L’opportunité du maintien du nom du FN ne doit pas être motivée par une nostalgie, un passéisme contre-productif ou a contrario son changement par l’illusion de l’obligation d’une novation pour être dans l’air du temps médiatique, qui le serait tout autant. Soyons clair: la finalité de notre combat politique est d’accéder au pouvoir et non de communier confortablement dans l’entre-soi, dans le témoignage, aussi est-il légitime que cette question soit posée si ledit changement d’appellation pouvait être bénéfique et permettre de rassembler plus largement nos compatriotes autour de nos idées.
Bruno Gollnisch l’a dit «le Front National est un instrument au service de la France. Si le FN devait s’appeler autrement demain, je ne m’attacherais pas l’étiquette mais à la substance ». «Si dans l’avenir, il y a une novation importante dans la vie politique de notre pays, si nous devons donner le signe fort de quelque chose d’autre, on pourra l’envisager ». « En revanche, si le Front National devait abandonner ses convictions, il cesserait de m’intéresser comme tel même s’il conservait le nom et la flamme. »
« Cela étant nuançait-il, je crois que ce n’est pas un hasard si les marques Dior, Louis Vuitton, l’Oréal sont tellement attachées à leur marque et la défendent bec et ongles (…). Une marque peut focaliser les hostilités, mais elle focalise aussi la fidélité. »
« Mais je crois qu’il y a beaucoup de sacrifices qui ont été consentis par des gens du Front National et je pense qu’il est toujours dangereux d’abandonner une marque qui même si elle a été combattue, est aujourd’hui gratifiée par l’opinion publique d’avoir eu raison dans beaucoup de domaines et pas seulement dans le domaine de l’insécurité et de l’immigration mais aussi dans le domaine économique et financier… ».
Jean-Marie Le Pen notait de son côté qu’ « il n’y a que les boîtes en faillite qui changent de nom! ». «On fonde un autre parti quand on a fait faillite, pas quand on a du succès ! ». « Le changement de nom du FN est impensable», «Ce nom a été honoré, il a créé une condition d’existence d’un parti politique français depuis 40 ans, et il a été soutenu par des milliers, des centaines de milliers de sacrifices de militants et adhérents du FN».Ces militants «ne toléreraient pas que je ne sais qui ou je ne sais quoi veuillent changer dans je ne sais d’ailleurs quelle intention plus ou moins honnête le nom d’un mouvement qui est très honorable, le Front National».«Je suis sûr que les militants du FN feront en sorte que les ambitions qui peuvent se manifester sur d’autres couleurs ou d’autres noms ne puissent pas triompher», affirmait-t-il.
Changer le nom d’un parti, pourquoi? Pour quelle finalité? Spécialiste de la communication politique Christian Delporte expliquait cette semaine sur le site du Figaro qu’«au Front National, le nom du parti est de plus en plus délaissé, au profit du rassemblement bleu marine, un nouveau nom qui permet de trancher avec le FN, attaché historiquement à la personne de Jean-Marie le Pen, et de le personnaliser autour de sa fille ».
«Les noms des partis de droite n’ont jamais révélé d’ancrage idéologique clairement défini. En d’autres termes, les dirigeants politiques de droite préfèrent que le parti soit nommé d’après des valeurs consensuelles, larges et partagées, comme le rassemblement, l’union, la France ou la République».
« Le nom du parti, à droite, n’a pas la même valeur qu’à gauche. La gauche s’ancre dans une idéologie collective et une histoire, tandis que la droite préfère se lier à une personnalité qui la dirige ». Nous sommes là dans la tradition bonapartiste. « De Gaulle refusait le mot parti, lui préférant celui de mouvement»est-il encore précisé, appellation usitée aussi au FN qui lui aussi se qualifie traditionnellement comme tel et non comme un parti.
« Les militants UMP est-il écrit, ne sont pas attachés au nom de leur parti, au contraire des militants du PS. Perdre le mot socialiste équivaudrait, pour eux, à abandonner une partie de leur identité. La gauche préfère s’ancrer dans une histoire, une tradition ». Nous pouvons raisonnablement penser que cet attachement là, est partagé par de très nombreux militants, adhérents, électeurs frontistes, même de fraîche date.
« Changer le nom les symboles du parti indique encore M. Delporte permet d’effacer une image parfois dégradée, ou de dépasser une crise interne identitaire. Le changement est alors une rupture, qui entraîne une refondation du projet politique. Sans cela, il ne s’agit que d’un ravalement de façade sans intérêt ».
Une réflexion qui entre en résonnance avec « l’achèvement de la mutation du parti » (du FN, NDLR) voulu paraît-il par « un proche » de Marine cité par France Inter. Nous l’avions écrit sur ce blogue, comme il n’est pas envisageable que le FN renonce à ses fondamentaux, nous doutons fortement qu’un changement de nom permettrait d’en finir avec la diabolisation du FN.
Tant que les nationaux, les patriotes œuvreront en commun dans une formation politique pour défendre l’identité et la souveraineté nationales, les valeurs de notre civilisation helléno-chrétienne, le refus de l’immigration-invasion, de l’euromondialisme, de la décadence, ils subiront les attaques de la caste politico-médiatique et de sa propagande visant à les noircir aux yeux de nos compatriotes.
Le site d’Europe 1 s’arrêtait fin septembre sur ce changement de nom du FN, « vieux serpent de mer », et affirmait que « Marine Le Pen est assez fière d’expliquer qu’elle a réussi à créer une nouvelle identité le FN/Rassemblement Bleu Marine. L’avantage pour elle est double : elle ne braque pas les anciens militants fidèles à son père (et aussi les nouveaux militants fidèles aux fondamentaux de la droite nationale, NDLR) et associe en même temps les militants moins radicaux(sic) à la vie du parti. Pour elle, c’est la réalité sociologique du Front qui en a changé le sigle ».
Marine en tout cas n’apparaît pas très favorable au changement de nom du FN comme elle le précise dans le documentaire Ravis par Marine diffusé il ya quinze jours sur France 3.
Interrogée au sujet de ce changement de nom du FN –« A quand la dissolution du FN dans le RBM? »- la présidente du Front National explique alors aux Français qu’ «il y aussi des gens extrêmement attachés (au FN), c’est quand même une marque le Front National. C’est une marque de courage, c’est une marque de longévité, de persévérance, de pugnacité. Chacun a son avis sur le sujet. Ce n’est pas pour moi un sujet tabou mais je n’envisagerai sérieusement une éventuelle modification du nom du FN si je m’apercevais qu’à un moment donné il y avait un décrochage entre l’image du leader ou du candidat à la présidentielle et le Mouvement ».
« Mais poursuit-elle, comme l’augmentation de la confiance qui nous est faire fonctionne de manière parallèle et que le FN engrange de plus en plus d’électeurs, de plus en plus d’adhérents, de plus en plus de sympathisants, je ne vois pas de raisons dirimantes aujourd’hui pour envisager une modification qui peut être nous ferait plus perdre qu’elle nous ferait gagner».
Un mot encore pour réagir à l’analyse de Thierry Richard paru sur le site de Ouest-France hier relayant la grille de lecture du Monde. Le journaliste explique que « Contrairement à ce qu’il veut faire croire (sic), le Front national n’est pas un parti homogène qui serait porté par une seule force. Au moins deux courants se font concurrence ».
«D’un côté les nationaux-républicains ou souverainistes qui, avec Florian Philippot, préconisent l’assimilation et l’interventionnisme économique. Ceux-là se disent plus bleu marine que Front National. Ils prônent l’exclusion des éléments les plus radicaux et veulent rompre avec le style maréchaliste de Jean-Marie Le Pen » (sic).
« De l’autre, les libéraux-conservateurs qui se classent franchement à droite. Marion Maréchal-Le Pen en est le porte-drapeau. Selon Le Monde, la députée du Vaucluse cherche à lancer des ponts aussi bien vers l’UMP qu’en direction de mouvements radicaux de la sphère identitaire . Ces conservateurs, qui revendiquent leur foi, n’hésitent pas à s’afficher dans les rangs de la Manif pour tous ».
« C’est l’autre enjeu du congrès de Lyon: départager les lignes incarnées par Marion Maréchal Le Pen et Florian Philippot ».Et bien non ! L’enjeu du Congrès c’est de montrer que le FN est un Mouvement qui est riche de la diversité de ses talents, qui porte un programme cohérent, alternatif à ce Système mortifère, qui est soudé sur l’essentiel et uni derrière Marine Le Pen.
Le FN n’est pas une secte, un fan-club, ou un « parti de godillots ». Qu’il existe des sensibilités patriotiques différentes au FN c’est là tout ce qu’il y a de plus naturel, c’est même sa raison d’être , contenu dans la définition même du terme «Front»: des Français venus d’horizons divers mais rassemblés autour d’un grand dénominateur commun, en l’espèce la défense de notre souveraineté et identité nationales.
Bruno Gollnisch, militant de toujours de la cause nationale, a bien sûr sa sensibilité propre mais assume sans esprit de chapelle l’intégralité des fondamentaux du programme du FN, comme d’ailleurs l’énorme majorité des adhérents, toutes générations confondues.
Comme nous l’écrivions aussi au sujet des « Nat Rep » et autres « Identitaires » présents au FN, « la cohérence, l’efficacité, la discipline commandent de ne pas être hémiplégique. La défense de notre souveraineté nationale face à Bruxelles est éminemment complémentaire de la défense de notre identité, dans toutes ses dimensions, dans toute l’acception du terme . Ce refus de dissocier ces deux aspects est d’ailleurs consubstantiel au FN. C’est la raison de l’adhésion croissante de millions de nos compatriotes aux idées frontistes…notamment en premier lieu, c’est vrai, le refus de l’immigration-invasion et la défense de nos valeurs françaises, civilisationnelles, qui sont encore et toujours les principales raisons du vote Le Pen et FN, au « nord », comme au « sud » .