Dans une tribune publiée il y a quelques jours sur le site du Nouvel Obs, des membres du cercle de réflexion du PS Terra Nova (Sophie Lemaire et Mehdi Thomas Allal, coresponsables du pôle anti-discriminations de cette structure, les députés Yann Galut, Alexis Bachelay, Patricia Schillinger, Colette Capdevielle, Marie-Anne Chapdelaine) , invitaient la gauche à « réagir pour reconquérir l’électorat populaire. »
Il s’agirait ainsi de «prendre en compte (…) ce besoin de reconnaissance très fort, et de considération, ressenti par les électeurs frontistes. Il existe un sentiment récurrent : celui d’être anonyme, d’être relégué, d’être déclassé (…). Les ouvriers et les employés du secteur privé ne seraient plus représentés. Le PS se priverait ainsi de relais parmi les catégories populaires. Beaucoup de mouvements sociaux lui échappent de fait. »
Ces socialistes s’inquiètent de ce que « le Front National gagne en respectabilité. Les trente ans du baromètre d’image du FN 2013, réalisé par TNS Sofres du 24 au 28 janvier pour France Info, ont ainsi été marqués par deux résultats : un tiers des Français adhérerait aux idées du Front National, tandis que 47 % des sondés considéreraient qu’il « ne représente pas un danger pour la démocratie » (contre 55 % en 2012).
Autre crainte, l’adhésion grandissante des sympathisants/électeurs de l’UMP aux idées défendues par l’opposition nationale qui conduit à la tentation d’une alliance à la base contre les socialo-communistes. « Selon un sondage Europe 1- Ifop-Fiducial réalisé en avril 2013, est-il rappelé, 53 % des sympathisants UMP se déclarent favorables au passage d’accords électoraux avec le (FN), soit une augmentation de 9 % par rapport à une même étude réalisée par l’Ifop en 2012. »
Aussi, le FN « semble remporter une bataille des idées, se présentant aujourd’hui comme un parti de gouvernement, dans un contexte où son discours est de plus en plus accepté, légitimé, colporté… ».« Il y a donc urgence pour la gauche à se réapproprier certains thèmes constitutifs de son identité, sous peine de perdre définitivement la bataille culturelle. La reconquête des catégories populaires passe par cet aggiornamento. »
Nous l’avons vu, n’en déplaisent aux membres de Terra Nova, fondation qui proposait il y a peu aux dirigeants du PS de jouer la carte des minorités pour contrer dans les urnes un peuple Français qui ne veut pas abdiquer ses valeurs, son identité et sa souveraineté, le discours de M. Hollande ne porte aucune trace de cet aggiornamento.
La toute dernière enquête du CEVIPOF, réalisée en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE), cerne d’ailleurs assez bien ce discrédit qui touche les partis du Système.
Dans celle-ci, 72% des sondés (+4 points en un an) estiment que « les jeunes ont aujourd’hui moins de chances de réussir dans la société que leurs parents » ; 60% affirment « n’avoir confiance ni dans la droite, ni dans la gauche pour gouverner le pays » (+8 points), 73% (63% fin 2011) affirment que « les notions de droite de gauche ne veulent plus rien dire». 87% des personnes interrogées estiment que le personnel politicien, «se préoccupent peu ou pas du tout de leur avis », (ils étaient 81% à le penser fin 2009). 69% (+ 15 points depuis 2012) jugent que « la démocratie française ne fonctionne pas bien».
Autres jugements qui recoupent pleinement les critiques, avertissements et analyses du FN, à peine plus d’un Français sur trois (35%) pensent que l’appartenance de la France à l’Union européenne est « une bonne chose » tandis que 67% affirment qu’ «il y a trop d’immigrés en France » (+ 18 points de plus par rapport à 2009). par ailleurs, 50% (+18 points là aussi) affirment qu’ « il faudrait rétablir la peine de mort ».
Et si François Hollande ne recueille la confiance que d’une Français sur cinq (20% contre 27% il y a un an), la cote de confiance de Marine Le Pen gagne deux points dans la même période pour s’établir à 34%. Quant au Front National, il fait désormais jeu égal avec l’UMP: 36% des sondés jugent que le FN représente le mieux l’opposition de droite.
Un mot encore pour évoquer la dernière saillie en date de Vincent Peillon, ministre de l’Education (de la rééducation), agrégé de philosophie et prosélyte extrémiste d’une très radicale idéologie maçonnique, comme nous le constations et comme il l’avouait dans son livre « Une religion pour la République… ». M. Peillon a ainsi affirmé ces derniers jours que le FN est un « parti fasciste , car il utilise « les mêmes ingrédients (que dans les années 30). Quand elle (Marine Le Pen) fait sa mue sur les thématiques sociales, elle fait la même chose qu’à cette époque-là. »
Propos grotesques qui montrent au mieux l’inculture de ce ministre (mais croit-il vraiment aux énormités qu’il professe ?), au pire sa conception de la politique ramenée à une succession de mauvais slogans éculés. Ce qui est vrai pour le coup et ne souffre pas la contestation, c’est le mépris des électeurs qui est celui de Vincent Peillon, tête de liste du PS pour les élections européennes dans le Sud-Est pour en découdre avec Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch.
En effet, seul ministre à avoir obtenu cette autorisation, il n’entend pas pour autant respecter les sympathisants de gauche qui voteraient pour lui puisqu’il démissionnera, sitôt élu, pour garder son portefeuille (dans tous les sens du terme) ministériel.
Et dire que ce sont ces mêmes socialistes qui à l’instar d’un Juppé ou d’un Copé, s’étonnent douloureusement, se frappent la poitrine à la lecture des sondages évoqués plus haut. A force de prendre les Français pour des veaux, des imbéciles manipulables et de s’essuyer les pieds sur la démocratie…