Un optimisme qui n’est pas partagé par François Hollande rapportait également le site du Parisien ces derniers jours, qui « ne voit plus la vie en rose », ne pense pas que l’implosion de l’UMP sous l’effet des affaires sordides et des haines intestines lui profitera automatiquement lors de la prochaine présidentielle « Et si le candidat de gauche n’était pas au second tour en 2017 ? Si le séisme du 21 avril 2002, quand Lionel Jospin fut balayé par Jean-Marie Le Pen, se renouvelait ? Ce cauchemar est pris très au sérieux par le président. « Je me prépare pour qu’en 2017 on ait un bilan qui permette à la gauche d’être au deuxième tour et de gagner l’élection, confie-t-il à ses visiteurs. Comme s’il avait un doute sur le sujet… ».
« Au PS aussi, c’est la grande trouille. Nombre d’élus pensent que sa seule chance de gagner est d’arriver derrière une Marine Le Pen qui virerait en tête au premier tour. On sera dans une présidentielle à un tour. Celui qui arrivera au second tour avec elle sera élu , prédit une figure de la majorité, qui pense la France mûre pour une aventure populiste. On a eu un 21 avril primo-ministériel, on peut avoir un 21 avril présidentiel , redoute un fidèle du chef de l’Etat. Le FN au second tour ? Ce n’est pas un risque, c’est une réalité , lâche Hollande, inquiet de voir l’extrême droite prospérer en silence » (sic).
« L’exécutif a reçu une douche froide en découvrant fin juin les chiffres de l’Insee sur l’économie expose encore Le Parisien. Ça ne bouge pas, ils ont pris un gros coup sur la tête , glisse un hollandais. Mercredi en Conseil des ministres, Michel Sapin (Finances), d’habitude optimiste jusqu’à la caricature, a plombé l’ambiance. Il a enlevé ses lunettes roses, sur le thème rien ne va plus , glisse un conseiller gouvernemental ».
Au sein même du Parti socialiste , qui a perdu 25 000 adhérents depuis 2012 et 30 000 élus municipaux en mars dernier, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent, comme chez leurs « alliés » d’EELV, contre les orientations économiques du gouvernement. Une fracture que l’on retrouve dans le positionnement des cadres et dirigeants socialistes vis-à-vis de la crise israélo-palestinienne qui apparaît comme un nouveau facteur de division. Pour tenter de récupérer un électorat arabo-musulman qui s’est massivement détourné de la gauche, notamment pour protester contre la loi Taubira sur le mariage homosexuel et qui dénonce aussi avec une virulence accrue son « sionisme », des élus du PS ont dénoncé l’interdiction de certaines manifestations pro-palestiniennes.
Dimanche, le député de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi, a expliqué que « l’interdiction est venue nourrir une certaine radicalité. Des manifestations aux quatre coins de la planète se sont bien passées, et pas en France où elle était interdite», a relevé l’élu pointant «une erreur du gouvernement ».
Son collègue Yann Galut, député du Cher et chef de file au PS du courant dit de la gauche forte, s’est dit lui aussi «très en colère face au massacre de civils (Palestiniens, NDLR) , très en colère face aux abrutis qui manifestent leur haine du Juif, très en colère de la position de la France qui est tout sauf équilibrée ».
Quant au Front de Gauche, il a certes fait savoir officiellement qu’il «participera aux prochaines manifestations prévues en solidarité avec le peuple palestinien », mais son leader maximo, Jean-Luc Mélenchon, vient d’annoncer son souhait de prendre du recul avec la politique. « J’ai fait mon temps à organiser la vie d’un parti » déclare-t-il. Une manière de tirer le bilan de ses échecs électoraux successifs, des défections, des désaccords stratégiques minant cette coalition trotsko-communiste, pour ne rien dire de la pusillanimité de ses «camarades » du PC.
Un coup dur pour l’extrême gauche qui perd ainsi (provisoirement ?) son seul tribun d’envergure, la seule personnalité incontestablement brillante et intellectuellement affûtée qui l’avait fait sortir de sa léthargie constate Bruno Gollnisch.
« Nous sommes en échec. » a avoué M. Mélenchon. Certes, il reste incapable de dire que son immigrationnisme est la cause principale de son incapacité à rallier le monde ouvrier et les déçus de la gauche qui votent massivement FN. Un immigrationnisme, arme de destruction massive du grand capital mondialiste, qui rendait totalement impossible son pari de dépasser Marine Le Pen dans les urnes. Mais il note avec cohérence que « la force » capitalisée par un FG au positionnement « anti-Systéme » à la présidentielle– 11,10 % –, a été « étouffée par le poids du retour aux vieilles traditions partiaires, aux arrangements, aux accords électoraux ».
« Tout ça a été planté pour une poignée de postes aux municipales ». Et principalement par le Parti communiste qui, refusant la stratégie d’autonomie qu’il préconisait vis-à-vis de la gauche bruxelloise, a « complètement décrédibilisé » le Front de gauche. Dans les faits, la direction du PC a préféré en effet se vendre pour un plat de lentilles, quelques postes et prébendes, en choisissant lors des élections municipales l’alliance dés le premier tour avec le PS dans de nombreuses communes.
M. Mélenchon appelle donc à « tout changer en profondeur » , exposant les deux lignes antinomiques qui minent le Front de Gauche depuis sa création en 2008. A savoir « celle qui est portée par la direction du Parti communiste, qui est plus institutionnelle, plus traditionnelle, où on continue à penser que la gauche est une réalité partiaire, organisée et qu’on peut rectifier le tir du Parti socialiste. Et puis, il y a une autre qui pense que ça, c’est un monde qui est quasiment clos, qu’il faut construire et qu’on le fera progressivement à condition d’être autonome. »
« On ne doit pas faire d’alliance avec des gens qu’on combat, juge-t-il. Et aussi longtemps qu’on fera ça, les gens, qui se disent qu’ils en ont ras-le-bol, se diront qu’on est comme les autres », ce qui aura pour effet d’augmenter l’attractivité d de opposition nationale affirme-t-il encore.
On se souvient des nombreuses insultes prononcées par M. Mélenchon vis-à-vis du FN et de sa présidente. Signe de cette mise en retrait de la vie politicienne, il reconnait cette fois dans cet entretien du « talent » à Marine, et même une « chance » d’être élue en 2017. « Parce que la société est en train de se diriger vers le point qu’ils s’en aillent tous. Et quand le point qu’ils s’en aillent tous est atteint, tout saute en même temps »…
Nous en acceptons l’augure, nous y travaill(er)ons et en attendant de voir ce Système inique laisser effectivement la place à une démocratie restaurée, nous souhaitons un bon repos et qui sait, de saines lectures à M. Mélenchon. Cours, cours camarade, le vieux monde est derrière toi!