« Il n’est pas illogique, dans ces conditions que le même Pasqua devienne, vingt ans plus tard, le plus chaud partisan d’une alliance». Le FN se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité déclarera le ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1988, alors que Jean-Marie Le Pen venait de recueillir 14,4 % de voix au premier tour. A la même époque, Pasqua se disait aussi favorable au rétablissement de la peine de mort ».
Pour autant Libération caricature ici la réalité. Au-delà des (bons) mots et des clins d’œil démagogiques à l’électorat de la droite de conviction, Charles Pasqua, dont le patriotisme n’est pas contestable, fut aussi emblématique de l’incapacité des différents avatars du parti gaulliste, devenu au fil du temps une véritable auberge espagnole idéologique, à accepter un vaste rassemblement national.
La logique d’appareil est restée plus forte que l’intérêt de la France constate Bruno Gollnisch, qui commandait déjà il y trente ans au RPR de tendre la main à toutes les familles patriotiques. Pour ne rien dire des vieilles rancœurs et des pesanteurs intellectuelles, s’incarnant notamment chez M. Pasqua par son imprégnation d’une mythologie résistantialiste faussant parfois son jugement. En octobre dernier il s’en était pris ainsi violemment à Eric Zemmour coupable à ses yeux de jugements trop favorables au Maréchal Pétain dans son livre « Le Suicide français »
Certes l’ancien complice de Jacques Chirac n’était pas un historien hors pair mais avait bien compris la capacité du FN à faire imploser à terme ce qui reste du parti gaulliste, à attirer à lui sa frange authentiquement gaullo-souverainiste. Et ce, d’autant plus aujourd’hui alors que les thématiques portées historiquement par l’opposition nationale sont au cœur des préoccupations des Français, du « peuple de droite » et du débat politique.
Ainsi, invité en mars dernier du Club de la presse d’Europe 1, Charles Pasqua s’était inquiété de ce qu’ «on laisse galoper le Front National et on laisse penser au Front National qu’il y a une seule solution pour résoudre les problèmes, ce sont ceux qu’ils proposent (…). Je n’ai pas déclaré qu’il y avait des valeurs communes entre le Front National et nous. J’ai dit qu’il y avait, entre le Front National et nous, dans un certain nombre de domaines, des positions qui étaient proches. Mais il y avait aussi des handicaps assez importants ». « Il ne doit pas y avoir d’accord, quel qu’il soit, entre le Front National et nous-mêmes. Dans le cas contraire, c’est une condamnation à mort par nous-mêmes de notre propre mouvement ».
Une condamnation à mort qui menace peut être encore plus un PS embourbé dans ses échecs, ses trahisons, ses reniements. Selon le baromètre Odoxa-L’Express/Presse régionale/France Inter publié aujourd’hui, trois Français sur quatre (76%) considèrent que François Hollande « n’est pas un bon président » et Manuel Valls poursuit sa dégringolade. 62% des sondés estiment qu’il n’est pas « un bon Premier ministre» (+4 par rapport à mai), et 36% seulement (- 5) sont d’un avis contraire.
Dans cette même enquête, 52 % des Français estiment que Marine Le Pen serait tout à fait légitime à se présenter en 2017 même si elle remportait la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie –la présidente du FN fait aujourd’hui l’annonce officielle de sa candidature.
Un Front National contre lequel la gauche ne parvient plus à mobiliser et qui en est réduite à manier l’outrance, l’arme des faibles. Ainsi en est-il de Christiane Taubira qui, invitée jeudi soir de BFM TV, a fait éclater sa fureur à l’annonce de l’annulation de la condamnation du FN et de Anne-Sophie Leclère par la cour d’appel de Guyane. L’ex militante indépendantiste a dénoncé « les simagrées, les démagogies et toutes les ruses (du FN). C’est un ennemi intime de la démocratie et de la République, ce parti» (sic).
Le même jour, notre ami Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire (Gard), comparaissait devant le tribunal correctionnel de Nîmes après la plainte de plusieurs professeurs. Au motif qu’il avait dénié le droit à ses derniers de contester grossièrement le verdict des urnes. En juin 2014, il avait ainsi écrit dans un communiqué de presse de la ville : « Ce ne sont pas quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires, dont le comportement n’a rien a envier à celui de racailles, qui va m’impressionner ». Des propos qui l’ont conduit devant la justice ! Le jugement a été mis en délibéré au 22 septembre. La CGT avait rameuté ses troupes pour beugler des slogans de haine devant le tribunal, les frontistes, eux, ont chanté La Marseillaise…
Hier, toujours dans le Gard, ce sont une trentaine de militants socialo-communistes qui ont voulu empêcher un de nos camarades, le conseiller départemental FN Nicolas Meizonnet, de siéger au conseil d’administration du collège La Garriguette, à Vergèze. Il a pu finalement pénétrer dans cet établissement grâce à l’aide des gendarmes.
Reste que l’antifrontisme militant est usé, fatigué, vieilli et n’attire plus les jeunes. Dimanche, la commune de Grimaud (Var), près de la municipalité FN de Cogolin, accueillait pour la seconde fois un « Rassemblement national des comités de vigilance contre le Front National », créé en 2014 par des pseudopodes du PS, l’Union des étudiants juifs de France, SOS Racisme et Place publique. Annoncé à grand renfort de publicité, ce raout fut un bide complet avec moins de 100 participants, malgré la présence du politologue spécialiste es FN Jean-Yves Camus…
Pire encore, la mobilisation samedi dernier, à appel d’une trentaine de partis, syndicats, associations et autres groupuscules contre la journée parlementaire du FN à Perpignan (Pyrénées-Orientales) en présence de Marine, Louis Aliot, Florian Philippot, Nicolas Bay, Robert Ménard , Gilbert Collard etc, a réuni… une soixantaine d’antifascistes selon la presse locale. Une page se tourne.