financements sont dérisoires par rapport aux besoins. Google est prêt à investir 15 millions d’euros par an pour numériser rapidement jusqu’à 20 millions d’ouvrages en dix ans et les rendre accessibles. Combien sommes-nous prêts à mettre sur la table? Sans réponse à cette question, Google sera – je le crains – concluait-il, le seul opérateur capable de répondre aux besoins des bibliothèques elles-mêmes. »
Nous y sommes et cet épisode est un nouvel exemple des ratés de cette Europe bruxelloise hémiplégique qui non contente d’abaisser les souverainetés nationales, se refuse à défendre son indépendance.
Autre cas patent de cette frilosité de l’Europe, le projet Galileo, ce système européen indépendant de radionavigation par satellite, système permettant en toute hypothèse à l’Europe de bénéficier de la première infrastructure de positionnement par satellite à l’échelle mondiale . Ce qui lui apporterait une autonomie économique et stratégique par rapport à l’hégémonique système GPS américain.
Vendredi dernier, le lanceur russe Soyouz ST-B , depuis le Centre spatial guyanais à Kourou, a placé en orbite deux satellites de télécommunications Galileo-IOV. A terme, Galiléo comprendra 30 satellites –contre quatre aujourd’hui- , soit six appareils de plus que le GPS. Les concepteurs du projet Galiléo, affirment qu’il assurera une plus grande précision que le GPS, le GLONASS et le futur système chinois Compass.
Notons que le retard faramineux prix par ce projet découle des tergiversations et d’imbroglios politico-administratifs pour parvenir à la création de ce système. En 2005, les élus frontistes au parlement européen relevaient qu’au moins cinq ans avaient été perdus du fait de la méthode choisie : partenariat public-privé, coopération internationale au delà de l’Union européenne, participation impérative de tous les Etats-membres, rôle imposé de la Commission européenne…
D’ailleurs dans les faits, soulignait Bruno Gollnisch , Galiléo est à mettre « au crédit de l’excellence de nos scientifiques, ingénieurs, chercheurs Français et Européens, le fruit d’une coopération concrète menée hors du cadre de l’Union européenne comme ce fut le cas pour les échanges culturels Erasmus, la fusée Ariane, l’avion Airbus, l’ anneau franco-suisse étudiant la structure de la matière menées par le Centre européen de recherches
nucléaires… »
Pour ce qui est de la liberté apparente que donne Galiléo aux Européens, il convient de préciser encore que celle-ci laisse apparaître une faille quant à l’autonomie politique.
En effet, Galiléo a une vocation purement civile et laisse l’Europe dans la dépendance du système militaire américain pour les applications de défense et rien ne garantit réellement la continuité du service dans des cas de crises majeures et de conflits armés.
Aujourd’hui comme hier, les instances européistes et ses supplétifs UMP ou PS en France n’entendent pas s’émanciper de la tutelle du Nouvel ordre mondial, et de son bras armé de l’Otan.