Ce sondage qui confirme l’évolution de l’opinion enregistrée depuis la victoire de M. Hollande, n’est jamais que la traduction d’une situation économique, sociale, identitaire qui ne cesse de se dégrader. Indicateurs parmi d’autres, l’INSEE rapporte une baisse de 2% en 2013 par rapport à 2012, du nombre de créations d’entreprises, sans lesquelles le nombre des chômeurs ne peut que croître puisque ce sont celles-ci qui sont les premières pourvoyeuses d’emplois. Parallèlement, les investissements étrangers ont chuté de 77% en 2012… tout en progressant fortement chez nos voisins européens (+25,4%) et plus encore dans les pays membres de l’Union Européenne (+38,1%).
Une France paupérisée, ouverte à une immigration de futurs chômeurs et d’assistés grevant nos comptes sociaux, tandis que dans un mouvement migratoire inverse nos jeunes diplômés, formés dans nos universités et nos écoles financées par nos impôts, quittent la France dans des proportions jamais atteintes. Une étude souligne qu’un diplômé sur quatre de 2013 aspire à aller travailler à l’étranger, ils n’étaient que 13% en 2012.
Dans ces conditions, et le FN représentant clairement une alternative aux politiques délétères menées depuis des décennies, nous doutons fortement que les baisses enregistrées par certains sondages des intentions de vote en faveur du FN et/ou de la cote de confiance de Marine, se matérialisent dans les urnes.
Certes, le Front National marche sur une ligne de crête. Il lui faut continuer à incarner une certaine radicalité (ce n’est pas un gros mot) qui a fait du Mouvement national depuis trente ans le réceptacle du ras-le-bol populaire, celui de la France qui gronde, qui tempête, qui proteste, qui aspire à renverser la table de ce Système inique.
Cette minorité de Français, en expansion constante, dans laquelle de retrouve aussi la frange la plus politisée de l’électorat national, est au fait des vraies menées et de la réalité de l’Etat profond. Ce sont ces Français là, dans toutes leurs diversités et sensibilités, que l’on a vu dans la rue lors du Jour de colère, manif qui ne saurait être caricaturée, affirme Bruno Gollnisch, comme elle l’a été bien malhonnêtement dans les médias et par les dirigeants du PS et de l’UMP.
Mais la vocation du FN n’étant pas la protestation mais l’arrivée au pouvoir des idées qu’il défend, il lui faut aussi être capable de parler au plus grand nombre. Il doit attirer à lui, comme il a su le faire dans le passé, comme cela s’est traduit de manière accrue lors de la présidentielle de 2012 et dans les récentes élections partielles, un nouvel électorat venant des partis de droite et de gauche. Electeurs néofrontistes, marinistes définis comme plus « modérés » par certains observateurs de la vie politique.
Sur le site délits d’opinion, Marion Desreumaux commente longuement et intelligemment certaines enquêtes enregistrant un recul du FN et/ou de Marine dans l’opinion. Elle s’interroge sur l’analyse selon laquelle «(n’étant) plus suffisamment diabolisé et ne représentant plus le vote contestataire par excellence, le Front National susciterait moins l’intérêt de ses soutiens, voire pousserait moins d’électeurs à se rendre dans les urnes. L’identité du parti se diluerait sous une forme de respectabilité ne convenant pas nécessairement à son électorat caractérisé avant tout par sa colère (…) ».
« Ne pourrait-on pas penser qu’aujourd’hui poursuit-elle, un certain nombre de sympathisants UMP attirés un temps par le FN retourneraient vers leur parti d’origine ou se réfugieraient dans l’abstention, déçus par une Marine Le Pen perçue comme trop proche des autres responsables politiques ? (…). Relevons qu’en octobre dernier, un quart des Français déclarait considérer le FN comme un parti de droite classique, cette opinion étant même particulièrement défendue par les ouvriers (38%) et les plus modestes (37%). Si expliquer le moindre soutien à Marine Le Pen par un sentiment croissant de banalisation du FN est également séduisant, soulignons toutefois que pour l’instant, les sympathisants frontistes demeurent parmi les plus mobilisés pour les futures élections municipales. »
Soulignons aussi que la radicalisation, la réaction-droitisation des Français est patente comme l’a noté Valeurs actuelles dans son numéro 4026, il y a quinze jours, en faisant état des résultats de l’enquête annuelle Opinionway et du Centre de Recherche Politique de Sciences Po, qui n’ont pas été publiés in extenso dans Le Monde.
Comme cela a été relayé, 36% des sondés placent Sarkozy en tête des bonnes opinions, Marine Le Pen le talonne avec 34%, loin devant les autres politiciens; 67% pensent qu’il y trop d’immigrés en France, 50% sont pour le rétablissement de la peine de mort ( 35% en 2011).
Mais les réponses aux autres questions posées sont aussi instructives du désaveu qui frappe le système ripoublicain : 12% souhaitent que l’armée dirige le pays (!) ; 50% ne croient plus à la démocratie et veulent « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections » pour diriger la France ; 61% sont prêts à manifester ( 30% en 2010) ; 71% ne font pas confiance aux syndicats ; 75% des Français ne font plus confiance à l‘Etat, ni à la république ; 87% jugent que Hollande n’a pas la stature d’un président ; 88% rejettent catégoriquement les partis politiques. Le changement radical, ce n’est peut être pas pour maintenant, mais si nous y travaillons en bonne intelligence, rétablir la démocratie confisquée au peuple français, cela pourrait être pour demain.