Pas bien formée pour affronter la gauche et représenter le peuple de droite : telle est aussi le problème de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris pour les municipales, qui tente de porter la contradiction à sa principale adversaire, la socialiste Anne Hidalgo.
Pourtant, une lecture superficielle du dernier sondage Ifop pour le JDD publié en fin de semaine pourrait faire croire que NKM a réduit considérablement l’écart avec Mme Hidalgo, laquelle obtiendrait 36,5% des voix contre 35% pour la candidate de l’UMP au premier tour. Dans la perspective d’un second tour qui opposerait les deux femmes, la socialiste l’emporterait par 52,5% des voix contre 47,5%.
Petite parenthèse, rappelons la singularité des municipales dans la capitale où comme à Lyon et Marseille, les électeurs votent par arrondissement. Ce sont les conseillers de Paris, désignés par les scrutins par arrondissement, qui élisent le maire. Ainsi un candidat minoritaire en voix, comme le fut Bertrand Delanoë en 2001, peut très bien se retrouver élu maire de Paris, s’il s’impose dans des arrondissements décisifs qui permettent « d’empocher » les suffrages de beaucoup de conseillers de Paris ; ce fut le cas il y a douze ans avec la victoire de la gauche dans le 12ème arrondissement.
Mais l’enseignement le plus intéressant de cette enquête Ifop, est bien la montée très sensible des intentions de vote en faveur du Front National et de son candidat Me Wallerand de Saint-Just, Trésorier du FN et membre de son Bureau Exécutif.
Il progresse de trois points par rapport au sondage de ce même institut en date de juin dernier. Et s’impose ainsi comme la troisième force politique dans la capitale devant l’européiste du MoDem, Marielle de Sarnez (6,5%), le délicat Ian Brossat du Front de Gauche de (6%), l’écolo-gauchiste Christophe Najdovski (6%) et le représentant de l’UDI de Jean-Louis Borloo, Christian Saint-Etienne (3%).
Or comme le note aussi Le Parisien, « Dans certains arrondissements de l’ouest parisien, comme le 16e ou le 15e, le FN enregistre des intentions de vote supérieures à 10%. Si de tels chiffres se traduisaient dans les urnes, voire s’amplifiaient, des triangulaires pourraient avoir lieu dans quelques arrondissements. Un tel scénario pourrait avoir une influence sur la tonalité de la campagne municipale. Alors que Nathalie Kosciusko-Morizet préfère plutôt élargir son discours au centre, convaincre les électeurs frontistes pourrait s’avérer décisif dans la quête de la mairie de Paris. »
Paniqué par cette percée du vote national dans la capitale, dans laquelle le précédent trésorier du FN, Jean-Pierre Reveau, fut Conseiller de Paris de 1995 à 2001, le camp NKM ressort les vieilles ficelles. A l’instar du Porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet pour les municipales de 2014, le Conseiller de Paris et Conseiller régional Pierre-Yves Bournazel. Il affirme dans le JDD que la bobo NKM et ses communicants vont tenter de contrer le FN en « (faisant) d’ailleurs bientôt des propositions très fortes sur la sécurité » (sic) et en affirmant que « seule NKM peut battre Hidalgo à Paris », qu’ «il est évident que la montée du FN fait le jeu de la gauche ». Le bla-bla habituel.
Toujours dans le JDD, Wallerand de Saint-Just note plus justement que cette percée du FN dans la capitale se fait au nom des mêmes raisons que dans le reste du pays (insécurité, immigration, fiscalisme confiscatoire…).
Sachant précise-t-il, qu’«à Paris, il y a deux grandes catégories d’électeurs pour le FN. L’électorat populaire et les classes moyennes, et toute une frange bourgeoise qui a des craintes et qui ne se reconnaît plus dans l’UMP et encore moins dans sa candidate, Nathalie Kosciusko-Morizet (…). NKM a peut-être beaucoup de qualités mais je ne pense pas qu’elle soit la candidate idoine à l’heure actuelle contre Anne Hidalgo. Marine Le Pen a parlé de sœur jumelles, c’est vrai !».
« NKM a commis l’erreur de traiter les responsables du FN comme des moins que rien et de refuser de leur parler. Elle a même écrit un bouquin pour le dire. C’est un peu insulter l’avenir » constate Wallerand qui fait référence au petit livre, (dans tous les sens du terme), commis par NKM avant la présidentielle, « Le Front antinational ».
Comme dans une réunion du PS ou du Front de Gauche, NKM ânonnait dans celui-ci que « le FN est une menace pour nous, pour nos enfants », qu’il a «toujours défendu des thèses xénophobes et populistes, à commencer par « la préférence nationale », que « Marine Le Pen est , un mensonge ». « Le FN peut bien se cacher, se masquer, prendre les traits avenants d’un sourire, d’une blondeur, d’un prénom », « le vote FN tient du suicide politique », « le Front National refuse la République ».
Dans cet opuscule, Mme Kosciusko-Morizet expliquait aussi qu’elle voulait «protéger le modèle familial et social traditionnel», la famille « ciment de notre société », son refus « de céder de manière béate à toutes les nouveautés »….Pourtant, on s’en souviendra, elle a refusé de voter contre le mariage et l’adoption pour les couples homosexuel, « avancée sociétale » rejetée par les électeurs traditionnels de l’UMP à Paris qui ont défilé en masse aux côtés des sympathisants du FN contre la loi Taubira.
Nathalie Kosciusko-Morizet note Bruno Gollnisch se situe dans la pire tradition chiraquienne du « cordon sanitaire » contre l’opposition nationale. Elle a appelé plusieurs fois à l’établissement d’un front ripoublicain, c’est-à-dire au vote PS pour faire barrage au FN.
Il est évident que les électeurs de la droite de conviction ne pourront pas voter au premier tour des municipales pour cette adversaire acharnée des défenseurs de notre identité et souveraineté nationales, des valeurs traditionnelles de notre civilisation. Et les électeurs nationaux n’auront aucune raison légitime de le faire en cas de présence éventuelle de cette dernière face à sa « sœur-jumelle » du PS au second tour. NKM ne sera pas élue maire de Paris.