Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

Le FN a rendez-vous avec l’Histoire

 

Le résultat de la législative partielle du Doubs,   la défaite dès le premier tour du candidat de l’UMP, la progression spectaculaire de la candidate frontiste Sophie Montel au second,  actant l’échec  des consignes de votes données par la direction du parti sarkozyste ( ?)  à ses électeurs, les invitant à  ne pas voter FN, voire pour quelques uns de ses dirigeants  à voter socialiste (ce fut la consigne d’Alain Juppé,  NKM,  Gérard Larcher,  Dominique Bussereau…) va-t-elle accélérer la recomposition  du paysage politique français ? Une élection  qui illustre le décalage croissant entre la direction de l’UMP et sa base électorale, qui partage de nombreuse valeurs, souhaits et inquiétudes avec les électeurs frontistes. Sympathisants UMP qui ne peuvent être qu’atterrés,  déboussolés quand les pontes de ce parti affirment être pleinement  dans l’opposition tout en refusant d’appeler clairement à voter contre un candidat socialiste, voire à  « faire barrage au FN ».

 Devant l’urgence de contrer ce « danger  populiste » qui menace le Système, les éditorialistes et autres spécialistes de la chose politique  l’ont noté, l’émergence d’un nouveau pôle social-démocrate généré par  un éclatement de l’UMP et une fracture symétrique du PS n’est plus dans le domaine de la chimère.  Au regard de  l’identité de vue atlanto-européiste, libérale-libertaire de nombreux pontes de l’UMPS, de figures comme François Bayrou, Alain Juppé, Emmanuel Macron, Manuel Valls, celui-ci aurait déjà le mérite de la clarté.

 Comme le souligne Bruno Gollnisch l’alternative  n’a jamais été aussi claire : continuer sur la voie mortifère de la fuite en avant mondialiste ou se réapproprier la maitrise de notre destin national. Tout le reste n’est que faux semblant,   mauvaise cuisine politicienne,  écran de fumée visant à masquer les vrais enjeux.

 Dans un entretien accordé  au quotidien Sud Ouest paru ce  vendredi, Alain Juppé candidat chouchous  des médias et du monde de la finance mondialiste (cela revient souvent au même),  valide cette  grille de lecture. « Il est incontestable aujourd’hui qu’il y a deux tendances à l’UMP. L’une va plus vers la droite, l’autre va plus vers le rassemblement (sic). Et ce débat-là n’est pas tranché » constate-t-il.

 Le député et ex ministre  Hervé Mariton ose tout de même une petite inflexion rapporte Le Figaro en « (plaidant) pour la reconnaissance dans son parti, de la majorité relative (ne pas empêcher le parti arrivé en tête de diriger le département). Mais le parlementaire reconnaît qu’il s’agit là d’une position «un peu plus forte (sic)  que le ni-ni qui a fait tant débat à l’UMP. Ce débat, déjà acté lors des élections régionales de 1998, peut reprendre»…

 Un débat « pas tranché » et incompréhensible répétons-le, au moment ou tous  les sondages démontrent  que la majorité de sympathisants UMP  sont  favorables  à des accords  avec le FN pour battre la gauche socialo-communiste, et partagent avec l’électorat de Marine  le désir de défendre les valeurs  traditionnelles,   la famille,  le même rejet  aussi de l’immigration de peuplement.  Valeurs et identités nationales qui sont aussi, et les électeurs UMP en sont sans doute moins conscients que leurs homologues frontistes, souvent très durement combattus au sein même des instances bruxelloises.

 Pourtant, M. Juppé réaffirme sans surprise dans cet entretien que  l’avenir de sa formation politique ne se trouve que dans le rejet   de tout positionnement souverainiste et identitaire pour s’ouvrir  au  centrisme d’essence bruxellois :  «  Je suis convaincu que si l’UMP s’enferme entre le FN et un centre à qui elle refuse d’ouvrir la porte, elle est vouée à être réduite à une peau de chagrin. Il faut retrouver l’ADN initiale de l’UMP, celle du rassemblement de la droite et du centre ».

 Il précise  encore  que la poussée du FN lors de la législative du Doubs est  « très préoccupante, tout comme le report de près du tiers de nos électeurs vers ce parti ». Aussi « la montée du FN rend plus nécessaire que jamais l’organisation d’une primaire. Si on va au premier tour de la présidentielle avec un candidat UDI, comme Lagarde l’annonce, Le Maire, Fillon, Sarkozy et moi, Madame Le Pen sera au deuxième tour avec les socialistes. Il nous faut un candidat d’union. C’est acquis, on y travaille »

 Même son de cloche de  Nicolas Sarkozy  au sujet du maintien du cordon sanitaire entre l’opposition patriotique et son parti. Un diktat réaffirmé hier dans Le Figaro : « pas d’alliance avec le Front National ». Les élus qui passeront outre seront exclus: « Je n’accepterai jamais aucun accord avec le FN, ni local, ni régional, ni national. Ceux qui se laisseraient aller à de tels accords, ils devront quitter le parti, ou on les en fera partir. »

 François Falcon le relève sur le site Boulevard Voltaire, le fait que le président de l’UMP «prenne ainsi sa base à rebrousse-poil », tendrait à prouver  que «la source du pouvoir (n’est) pas dans le peuple souverain mais dans une élite économique et médiatique suffisamment puissante pour dicter ses choix aux élus de la nation », que  « Nicolas Sarkozy (a) plus à perdre en contrariant cette élite qu’en contrariant le peuple ». Bref, «  la République dont ils nous serinent les valeurs ne serait pas une démocratie mais un système oligarchique, voire une sorte d’athéocratie … et tout cela serait fort inquiétant ».

 Pour notre part cela fait longtemps que nous n’utilisons plus le conditionnel, mais  cette révolte du peuple français contre la caste à la tête de notre démocrature, de notre démocratie confisquée,  peut être victorieuse.

 Sur ce même site  et sur  son blogue Polemia, Jean-Yves Le Gallou  estime  que  « le FN peut espérer l’emporter en 2017 ou en 2022, mais à une condition  : plumer la volaille UMP pour affronter au second tour le candidat du Parti socialiste. Ainsi, l’arithmétique électorale du FN est simple : une voix prise à l’UMP vaut deux voix prises au PS. Parce qu’une voix prise au PS, c’est seulement une voix de plus face à l’UMP, alors qu’une voix prise à l’UMP, c’est deux voix de plus face à l’UMP : une en moins pour l’UMP, une en plus pour le FN ! (…).  L’intérêt du FN est donc d’éviter tout dogmatisme idéologique et d’apporter une offre politique susceptible de rassurer les électeurs de l’UMP ».

 « Sans doute lui faut-il désormais réfléchir à la meilleure manière de le rassurer, de le séduire, voire de l’arrimer. Ceci passe notamment par la diversification de son offre médiatico-politique, en portant, à côté du discours de gauche républicano-souverainiste, un discours plus identitaire et plus conservateur, davantage en phase avec les profonds mouvements sociétaux qui traversent la société française ».

 « Il s’agit bien sûr affirme-t-il encore,  du discours identitaire et sécuritaire. Surtout du discours identitaire, d’ailleurs, puisque tout le monde aujourd’hui fait du sécuritaire (y compris dans ce que le sécuritaire a de pire : le liberticide). De ce point de vue, il ne faut pas oublier que le problème de l’immigration reste un moteur puissant ; et bien davantage par ses aspects identitaires et sécuritaires qu’économiques ».

 « Il s’agit aussi du discours conservateur en termes de valeurs : de ce point de vue, Marion Maréchal-Le Pen, Nicolas Bay et Bruno Gollnisch ont eu raison d’être présents aux puissantes manifestations sociétales de 2013/2014. Loin d’être des néos-ringards, ils se sont placés à l’avant-garde des nouveaux cycles historiques (épuisement du cycle des Lumières, épuisement du cycle de Mai 68) ».

 A charge en effet pour un  Front National soudé derrière Marine,  convaincu par l’ampleur de sa tâche et des enjeux,  de ne pas rater son rendez-vous avec l’Histoire.  

Quitter la version mobile