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Douze ans de chaos au Proche-Orient : le FN avait (encore) vu juste

carte proche et moyen orientUne fois n’est pas coutume, l’hebdomadaire Minute a  apporté cette semaine  son soutien  à Florian Philippot. Nous l’avons évoqué, le  vice-président du FN  se retrouve « traîné devant la justice française par le Qatar » pour avoir, notamment lors d’un débat sur BFM le 19 janvier dernier,  face au député socialiste Alexis Bachelay, vice-président du groupe d’amitié France-Qatar, évoqué l’implication de cet émirat dans le financement du terrorisme  fondamentaliste. Si l’empathie des dirigeants de l’RPS, qui font pourtant  profession de droit de l’hommisme,  pour ce totalitaire  et richissime petit  pays peut sembler « étrange », les affirmations des dirigeants frontistes ne   reposent pas sur  du vent.   Un constat, ou à tout le moins une  hypothèse disent les frileux,  étayé par moult rapports émanant de différents gouvernement –dont ceux récemment  du Trésor  et du secrétariat d’Etat américains- les déclarations, études  et analyses de nombreux spécialistes du renseignement et autres  journalistes d’investigation.

 Au-delà même du cas du Qatar ou de l’Arabie saoudite,  c’est bien  le jeu trouble de certain cénacles à   Washington, avec le soutien  de quelques-uns  ses alliés atlantistes,   qui  est aussi plus largement en accusation.   Le grand imam de l’université Al-Azhar du Caire,  Ahmed Al-Tayyeb, avec lequel s’est entretenu  fin mai Marine Le Pen dans la capitale égyptienne, n’a pas hésité à pointer l’instrumentalisation cynique des milices djihadistes par des Etats occidentaux  qui affirment les combattre. Invité  au congrès   coorganisé par la communauté de Sant’Egidio à Florence (Italie)  mardi dernier, Ahmed Al-Tayyeb ne s’est pas contenté de prôner le « dialogue entre les civilisations. »

 Un article du quotidien La Croix relayant une dépêche de l’Afp le rapporte, « cette figure de  autorité de l’islam sunnite », pour « sa première visite officielle en Europe depuis sa prise de fonction en 2010 » a relayé  « l’avis de  l’homme de la rue arabe , qui pense que l’Occident  n’est pas du tout étranger  à l’apparition de Daech (Etat islamique, NDLR)  et  n’est pas sérieux  dans son opposition au groupe islamiste. »

 Selon l’imam, « les armes de Daech sont des armes américaines», « l’Amérique et le monde auraient ainsi pu démanteler Daech  en un seul jour  mais cet  ordre mondial veut le chaos ». « L’État Islamique est fonctionnel pour les grandes puissances qui ne veulent pas que cette région se développe aux côtés d’Israël  a-t-il affirmé. »

 Un chaos islamo-djihadiste généré directement il y a douze ans  par l’éradication   programmée par l’Oncle Sam  de l’Irak de  Saddam Hussein. Il convient de le rappeler à l’occasion de la mort le 5 juin de l’Irakien  Tarek Aziz à l’âge de 79 ans,   ministre des Affaires étrangères  de 1983 à 1991 puis  vice-Premier ministre  jusqu’à la destruction de cet Etat laïque.

 Très malade –diabétique, il souffrait aussi de problèmes artériels  et cardiaques-  condamné à une mort lente, Tarek Aziz  l’attendait  comme une délivrance. Arrêté à son domicile,  emprisonné en 2003, remis par les Américains au pouvoir chiite, il  avait été condamné à mort en 2010 sous le chef d’accusation de  «meurtre délibéré et crimes contre l’humanité».  En l’embastillant, en le tuant à petit feu, on  a voulu faire taire Tarek Aziz, l’empêcher de dire  sa vérité. « Je crois en la parole des témoins qu’on assassine » disait Pascal

 Peine capitale prononcée,  rappelait Jean-Michel Vernochet sur Boulevard voltaire,  en raison de «la répression contre les partis religieux chiites, ceci après l’attentat dont il est l’objet en 1979 à Bagdad, à l’université Al-Moustansiriya. Le Conseil de la Révolution adopte alors une résolution punissant de la peine capitale la simple appartenance au parti Al-Daawa et à l’Organisation de l’action islamique (…). « Remarquons que notre chère intelligentsia n’en finit jamais de se lamenter sur le sort des résidents des  couloirs américains de la mort» , « mais (n’a) jamais un traître mot sur les inhumaines conditions de détention d’Aziz. Deux poids, deux mesures. »

 Sur le site du Point, en octobre 2010,  le journaliste Pierre Beylau  notait pourtant que « le rôle » de ce fidèle de Saddam Hussein,  « le tenait fort éloigné des actes de répression  (…). La peine capitale est infligée à cet homme malade de 74 ans pour un motif des plus flous, son rôle dans l’élimination des partis religieux. Il ne s’agit évidemment pas de justice mais d’une pure vengeance politique. »

 « Jadis, soulignait-il,  Tarek Aziz était reçu dans toutes les capitales occidentales avec les honneurs dus à son rang. Il était le numéro deux et la figure présentable du régime de Saddam Hussein. On lui déroulait le tapis rouge à Paris, on l’appréciait à Washington (…). C’est lui qui avait négocié en 1984 le rétablissement des relations diplomatiques américano-irakiennes avec l’administration de Ronald Reagan ».«Vous appréciez beaucoup en France les dirigeants du Golfe. Mais lorsqu’ils viennent chez vous, ils s’intéressent aux call girls. Moi je vais à l’Opéra, nous confia-t-il un jour un tirant sur son éternel Havane ».

 Un homme cultivé, francophile, francophone  qui, écrivait  pour sa part  M. Vernochet, était  « né de confession catholique en 1936, près de Mossoul, région aujourd’hui ravagée par l’État islamique ». « Assyro-Chaldéen », «  Tarek Hanna Mikhaïl (Jean-Michel) Issa adhéra très tôt à la doctrine du nationalisme arabe, le Baas, qui selon lui  associe le socialisme au panarabisme, liant ainsi l’homme à sa culture, à son vécu et à sa civilisation . Idéologie conçue par le chrétien syrien Michel Aflak, dont la statue sera brisée à la chute de Bagdad. Après la défaite, à l’issue de la guerre israélo-arabe de juin 1967, l’année suivante, en juillet 1968, Saddam Hussein et Tarek Aziz, en charge de la presse, organisent le coup d’État qui portera le Baas au pouvoir. Un binôme inamovible jusqu’à la chute du régime vingt-quatre ans plus tard en mars 2003 ».

 Un dirigeant irakien  qui était pénétré de  l’importance  civilisationnelle de voir perdurer les communautés chrétiennes  dans ce Proche-Orient  berceau du christianisme. Une  conviction partagée par Saddam Hussein sous l’autorité duquel les chrétiens d’Irak étaient protégés,  comme ils le sont toujours  actuellement dans les zones encore aux mains du régime du  baasiste Bachar el-Assad en Syrie… Dans une  conférence sur l’islamisme donnée à Nantes le 6 juin,  notre camarade Thibaut de La Tocnaye  rappelait notamment qu’à la fin des années 80, l’Irak avait fourni  des armes aux combattants chrétiens libanais pour un montant de  plus d’un milliard de dollars

 En septembre 2005, une délégation de l’association humanitaire dirigée par Jany Le Pen et Jean-Michel Dubois,  SOS enfants d’Irak –un million  de bébés et de gamins  irakiens furent victimes du blocus décrété par les Etats-Unis dans les années 90-   s’était rendue en Jordanie pour y  apporter une aide matérielle aux réfugiés irakiens, rencontrer des officiels. Délégation, à  laquelle s’était joint Bruno Gollnisch,  qui  lors de ce déplacement avait pu aussi  manifester son soutien à  la femme de Tarek Aziz et à sa famille, quasiment privées de tout contact avec ce dernier.

Bruno Gollnisch  était au nombre des parlementaires qui,  «(n’abandonnant)   pas les gens dans la détresse », avait porté le cas de Tarek Aziz « devant le Parlement européen, pour tenter de réveiller la conscience des Européens, de faire bouger les choses». «Le sort réservé au chrétien Aziz expliquait alors Bruno,  est emblématique de celui des autres chrétiens d’Irak depuis l’occupation de leur pays par l’armée américaine . Une communauté chrétienne menacée comme elle ne l’a jamais été depuis la création de l’Etat irakien ».

 Le moins que l’on puisse dire est que ces dix dernières années, les craintes et les avertissements de Bruno Gollnisch,  du FN et de ses dirigeants ont été tragiquement confirmés par les faits. Un Front National qui avait (encore) vu juste.

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