A Troyes , Bruno Subtil, qui y portera de nouveau les couleurs de l’opposition nationale et présentera très prochainement son programme, a bon espoir d’améliorer sensiblement son score des dernières municipales (9,5%). Une ville solidement contrôlée par le maire sortant, le très antifrontiste François Baroin (élu précédemment dés le premier tour).
« Lorsque François (Baroin) parle à l’Assemblée nationale, tout le monde se tait », affirmait « fièrement son camarade Christian Jacob » dans L’Express en juillet 2010. Vraiment ? Cela nous avait échappé. A dire vrai, il apparaît beaucoup moins sûr de lui et dominateur qu’il y a encore quelques années. Pour preuve à l’instar de son (désastreux) modèle Jacques Chirac , qui avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de la présidentielle de 2002, de crainte d’être étrillé et de « valoriser » son adversaire, M. Baroin a refusé de participer au débat télévisé prévu avec Bruno Subtil et le candidat socialiste …Courageux mais pas téméraire.
Un François Baroin « paresseux comme une couleuvre » selon la description qu’en fait « un proche « de Jean-François Copé rapportait Le Figaro le 31 janvier, mais qui incarne surtout l’écart sans cesse grandissant entre la très grande majorité des dirigeants de l’UMP et le peuple de droite. C’est peu dire que M. Baroin, qui vient d’apporter son soutien au pitoyable pacte de responsabilité initiée par le duo Hollande-Ayrault, partage peu ou prou la même vision du mode que ses amis faisant carrière au PS.
En juillet 2012, il faisait la une du magazine bobo les Inrockuptibles consacré aux « rénovateurs de la droite contre le FN », en compagnie de Nathalie Kosciuszko-Morizet et Bruno Le Maire. Soit les « trois mousquetaires » « (tirant) à vue sur leur cible favorite : la droitisation ». Le maire de Troyes expliquant alors « (ne pas connaître) un dirigeant à droite digne de ce nom (sic) qui ait la légitimité nécessaire pour s’exprimer au nom de l’UMP et qui soit favorable à une alliance avec le FN ».
Le magazine Causeur n’avait pas manqué de se moquer de cet improbable trio qui s’était consolé de la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 « en lisant les si bienveillantes pages des Inrocks qui témoignent de leur cote de popularité… parmi la gauche branchouille. Si Libé décidait à son tour de les porter aux nues, espérons pour chacun de ces ambitieux que les primaires de la droite en 2016 soient ouvertes, très ouvertes… ».
Le député UMP Henri Guaino a bien perçu le danger. Invité hier de l’émission « Questions d’info » sur LCP, il a expliqué sentir monter dans le pays « une immense colère » et « vis-à-vis de l’Europe beaucoup de déception, d’amertume et de colère », à l’approche des élections municipales et européennes. Le Front National est en capacité de devenir « un instrument de la colère populaire », a-t-il noté, estimant que l’UMP « préparait mal les élections européennes. »
M. Guaino, qui n’est pas sans bon sens quand il ne s’escrime pas à défendre et à justifier les intérêts boutiquiers et les aberrations du sarkozysme, a également rejeté catégoriquement la dernière éructation de l’escroc intellectuel Bernard-Henri Lévy. Le philosophe pipo(le) vient en effet d’appeler les sportifs français à boycotter les Jeux olympiques de Sotchi pour punir la Russie de Poutine du rôle qu’il lui prête dans les tragiques événements qui embrasent l’Ukraine. « La politique de la bonne conscience est la pire des politiques» a déclaré le député UMP, phrase que ne renierait pas Bruno Gollnisch. Il serait bon que M. Guaino fasse passer le message à tous les François Baroin qui peuplent les couloirs de l’UMP, voire même qu’il en prenne lui aussi pleinement conscience.