Le Journal du Dimanche publiait également hier un sondage, réalisé par l’Ifop auprès d’un panel de sympathisants de gauche, sur leur dirigeant préféré. Il permet une nouvelle fois de mesurer la profonde désaffection qui frappe le locataire de l’Elysée. François Hollande est ainsi cité par 18% des sondés, devant Ségolène Royal (13%), mais derrière Martine Aubry (19%) et Manuel Valls (29%). Mais existe-t-il dans la boite à outil de la gauche un candidat de rechange plus performant ? Aucun des frondeurs et autres hollando-sceptiques (Montebourg, Hamon, Duflot) ne parviennent à percer chez les sympathisants de cette famille politique éclatée. Ces derniers savent aussi que la logique des institutions veut que ce soit le président sortant qui se représente pour un second mandat, logique qui exclut toute primaire au PS pour désigner un autre candidat. D’autant que le Premier ministre jure de sa parfaite loyauté, affirme qu’il se bat pour que François Hollande soit réélu en 2017. Comme l’écrivait Roger Nimier, «la sincérité est presque toujours un calcul adroit»…
D’un calcul l’autre, la frontisation du discours, certes très rarement ou jamais suivi d’effet quand elle est au pouvoir, est aussi une constante de la droite pour retenir par le col un électorat séduit par l’opposition nationale. Reprenant peu ou prou les termes d’une récente vidéo du député européen FN Aymeric Chauprade, Christian Estrosi, député-maire de Nice et candidat à la présidence de la région PACA, a fait « très fort » dans ce registre hier sur le plateau de France 3.
Il y a, a-t-il dit, une «cinquième colonne» islamique présente sur notre territoire qui se prépare à entrer en guerre contre la France. « C’est une troisième guerre mondiale », contre la « civilisation judéo-chrétienne », «qui nous est déclarée, il faut en être conscient », via « des réseaux infiltrés dans nos caves, dans nos garages, dans les lieux clandestins ». Et M. Estrosi d’ajouter encore : «quand on a dit tous les jours à la télévision pendant la chasse aux frères Kouachi que ce sont des Français parce qu’ils ont une carte d’identité française, et bien non… On est un Français quand on n’est pas un ennemi de la France. La carte d’identité ne fait pas un Français ! ».
Peut-on rêver plus beau réquisitoire contre la politique…sarkozyste entre 2007 et 2012 ? Elle s’est soldée par une immigration légale record (officiellement un million d’immigrés supplémentaires en cinq ans), la fabrication à la chaîne de Français de papier via le droit du sol, le maintien du regroupement familial; l’embrigadement de la France pour participer à la déstabilisation de la Syrie, à la liquidation de la Libye, qui ont été la cause d’une extension du terrorisme islamiste et d’une explosion de l’immigration clandestine.
Pareillement, nous avons entendu ces dernières heures le député UMP des Français de l’étranger Thierry Mariani ou encore son collègue des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, dire que la politique menée par Christiane Taubira sur le plan pénal «menace la République ». Ils font allusion à la baisse de 3% sur un an, du nombre de détenus présents dans les prisons françaises avec 66 761 détenus observés au 1er avril 2015 contre 68 859 l’année précédente à la même période.
Dans ce contexte, il est juste de dire que cambriolages et violences sont en hausse depuis trois ans, mais il convient de rappeler, comme nous l‘avons déjà fait, l’incapacité qui fut aussi celle de l’UMP à enrayer vraiment une délinquance qui a continué de progresser entre 2002 et 2012. D’autant que le laxisme reproché (justement) à la réforme pénale de Mme Taubira était déjà contenu en germe dans la loi sur les peines planchers du précédent gouvernement Fillon qui peuvent être assorties en tout ou partie du sursis. Une loi sans effet puisque le texte comporte une dérogation de «circonstances exceptionnelles» systématiquement appliquée par les juridictions. De même, c’est Nicolas Sarkozy qui a supprimé la loi –trop rarement appliquée- permettant d’expulser un criminel étranger du territoire national une fois sa peine exécutée, appelée bien improprement selon la terminologie gauchiste « double peine ».
Dans le passé déjà, note Bruno Gollnisch, la droite n’a pas hésité à muscler son discours pour tenter de faire reculer le « danger FN ». Le cas d’espèce étant la Plateforme de gouvernement RPR-UDF , à l’occasion des législatives de 1986, dont 80% des mesures étaient semblables à celles énoncées par le programme du FN.
Dans un entretien accordé au site Atlantico, Sébastien Huygue, porte-parole de l’UMP, justifie ce durcissement actuel de l’UMP comme relevant d’une nécessité de survie pour son parti : « il n’y a pas de thème à abandonner au Front National : la souveraineté, la fierté d’être Français, nos valeurs, ne doivent pas être des thématiques abandonnées à l’extrême droite. Nous devons nous emparer de tous les sujets, y compris de ceux qui sont sensibles. L’assimilation, la laïcité, nos frontières, notre identité sont des thèmes qui nous préoccupent (…) ».
M. Huygue a cependant confirmé que le débat sur l’identité nationale, initié sur les conseils de Patrick Buisson, mais décrit finalement comme une erreur par Nicolas Sarkozy, serait vidé de sa substance à l’avenir. Il sera remplacé par la simple exaltation, plus consensuelle, des valeurs de la république: «le débat sur notre identité (sera abordé) à partir de la culture plutôt que par le biais de l’immigration».
Ce qui est en effet une obligation pour les dirigeants du premier cercle de l’UMP qui ne remettent pas en cause l’idéologie du métissage laïque et obligatoire, la poursuite des flux migratoires, ce qui reviendrait dans le cas contraire à se mettre à dos le Medef et à s’émanciper de la doxa mondialiste et des entités supranationales dont Nicolas Sarkozy est un des fourriers. Alors espérons que les Français préféreront vraiment des nationaux originaux aux (mauvais) copieurs.