Le même jour, une nouvelle rencontre entre François Fillon et Jean-François Copé n’a pas permis de sortir l’UMP de la crise. Le RUMP, groupe dissident de 72 députés créé par M. Fillon, s’est vu officiellement doté mardi d’un temps de parole lors des débats à l’Assemblée. Les deux hommes doivent se revoir aujourd’hui, pour répondre à l’ultimatum de Nicolas Sarkozy qui menace de les désavouer publiquement s’ils ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente.
Désaveu et humiliation qui frappent également les socialistes au pouvoir qui eux, ont baissé culotte devant un président de multinationale ; le symbole est révélateur de la dégringolade de l’Etat français.
Le document révélé par Le Monde sur l’accord -que Matignon a refusé de publier-. signé entre Arcelor-Mittal et le gouvernement au sujet de l’avenir du site de Florange (Moselle) en apporte une navrante confirmation. La réunion prévue aujourd’hui à 18h entre les syndicalistes et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, s’annonce houleuse.
Dans ce document « il est ainsi indiqué que les 180 millions d’euros d’investissements sur cinq ans promis par Arcelor-Mittal seront certes réalisés de manière inconditionnelle », « mais les investissements stratégiques ne représenteront que 53 millions d’euros de l’ensemble. »
« Tout le reste, ce sera le flux d’investissements courants, les investissements de pérennité, santé, sécurité et progrès continu, et la maintenance exceptionnelle, c’est-à-dire un vaste fourre-tout où à peu près tout et n’importe quoi peut être comptabilisé, et notamment les frais de maintenance. Exactement ce que craignaient les syndicats, qui accusent Lakshmi Mittal de vouloir faire passer pour une concession de sa part des dépenses qu’il était de toutes façons obligé d’effectuer. »
Dans le quotidien berlinois Die Tageszeitung rapporte Courrier international, le journaliste Rudolf Balmer explique cruellement que « les sidérurgistes de Lorraine ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils ont pris les promesses de campagne du socialiste François Hollande au pied de la lettre ».
« N’y avait-il vraiment rien d’autre à obtenir qu’un compromis boiteux ? Il est à coup sûr décevant pour les électeurs de gauche et les syndicats de voir leur gouvernement reculer, la queue basse (…). Paris s’est payé de mots alors qu’il ne pouvait pas suivre, ni politiquement, ni financièrement. Du fait de son endettement massif, l’Etat français est vulnérable aux pressions et n’a pas les moyens d’investir dans l’industrie sidérurgique. »
« Du reste, poursuit-il, un plan de sauvetage public de Florange risquait de créer un précédent qu’invoqueraient – à bon droit – tous les autres secteurs touchés par la crise. » Aides que Bruxelles de toute façon interdit généralement aux Etats membres au nom de « la concurrence libre et non faussée »…
Le ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui est aussi une élue de Moselle, a déclaré mardi qu’elle n’a « pas de confiance » dans la parole de l’industriel Lakshmi Mittal. Une déclaration totalement vaine puisqu’il s’agit ici d’un constat d’impuissance et qui intervient le jour ou, par une habile ( ?) manœuvre de diversion, était inaugurée, comme à Dubaï avant elle, une antenne du Musée du Louvre à Lens (Pas-de-Calais). Un beau cache-misère pour une région laminée par des décennies de politique euro mondialiste, d’ultra libre échangisme, de refus de tout protectionnisme et de barrières douanières.
Nous en voyons aujourd’hui le résultat. Le site Les Quatre vérités relevait hier que « les chiffres du chômage au mois d’octobre sont tombés cette semaine. Au cours de ce mois, 71 500 personnes se sont trouvées sans emploi. Et, depuis 18 mois, le nombre des demandeurs d’emploi français a augmenté tous les mois. Il atteint, fin octobre, 4,87 millions. Rappelons que le nombre de Français âgés de 20 à 64 ans est de 37 millions d’habitants. » Un « chômage qui touche particulièrement deux catégories de la population : les vieux de plus de 50 ans, et les jeunes. »
Dans son livre d’entretien « Une volonté, un idéal, » Bruno Gollnisch soulignait qu’ « au cours des trente dernières années, la France a vu disparaître complètement, ou peu s’en faut, son industrie minière, presque toute sa sidérurgie, ses constructions navales, les trois quarts de son industrie métallurgique de base, de sa fabrication de machine-outils, de son industrie textile. Elle est totalement absente de l’optique et de l’électronique grand public, elle ne fabrique pas un seul téléviseur, lecteur DVD, pas un seul appareil photo, ordinateur, alors que des millions de ces objets sont vendus sur son territoire. »
« Bien pire, les partis de gauche et de droite qui se sont succédés au pouvoir ont consenti à une telle situation, parce qu’ils croyaient, peu ou prou, aux vertus indéfinies de la division internationale du travail. Mais la division internationale du travail comporte des risques considérables pour l’indépendance et même pour l’identité d’une nation, sa culture, son équilibre social. »
« Acceptons-nous un monde dans lequel certaines nations, par exemple en Extrême-Orient, seront spécialisées dans la fabrication des composants électroniques, d’autres, comme la Mauritanie, dans l’extraction de phosphates ou du minerai de fer, d’autres encore comme le Guatemala dans la culture de la banane ? Et en quoi d’ailleurs la France se spécialisera-t-elle ? Dans le tourisme ? »
A cette aune Mme Filipetti et ses amis du gouvernement pourront certes toujours proposer de multiplier les antennes du Louvre pour attirer les touristes dans une France sans industrie, dans nos régions transformées définitivement en musées et dans lesquelles existeront encore des réserves de souchiens…pour faire de belles photos. Est-ce l’avenir que nous voulons pour nos enfants, cette chute sans fin de notre pays?