Mais pendant que les Européens qui en ont les moyens et la faculté sont en vacances, l’Histoire en marche ne s’arrête pas et elle reste toujours lourde de menaces aux portes de l’Europe. En Syrie, selon une information de l‘Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) rendue publique dimanche, au moins cinq enfants, ont été tués à Alep par un tir de roquette provenant d’une zone tenue par les milices rebelles anti Assad sur un quartier tenu par l’armée syrienne légaliste.
Depuis mars 2011, ce conflit atroce a fait 230.000 morts dont plus de 11.500 enfants, selon un bilan de l’OSDH , et le chiffre des quatre millions de réfugiés à été dépassé. Les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ne reculent devant tien. De retour de Syrie –plusieurs de nos camarades s’y sont également rendus au printemps- le grand reporter Xavier Yvon relatait le 24 juillet sur Europe 1 ce dont sont capables les fanatiques de l’EI. « On sait » disait -il, « grâce à une ONG syrienne, que ce m’a raconté cette famille de Raqqa (ville de Syrie tombée aux mains de l’EI, NDLR) s’est reproduit pendant le ramadan qui vient de s’achever des dizaines de personnes, dont des enfants, ont été crucifiées, torturées, ou mises en cage simplement parce qu’elles ont été accusées de ne pas avoir respecté le jeûne. »
C’est dans cette même ville de Raqqa qu’a été enlevé en juillet 2013 que le père Paolo Dall’Oglio, un jésuite installé depuis plus de trente ans en Syrie. Le pape François a demandé dimanche « à la communauté internationale » de se « mobiliser » pour obtenir sa libération; mais aussi celle de deux évêques orthodoxes enlevés également il y a deux ans près de la frontière turque, alors qu’ils entendaient négocier la libération de deux prêtres.
Hier toujours, le président Bachar-al-Assad, lors d’une allocution télévisée, a reconnu que son armée souffrait d’un «manque de ressources humaines.» «L’armée ne peut se trouver dans chaque bout de territoire» a-t-il expliqué, réaffirmant aussi que «toute proposition politique pour mettre fin au conflit qui n’est pas fondé sur la lutte contre le terrorisme serait vide de sens». Il a réitéré également ses accusations, en une claire allusion à l’Arabie saoudite et à la Turquie, selon lesquelles des gouvernements étrangers apporteraient un soutien aux milices rebelles.
Pourtant, un brusque virage semble se dessiner en Turquie, membre de l’Alliance atlantique comme chacun le sait, depuis qu’elle a été frappée sur son sol lundi dernier par un attentat très meurtrier attribué à l’EI, à Suruç, près de la frontière Syrienne . L’aviation turque a multiplié depuis les frappes contre l’EI sur le sol syrien mais aussi (surtout ?) contre « l’ennemi héréditaire », à savoir les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur le sol irakien, lesquels ont riposté par des attentats en Turquie. Le conflit entre le PKK et l’Etat turc a fait 40 000 morts entre 1984 et 2012…
L’Otan tiendra demain à Bruxelles une réunion de crise pour examiner la situation alors qu’Ankara vient de donner son accord pour permettre aux avions américains d’utiliser la base d’Incirlik (sud) pour bombarder l’EI en Syrie et en Irak.
Le Point le notait, «l’attitude ambivalente des Turcs à l’égard de l’État islamique a deux motifs : leur haine de Bachar el-Assad et leur conviction que les troupes d’Al Bagdhadi étaient les seules capables de renverser le dictateur syrien ». mais aussi « leur crainte que les Kurdes ne profitent de la situation pour élargir au détriment de la Turquie le sanctuaire que les combats en Irak leur ont permis de se constituer. Il faut ajouter à cela qu’ils profitent largement, depuis le début du conflit, du trafic frauduleux de pétrole venant des puits conquis et exploités par l’État islamique. Et très probablement aussi de la contrebande des armes qui transitent par leur territoire et permettent aux djihadistes d’être devenus une armée d’autant plus redoutable qu’elle utilise tous les moyens, y compris les plus barbares ».
Bruno Gollnisch rappelle au passage qu’au nombre des arguments développés par le FN à la fin des années 90 contre l’adhésion de la Turquie à l’UE , un souhait soutenu par Washington au nom de la « solidarité de destin atlantiste », figurait le fait que celle-ci aurait pour effet de créer une frontière commune entre l’Union et un pays comme l’Irak. Un Etat que nous jugions comme ayant un futur très incertain, car susceptible d’une déstabilisation terroriste sanglante depuis la volonté clairement affichée par les Etats-Unis de renverser le régime nationaliste de Saddam Hussein. Là aussi nous ne nous étions pas trompés.