Certes, si le PS lui aussi grogne et se met maladroitement sur ses deux pattes arrières, c’est qu’il est durablement gagné par le malaise plus général au sein du Système, devant la vague nationale qui ne cesse d’enfler. Un Front National qui devrait confirmer à l’occasion des élections départementales dans un mois son statut de premier parti de France acquis lors des européennes.
Selon le nouveau sondage Ifop pour Le Figaro, le FN ferait ainsi la course en tête dans ce scrutin avec 30 % des intentions de vote, devant l’attelage UMP-UDI (28 %) et le PS (20 %,). Incapable d’incarner une alternative au PS, la gauche de la gauche ne décolle pas et stagne largement sous la barre symbolique des 10% que ce soit EELV (7 %), ou un Front de Gauche qui ne capitalise pas sur la victoire de Syriza en Grèce qu’il a tenté de préempter (6 %) ; les autres groupuscules trotskystes (NPA, LO) sont quasi inexistants (2 %).
Un résultat qui, en cas de confirmation dans les urnes, signerait un fort recul du PS par rapport aux cantonales de 2011 (il avait atteint 25%) mais aussi de la coalition UMP-UDI qui avait atteint à cette même élection 32% des suffrages il y a quatre ans.
Directeur du département Opinion de l’Ifop Jérôme Fourquet le note dans ce même quotidien, «le Front National démontre aujourd’hui sa capacité à s’imposer dans tous les scrutins, y compris les plus locaux, ceux que l’on disait traditionnellement à l’abri d’une telle poussée».
Pour autant rapporte encore Le Figaro, «la droite conserve de grandes chances d’emporter une majorité des départements à l’issue du second tour. En raison du fort niveau d’abstention et des 12,5 % des inscrits qu’il faudra réunir au premier tour, les places au second tour risquent d’être chères. Dans ces conditions, le nombre de triangulaires sera faible, explique Fourquet. Pour se qualifier au second tour, il faudra soit arriver dans les deux premières places, soit réunir près de 29 % des suffrages. C’est à la portée du FN, mais aussi de la droite qui part la plupart du temps en alliance avec les centristes, mais cela risque d’être plus compliqué pour la gauche partie en ordre dispersé.»
Le Huffington Post n’en explique pas moins à ses lecteurs aujourd’hui dans un article intitulé « Les candidats FN aux départementales enchaînent les dérapages et mettent à mal la dédiabolisation» que la bête immonde est bien tapie dans l’ombre. Et ce, au motif que « certains candidats du Front National se font remarquer sur les réseaux sociaux pour des dérapages tantôt racistes, tantôt islamophobes quand ils ne sont tout simplement pas antisémites ou homophobes ». L’auteur de cet article, Geoffroy Clavel, donne comme exemple de ses nombreux dérapages plus ou moins établis, tous ceux qu’il a pu laborieusement glaner…soit six cas. Six cas sur 7648 candidats frontistes, c’est-à-dire moins de 0,1% des candidats investis par le FN. En menant des enquêtes similaires auprès des candidats de l’UMP et du PS ne doutons pas que les journalistes trouveraient aussi un certain nombre (beaucoup ?) de cas gratinés à se mettre sous la dent.
Mais il faudrait pour cela abandonner une certaine monomanie, des obsessions, avoir un certain sens critique, si ce n’est quelques rudiments d’Histoire de France. Ce qui éviterait à Geoffroy Clavel dans ce même article, par exemple, d’affirmer que la devise Travail, famille, patrie fut celle du «Régime de Vichy, allié à Hitler» (!), alors que la réalité fut bien sûr infiniment plus complexe. Mais bon réfléchir, sortir des réflexes conditionnés, c’est tellement fatiguant…
Enfin, comment ne pas réagir à l’article rédigé en fin de semaine dernière pour le site de 20 minutes par la bien nommée Céline Boff. Il était consacré à la question de l’immunité parlementaire, suite à la levée de celle de l’ami de Nicolas Sarkozy et député-maire UMP Patrick Balkany. Une conséquence de sa mise en examen en octobre pour «corruption passive et blanchiment de fraude fiscale ».
La journaliste termine son article en évoquant les députés ayant déjà perdu leur immunité citant notamment « Georges Tron, Sylvie Andrieu, les ex-sénateurs François Mitterrand et Charles Pasqua, les sénateurs Serge Dassault et Jean-Noël Guérini. Seulement trois eurodéputés français ont vu leur immunité levée: Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch. Ce dernier détient d’ailleurs avec l’ex-député Bernard Tapie une sorte de record: tous deux ont perdu leur immunité à trois reprises. Jean-Marie Le Pen l’a perdue seulement deux fois ».
C’est oublier (?) de préciser que contrairement aux élus des autres formations politiques cités par Céline Boff, les frontistes qui ont été visés par une demande de levée de leur immunité parlementaire ne l’ont pas été pour répondre d’accusations de comportements crapuleux, sordides, de prévarications, de malversations financières mais pour des raisons politiques. En l’espèce pour avoir défendu certaines vérités, une liberté d’expression qui fait tant trembler la Caste.
C’est une différence de taille, tant il est vrai affirme Bruno Gollnisch que certaines cabales, certaines condamnations et procès en sorcellerie administrés par le Système s’apparentent pour ceux qui doivent les subir à des décorations ou des brevets de vertu. Les Français ne s’y trompent pas, ou en tout cas de moins en moins.