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Apple tu charries

Apple-III

Apple III

Apple vient de présenter une nouvelle version de l’iPhone 5, dont on n’est pas certain qu’elle révolutionne la donne actuelle. Les successeurs du regretté Steve Jobs auront-ils son audace créatrice ? Quoi qu’il en soit, cela me fait penser qu’entre Apple et moi c’est une histoire d’amour, mais c’est une histoire d’amour tumultueuse, où l’affection le cède parfois à l’irritation. Une histoire qui ne date pas d’hier : je n’ai pas été l’utilisateur du fameux Apple2, mais j’ai bien été l’une des victimes du « fabuleux » Apple III, qui coûtait une fortune, et qui fut enterré peu de temps après sa sortie, sans avoir répondu en quoi que ce soit à l’attente des acheteurs.

J’ai à peu près tout connu — et tout acheté ! — des gammes suivantes : le LC III, le Mac SE, le premier Mac portable qui devait peser sept ou huit kilos, et qui affichait péniblement 20 lignes en noir et blanc, le « Centris » et le « Quadra », le « Performa », l’iMac G3, qui se présentait sous forme de gros œufs de différentes couleurs, du bleu des mers du sud au rouge cerise, le G4, dont le socle avait la forme d’un demi-ballon, et dont l’écran pivotait pour passer de l’horizontal au vertical, mais dont la fiabilité laissait à désirer, l’iMac 24 pouces, les PowerBook et MacBook ou MacBookPro de toute nature…

Le point où je veux en venir est le suivant : bien sûr Mac c’est formidable, c’est convivial, c’est innovant. Mais est-ce que de temps à autre Apple ne se paie pas aussi la tête du client ? Et la passivité dudit client, cocu et content, n’a-t-elle pas de quoi surprendre ?
Les plus anciens, dont je suis, hélas ! gardent en mémoire l’échec du fameux Notepad Newton. Certes, tout le monde peut se tromper. Mais aujourd’hui, par exemple, on se gargarise de la fort jolie et très agréable tablette iPad, et les fameuses « Keynotes » de la Maison ne sont pas moins enthousiastes pour vanter les mérites du MacBookAir. Qu’il me soit permis d’introduire une nuance : l’iPad est un gadget, merveilleux peut-être, mais c’est un gadget : faute de sortie USB, la connectivité reste des plus réduites. Pas de branchement sur imprimante. Bien sûr on peut saisir des documents sous Pages. Mais n’est-il pas ahurissant que, d’entrée de jeu, on n’ait pas pu transférer et travailler les fichiers Word et Excel qui forment 90 % des documents de nos ordinateurs. Toutefois, je concède qu’il incombe à Microsoft de ne pas avoir développé Microsoft Office sur iOS. Quantité d’autres logiciels y demeurent inaccessibles ou inutilisables. Cela serait possible techniquement, et à faible coût, mais Apple le fait évidemment exprès, pour contraindre ses clients à acheter plusieurs « bécanes ».

Si l’on est condamné à une existence nomade, et que l’on veut faire un travail sérieux, alors il faut acheter un MacBookAir.
Il y avait pourtant une gamme, sortie il y a presque 20 ans déjà, brutalement interrompue quatre ans plus tard sans un mot d’explication ni d’excuse, selon la pratique habituelle de la Maison, et qui comblait les besoins de ceux qui sont astreints à la mobilité : c’était le PowerBookDuo : un petit portable extrêmement léger (pour l’époque), dont les connexions étaient réduites au strict minimum (cependant plus complètes que celles de l’iPad, ça n’est pas difficile !), et que, rentré chez soi, l’on insérait d’un simple clic dans une station d’accueil, avec grand écran, sauvegarde (à l’époque : lecteur de disquette, deuxième disque dur, logiciel de synchronisation fourni en série d’une parfaite simplicité et totalement automatique). Là encore, ceux qui ont acheté ce matériel, privé d’évolution et de réassortiment, en ont été pour leurs frais…

Et que dire des connectiques d’Apple ! Pour ma part, je n’ai pas oublié que, quand on est passé sans transition de la petite prise ronde dite « port série » au port USB, il a pratiquement fallu mettre à la décharge tous les périphériques (je venais d’acheter à prix d’or une coûteuse imprimante jet d’encre grand format haut de gamme qu’aucun adaptateur n’a jamais pu faire fonctionner !…). Et cela, bien sûr sans un mot d’explication, sans préavis, et sans le moindre effort pour faciliter la transition à la clientèle. On est en train de nous refaire le coup avec FireWire. Et je ne suis pas absolument certain que Thunderbolt soit promis au brillant avenir qu’on lui prédit.
Que les choses soient claires : je ne conteste pas les changements dus aux évolutions de la technique, qui conduisent à laisser de côté ce que l’on utilisait jusque là. Je conteste la désinvolture d’Apple, le manque d’information sur le long terme de la clientèle, résultant de la pratique du secret observée par la firme, l’absence totale d’offre permettant d’organiser des transitions, dans le but évident de contraindre les possesseurs de matériels et de logiciels à se renouveler au prix fort, le bridage artificiel de certains matériels, destiné là encore à obliger à l’achat de plusieurs équipements, là où un seul suffirait, etc.

Ne parlons pas des mises à jour du Système, aux améliorations soi-disant mirifiques, mais en fait le plus souvent modestes, dont les diverses étapes nous ont fait visiter toute la faune féline, mais aussi, mais surtout, racheter des logiciels qui, comme par hasard, ne sont plus compatibles avec la nouvelle version dont on attendait monts et merveilles, non sans déceptions presque à chaque fois !
Le passage du système Mac OS 9 au système 10 n’a été facile pour personne ; l’avantage essentiel consiste surtout selon moi dans la fonction forcer à quitter qui permet d’éviter les « plantages » répétés, suivis de redémarrages obligés, auxquels nous contraignaient souvent les conflits d’extension de l’ancien système 9. Pour le reste, je gage que 90 % des utilisateurs se seraient fort bien passés des fonctions d’Administrateur et d’Utilisateur référencé, des dossiers Bibliothèques Documents, etc. dont les manipulations et la complexité ont malheureusement obéré ce qui faisait, par rapport à Windows, l’atout majeur du système : sa simplicité.

Alors, chers messieurs de Cupertino, un beau geste : faites-nous enfin un bel appareil, comme vous savez en faire, un super iPad, mais qui aurait cette fois-ci toutes les connexions nécessaires, et à partir duquel on pourrait utiliser les logiciels que nous avons achetés au prix fort, sans être contraints à les racheter ou à de coûteuses mises à jour ! Un appareil qui s’insèrerait, sitôt rentré à la maison, dans un dock comportant grand écran, lecteur/graveur de DVD, mémoire de sauvegarde, et pourquoi pas imprimante/scanner, etc. Faites-le vite, avant que HP, qui a sorti la tablette transformable en ordinateur, ou Samsung, qui commence à vous tailler des croupières, ne le fassent.
Ne craignez pas pour autant la baisse de votre chiffre d’affaires : je gage qu’il se vendrait bien, cet outil enfin complet, qui nous dispenserait de tous les câblages, et qui nous permettrait de retrouver ce qui a fait le principal atout de la maison Apple : la simplicité, et la convivialité qui en découle…

Bruno Gollnisch

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