Le chef de l’Etat a affirmé à Alger son souhait d’ouvrir « un nouveau chapitre », un « nouvel âge », dans la relation entre les deux pays. Il a signé avec son homologue Abdelaziz Bouteflika ont mercredi soir une « Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie », notamment pour distribuer des visas supplémentaires, ouvrir encore plus, à nos frais, l’accueil des étudiants algériens sur notre sol …
Une invitation à dépasser les vieux antagonismes a-t-il précisé, qu’il formulera de nouveau aujourd’hui devant les parlementaires algériens. D’ores et déjà une dizaine de partis politiques algériens, dont quatre islamistes, ont dénoncé « le refus des autorités françaises de reconnaître, excuser ou indemniser, matériellement et moralement, les crimes commis par la France coloniale en Algérie. »
Le Nouvel Obs le rapporte, une large majorité d’Algériens souhaite désormais une normalisation des relations avec notre pays, 57% se disent favorables à une relation « exemplaire » avec la France. En France une même enquête d’opinion indique que 35% des sondés estiment que François Hollande ne devait pas présenter d’excuses à l’Algérie, 13% jugent qu’il devait le faire et 26% y sont favorables à « condition qu’Alger présente des excuses au sujet des pieds noirs et harkis ».
Alors Premier secrétaire du PS, M. Hollande avait déclaré que notre pays devait « encore des excuses au peuple algérien ». Interrogé sur France 2 mercredi sur le refus qui est désormais le sien d’en présenter, il a répondu : « moi je suis président de la République, j’engage la France, je n’engage pas le parti (socialiste) ».
PS qui lui, par la voix notamment d’Elisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée, a déclaré « qu’en Algérie, le colonialisme a produit des tragédies qui ont broyé des gens. Je pense que c’était en effet un système condamnable »
Des relations pacifiées et normalisées avec l’Algérie sont du ressort des intentions louables a déjà rappelé Bruno Gollnisch, mais on ne bâtit rien de solide et de viable sur le mensonge et sur la haine.
Haine de l’œuvre accomplie par la France en Algérie qui est encore enseignée, martelée aux jeunes Algériens dés l’enfance et à l’école du FLN au pouvoir. FLN sous le règne duquel 200 000 algériens ont été tués pour avoir refusé le parti unique, rappelons le au passage, FLN que M. Hollande s’est engagé à aider à intégrer l’Internationale socialiste… « l’organisation mondiale des partis sociaux-démocrates, socialistes et travaillistes… »
Et il serait stupide de nier que cette éducation-propagande là n’est pas non plus sans incidence, en France même, sur la « mentalité » de beaucoup d’Algériens qui constituent la plus forte communauté étrangère vivant sur notre sol.
La vérité c’est que la conquête française en 1830 a permis de chasser d’Algérie le colonisateur ottoman, de mettre fin aux raids de la piraterie barbaresque, de libérer des dizaines de milliers d’esclaves. La vérité c’est que la présence française a permis de soigner sa population -un million en 1830 à plus de 10 millions d’habitants en 1962 – de construire des hôpitaux (160 en 1962), de multiplier les écoles sur tout le territoire, d’alphabétiser la population, de transformer ce pays en friche en une terre agricole riche et prospère. La France en Algérie ce fut aussi l’irrigation du pays, la construction de 12 barrages, de 23 ports, 23 aéroports, 34 phares, la création d’un réseau routier de 54 000 kms…
Au nom de la réconciliation franco-algérienne, M. Hollande rendra hommage aujourd’hui au militant indépendantiste Maurice Audin dont une place porte le nom à Alger (comme à Paris). Jeune prof de maths de 25 ans, marié père de trois enfants, Audin était membre du Parti communiste algérien (PCA) qui soutenait et aidait les poseurs de bombes qui tuèrent, mutilèrent des dizaines de nos compatriotes civils, hommes, femmes et enfants pendant la bataille d’Alger en 1957. Arrêté à son domicile par les paras à Alger le 11 juin de cette même année, Maurice Audin ne fut jamais retrouvé.
Certes, rappelons le, le drame des Français d’Algérie n’est pas de la seule responsabilité du FLN mais aussi du pouvoir gaulliste et des partis du Système dont les héritiers tiennent toujours aujourd’hui les rênes du pouvoir. Un De Gaulle qui en plein déni du réel et/ou d’une insensibilité criminelle, quasi pathologique, à l’égard de la souffrance de ses compatriotes, affirma crânement en public le 14 juin 1963 que l’exode des pieds noirs « s’est passé sans heurt, sans drame et sans douleurs » !
Un De Gaulle rapporte Alain Peyrefitte dans son livre de témoignage sur le « grand homme » -« C’était De Gaulle », Arthème Fayard- qui, après mars 62, alors que les troupes françaises encore présentes ont l’ordre de ne pas intervenir pour empêcher les massacres de civils, cite un vers du poète latin Lucrèce : « il est doux, quand les vents tourmentent les vagues sur la vaste mer, de contempler les épreuves d’autrui du haut d’un promontoire »…
Bref, le devoir de mémoire et de réconciliation ne saurait être à sens unique. Et Bruno Gollnisch constate que si l’Algérie FLN ne s’est jamais repentie pour les 150 000 harkis sauvagement torturés puis assassinés, ils ont été livrés aux couteaux des égorgeurs par la République Française et la fausse paix des Accords d’Evian.
Faut-il rappeler notamment le témoignage du révérend Père Michel de Laparre –voir le dernier numéro de La lettre de Veritas– sur la tuerie d’Oran le 5 juillet 1962, avec la complicité passive des autorités françaises. Une journée au cours de laquelle « des centaines d’Européens » furent « étouffés dans des fours, gelés dans des frigidaires, crochetés aux Abattoirs, vendus dans des boucheries, sciés dans des menuiseries, découpés et mangés par des Mauresques arborant des ceintures de peaux. Des enfants ont été ficelés dans des sacs de pommes de terre, jetés sur la chaussée, écrasés par des camions ou aplatis contre des murs. Et combien de femmes et de jeunes filles ont subi les pires sévices, presque toujours jusqu’à la mort ! »
L’Algérie FLN et la France gaullo-socialiste de ces cinquante dernières années se sont entendues pour mettre une chape de plomb sur l’assassinat de 13 000 pieds-noirs, victimes civiles, disparues ou massacrées (lire l’ouvrage du capitaine M.L Leclair, « Disparus en Algérie » , aux éditions Grancher) dont plus de la moitié après le 19 mars 1962, date théorique de la fin des hostilités.
Autant dire que Bruno Gollnisch ne se satisfait pas plus aujourd’hui qu’hier, des vrais mensonges des uns et les demi-vérités des autres.