M. Cypel on s’en souvient, bénéficia en août du petit quart de gloire médiatique qu’Andy Warhol prédisait à chacun lorsqu’il avait fait beaucoup de mousse autour d’une réflexion de Bruno Gollnisch constatant que son immigrationnisme échevelé était particulièrement déplacé de la part d’un « Français de fraîche date ». A l’image de « ces gens que vous invitez chez vous et qui, une fois qu’ils y ont pris pied, veulent faire venir un peu tout le monde ».
Ce Libano-Polono-Brésilien a été en effet naturalisé en 1998, à l’âge de 23 ans. Bruno visait ici en particulier les fulminations de cet apparatchik socialiste contre les Français « qui trouvent quand même qu’il y a un peu trop de nomades qui viennent en France ». Il semblerait donc que le brave Eduardo ait changé d’avis à six mois des élections municipales en apportant son soutien implicite aux réflexions de M. Valls…
Dans un article publié sur le site Boulevard Voltaire dont nous nous étions fait l’écho, Joris Karl notait qu’Eduardo Rihan Cypel « représente physiquement la suffisance, de plus empesée d’approximations, dans chaque débat télévisé ». ce dernier est en effet un «clone fascinant du politiquement correct, dès qu’un micro se tend (…): République , métissage, extrême droite jusqu’à plus soif. »
« Quant à son honnêteté intellectuelle, ou sa myopie manifestement doublée d’une forte presbytie, on repassera, surtout lorsque affirmant sur Radio Classique qu’il y a des drapeaux à croix gammées dans les défilés du Front National… ». Et qui a laissé dire par ses amis politiques que c’était ses racines juives qui expliquaient qu’il avait été épinglé par Bruno Gollnisch, ce qui est là aussi un sommet de malhonnêteté intellectuelle, pour rester poli.
Le propos de ce député PS rapportés par Tom Lanneau sur le bondyblog, d’un comique savoureux certainement involontaire, ne dissipent pas le portrait qu’en dressait Joris Karl.
Sur la Syrie d’abord. « Qui a dit que la vie des députés se résumait aux fêtes et aux cérémonies ? » note avec un humour vachard M. Lanneau qui écrit qu’ « Eduardo Cypel déclare être particulièrement occupé par la gestion du dossier Syrien. Soutien inconditionnel pour une intervention dans ce pays » sous formes de frappes militaires aériennes, « il dit détenir des preuves indéniables de l’utilisation d’armes chimiques par Bachar el-Assad. »
Il est aisé d’en déduire que les preuves de M. Cypel se résument aux déclarations de Laurent Fabius calquées sur celles d’un John Kerry et aux bulletins d’informations de CNN et de Fox news puisque lesdites preuves n’ont pas été apportées par les enquêteurs de l’ONU dépêchés sur place.
D’une humilité et d‘un dévouement à la chose publique qui forcent le respect, M. Cypel explique qu’il a tenu à étayer ses études de philosophie en passant le concours de Science Po Paris : « je voulais renforcer mon cursus universitaire (…), car un philosophe se doit de bien comprendre l’histoire et les enjeux économiques ».
M Cypel nous apprend qu’il est donc « philosophe ». Un amour de la sagesse qui l’a conduit à cette prise de conscience citoyenne très originale l’amenant à faire carrière au PS pour laver l’affront de l’élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie le Pen lors de la présidentielle de 2002. « Alors , raconte-t-il , je me suis dit coco, tu peux pas uniquement vouloir jouer les intellos dans la cité, il faut à un moment être utile au combat politique pour que la gauche retrouve la place qui lui convienne dans la politique française ».
« Je crois dit-il encore, que la réussite d’un combat politique dépend de l’abnégation, de la détermination et des convictions profondes . Il conclut avec un large sourire : « Est-ce que j’ai ces qualités ? C’est à la presse de me le dire ». Poliment, le journaliste du bondyblog se garde bien de répondre à cette question embarrassante…
M. Cypel s’épanche ensuite longuement sur Bruno Gollnisch et le FN, en expliquant qu’il y a un « effet Gollnisch ». « Il a libéré la parole raciste, souligne-t-il avec dépit. »
Courageux mais pas téméraire, il affirme de manière alambiquée que si il a refusé tout débat public avec le député frontiste en manque de présence médiatique, c’est parce que lui n’ a pas besoin (de Bruno) « pour sa visibilité médiatique ». Depuis que je suis porte-parole du parti socialiste, il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait une émission télé, radio ou la presse écrite qui vienne me solliciter. D’autant plus que ce n’est pas agréable d’être attaqué sur son identité et son histoire personnelle ».
Si ce « parlementaire se targue d’être en première ligne de défense républicaine face à l’extrême droite », c’est bien surtout la trouille de la confrontation d’idées notamment sur le terrain de l’immigration (certains au PS ont dû lui conseiller d’éviter de se faire ridiculiser) qui explique ce refus. Il tente une justification assez pathétique en affirmant son souhait de « ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence dans lequel ce monsieur m’appelait. »
En effet, «la seconde alternative proposée par Bruno Gollnisch, pareil à un mousquetaire, c’est le duel à l’épée ! À cette proposition, Eduardo Cypel répond sèchement, perdant son sourire: j’ai passé l’âge de tomber dans les provocations d’un vieux monsieur d’extrême droite ». Si M. Cypel a apparemment passé l’âge de faire du sport, il reste maître dans l’art de donner des leçons de républicanisme, masque commode de tous ceux qui sont incapables de ressentir charnellement ce qu’est la France, en se réfugiant dans l’abstraction, derrière les immortels principes universalistes.
Notre philosophe des lumières croit aussi savoir que Bruno Gollnisch, «est dans la droite ligne de l’extrême droite française (…) Ces gens-là n’ont rien compris à notre nation et me refuseront toujours le droit d’être un français comme les autres. C’est contraire à l’esprit de la République française ».
Et M. Cypel d’enfoncer le clou : « le FN reste fidèle à lui-même, contrairement à ce que raconte madame Le Pen. Un parti avec une idéologie raciste qui veut faire le tri parmi les Français en fonction de leurs origines. Elle n’a pas condamné les propos de Bruno Gollnisch (…) ce qui prouve qu’elle consent à ce qu’il a dit ».
« Selon le porte-parole socialiste, cette non-intervention démontre que la présidente du Front National et le député européen se partagent les tâches de manière efficace : l’un dédiabolise l’image sulfureuse du parti, tandis que le second promulgue des idées ouvertement xénophobes. »
A défaut d’oser la confrontation d’idées, le courageux député PS a décidé de se ridiculiser dans les prétoires en déposant « en septembre » une plainte contre Bruno Gollnisch. « Il ne faut pas laisser passer cette attaque ni sur plan politique, ni sur le plan juridique ». Plainte que Bruno Gollnisch attend avec sérénité tant celle-ci ne tient pas la route comme l’ont souligné d’ailleurs de nombreux observateurs de la chose politique, d’habitude pourtant peu enclin à manifester leur sympathie vis-à-vis de l’opposition nationale.
Aux dernières nouvelles, Eduardo et son « iphone greffé à la main » luttait contre la bête immonde en se rendant officiellement en tant que porte-parole du PS à la Fête de l’Humanité organisée par un parti héritier de l’idéologie la plus sanglante du XXè siècle. Cela doit s’expliquer par cette réflexion là aussi lumineuse de ce même Monsieur Cypel: « aujourd’hui, les gaullistes sont au parti socialiste ! »…