Le blog du député européen frontiste rend pourtant hommage, sur la même longueur d’onde que la présidente du FN, à la figure exceptionnelle que fut Mandela. Ce fut sa présence qui empêcha pour beaucoup la RSA de plonger dans une guerre civile totale lorsque cessa l’hégémonie politique de la minorité blanche. Qui peut le contester ?
Notre article expliquait aussi les raisons objectives pour lesquelles le FN ne sombra pas à l’époque dans l’admiration pour l’ANC marxiste, condamna le terrorisme de son aile militaire approuvé par Mandela ; ce que beaucoup de médias ont également rappelé mais sans replacer la position du FN dans la perspective historique qui permet de la comprendre.
Il constatait aussi que les successeurs de Mandela n’ont à l’évidence ni sa hauteur de vue, ni son intelligence, ni son charisme. Mais derrière les postures et les faux-procès des indignés, ce qui est reproché à Bruno Gollnisch c’est de ne pas communier dans l’extatisme de rigueur sur la nouvelle société arc-en-ciel en place depuis vingt ans en RSA.
Nous renvoyons ceux qui sont intéressés par ce sujet aux travaux érudits de l’africaniste Bernard Lugan et à l’article étayé qu’il a publié sur son blog vendredi 6 décembre…Une lecture qui ne peut pas faire de mal non plus aux pitres sentencieux, comme le père la morale professionnel du Parti de Gauche, le sans-culotte Alexis Corbière.
Alors oui, confessons-le, nous ne sommes pas des nostalgiques de l’apartheid (« une utopie » comme le notait déjà Jean-Marie Le Pen) ; alors oui, la gestion de ce pays ravagé par la misère, le sida, la corruption, les haines interethniques et l’ultra violence, maux qui n’ont cessé de s’aggraver au détriment de tous les sud-africains depuis 1994, n’est pas non plus notre modèle politique. Est-il permis de le dire ?
Au rayon des procédés pour le moins tendancieux notons encore celui, souvent employé, consistant à donner à un article un titre ne correspondant pas à la réalité qu’il décrit. Une méthode dont le FN et ses personnalités font souvent les frais. Un exemple nous en a été donné par le site de l’Express le 4 décembre avec un entretien intitulé « Pourquoi les catholiques résistent aux sirènes du FN ».
Or, il ressort de celui-ci, en l’espèce les questions posées par la journaliste Marie Caroline Missir au politologue Philippe Chriqui, président de l’institut Paradoxe Opinion, que les préventions contre le FN sont plutôt en net recul chez les catholiques.
Le sondage publié jeudi dans le magazine La Vie et réalisé par Paradoxe Opinion démontrerait que seulement 7 % des catholiques pratiquants en France -contre 13 % des Français- se sentent proches du Front National, alors que 42 % se disent proches de la droite «pro européenne » et ouverte à la mondialisation.
Il est souligné ici, mais cela reste globalement vrai pour les autres catégories de la population, que le FN souffre encore «d’un manque de crédit économique». Un constat qui a poussé Marine ces dernières années à mettre l’accent dans ses interventions sur notre programme économique alternatif à l’euromondialisme. Projet frontiste dont de larges pans, faut-il le redire, sont validés et inspirés par les travaux d’économistes de tout premier plan.
Pour autant, le FN marque bien des points au sein de l’électorat catholique car est-il déploré,« sur le terrain des valeurs sociétales, les catholiques se caractérisent par une crispation identitaire, notamment face à l’islam, mais elle est aussi celle de l’ensemble des Français. A la question, l’islam menace-t-il l’Occident ?, ils étaient 30% à répondre tout à fait en 2012, une proportion qui atteint 41% aujourd’hui. 37% sont tout à fait d’accord avec l’idée qu’il y a trop d’immigrés en France contre 25% en 2012. Il y a évolution, mais surtout radicalisation. »
Or cette radicalisation va s’accentuer indique M. Chriqui, car « si on regarde les clivages générationnels, les jeunes catholiques sont plus sensibles que leurs aînés à la banalisation opérée par Marine Le Pen. Le véritable risque est là : que la digue cède face à cette stratégie de banalisation développée par (le FN) ».
Bruno Gollnisch avait déjà relevé le décalage grandissant entre les positions idéologiques d’un clergé français vieillissant et les pratiquants, notamment au sein des nouvelles générations.
Pour preuve, au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2012, le sondage Harris-Viadeo pour l’hebdomadaire La Vie, indiquait que les jeunes catholiques avaient voté à 37 % pour Nicolas Sarkozy, mais aussi à 27% pour Marine Le Pen, en deuxième position devant François Hollande.
Or, abstraction faite des questions migratoires, la ligne de « défense des valeurs traditionnelles » qui est celle du FN séduit aussi les Français, bien au-delà des six millions de catholiques pratiquants réguliers ou occasionnels.
Nous évoquions sur ce blog l’enquête d’opinion publiée peu avant le premier tour de la présidentielle de 2002 dans Le Monde qui fut corroboré par le sondage TNS Sofres de décembre 2006. Celui-ci indiquait déjà que la «défense des valeurs traditionnelles» par le FN et Jean-Marie Le Pen était l’aspect thématique le plus approuvé par les Français, avec 39 % d’avis favorables (53 % d’avis contraires).
En février 2010, ce même institut publiait les résultats de son enquête dans le cadre du «grand débat sur l’identité nationale». Il était relevé qu’au sein des 65% de Français qui considèrent que l’identité française a tendance à «s’affaiblir», les raisons principales dudit affaiblissement citées en premier étaient « la perte des valeurs » (29%), devant « l’immigration » (25%) et « la diversité culturelle et ethnique » (18%).
Enfin, un sondage opinion way paru en mars 2011 indiquait qu’en tête des appréciations élogieuses, 38% des personnes interrogées considéraient Marine Le Pen comme la candidate «d’une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles ».
Ce sont aussi ses valeurs là qui fondent l’engagement politique de Bruno Gollnisch, qui expliquent notamment son combat actuel contre le rapport Estrela au Parlement européen. Valeurs civilisationnelles qu’il défend et promeut dans l’exercice de ses mandats électoraux, dans sa campagne municipale à Hyères comme il le fera dans la campagne européenne qui s’annonce.