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Nous ne nous étions pas trompés

Etat islamiqueLa période estivale laisse généralement une place plus grande dans les médias aux informations plus frivoles, pipoles ou sensationnelles, même si le mélange  des genres se pratique de plus en plus couramment. Ainsi en est-il des révélations sur lord  John Sewel,  un ex ministre du travailliste Tony Blair,   vice-président jusqu’à ces dernières heures de la chambre haute britannique. Non content de présider la   commission  édictant  les règles de bonne conduite et pouvant juger de l’éviction de   ses pairs en cas d’infraction, des photos de lord Sewel sniffant de la cocaïne et en compagnie de prostitués  dans son appartement de fonction ont été publiées dans le  tabloïd  Sun.  C’est un tabloïd à la Française, en l’espèce Closer, qu’a choisi de son côté la vice-présidente déléguée des Républicains (LR), Nathalie Kosciusko-Morizet, alias NKM,  pour  dire tout le mal qu’elle pensait de la… pipolisation de la vie politique. Elle s’est aussi arrêtée sur un drame intime : oui la polémique sur sa paire de bottes Hermès  achetée 1 700 euros à l’époque où elle était porte-parole du candidat Sarkozy, l’a blessée…Pauvre petite fille riche…  Chez les Républicains la schizophrénie des postures est décidément une marque de fabrique. Certes NKM  succède à Jean-Luc Mélenchon  qui avait lui aussi  accepté d’accorder un entretien à Closer, l’homme qui  aime répéter qu’il fait sienne la devise des vieux romains,  dignitas et gravitas

Mais pendant que  les Européens qui en ont les moyens et la faculté sont  en vacances, l’Histoire en marche ne s’arrête pas et  elle reste toujours lourde de menaces aux portes de l’Europe. En Syrie,  selon une information de l‘Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) rendue publique dimanche, au moins cinq enfants, ont été tués à Alep  par un tir de roquette provenant d’une zone tenue par les milices rebelles anti Assad  sur un quartier tenu par l’armée syrienne légaliste.

Depuis mars 2011, ce conflit  atroce  a fait 230.000 morts dont plus de 11.500 enfants, selon un bilan de l’OSDH , et  le chiffre des quatre millions de réfugiés à été dépassé. Les  djihadistes de l’Etat islamique (EI)  ne reculent devant tien. De retour de Syrie –plusieurs  de nos camarades  s’y sont également rendus au printemps-  le grand reporter Xavier Yvon relatait le   24 juillet  sur Europe  1 ce  dont sont capables les  fanatiques de l’EI. «  On sait » disait -il, « grâce à une ONG syrienne, que ce m’a raconté cette famille de Raqqa (ville de Syrie tombée aux mains de l’EI, NDLR)  s’est reproduit pendant le ramadan qui vient de s’achever des dizaines de personnes, dont des enfants, ont été crucifiées, torturées, ou mises en cage simplement parce qu’elles ont été accusées de ne pas avoir respecté le jeûne. »

C’est dans cette même ville de Raqqa  qu’a été  enlevé en juillet 2013  que le père Paolo Dall’Oglio, un jésuite installé depuis plus de trente ans en Syrie. Le pape François a demandé dimanche  « à la communauté internationale » de se « mobiliser » pour obtenir  sa libération; mais aussi celle  de deux évêques orthodoxes enlevés également  il y a deux ans près de la frontière turque,  alors qu’ils entendaient  négocier la libération de deux prêtres.

Hier toujours, le président Bachar-al-Assad, lors d’une allocution télévisée,  a reconnu que son armée souffrait  d’un «manque de ressources humaines.» «L’armée ne peut se trouver dans chaque bout de territoire» a-t-il expliqué, réaffirmant  aussi que «toute proposition politique pour mettre fin au conflit qui n’est pas fondé sur la lutte contre le terrorisme serait vide de sens». Il a réitéré également ses accusations, en une claire allusion  à l’Arabie saoudite et à la Turquie, selon lesquelles   des gouvernements étrangers apporteraient un soutien aux milices rebelles.

Pourtant, un brusque virage semble se dessiner en Turquie, membre de l’Alliance atlantique comme chacun le sait,  depuis qu’elle a été frappée sur son sol  lundi dernier  par un attentat très meurtrier attribué à l’EI,  à Suruç, près de la frontière  Syrienne . L’aviation  turque a multiplié  depuis les frappes contre l’EI sur le sol syrien mais aussi (surtout ?) contre « l’ennemi héréditaire », à savoir  les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur le sol irakien, lesquels ont    riposté par  des attentats  en Turquie. Le conflit entre le PKK et l’Etat turc a  fait  40 000 morts entre 1984 et 2012…

L’Otan tiendra  demain  à Bruxelles une réunion de crise  pour examiner la situation  alors qu’Ankara vient de donner son accord pour  permettre aux avions américains d’utiliser  la base d’Incirlik (sud)  pour bombarder  l’EI en Syrie et en Irak.

Le Point le notait,  «l’attitude ambivalente des Turcs à l’égard de l’État islamique a  deux motifs : leur haine de Bachar el-Assad et leur conviction que les troupes d’Al Bagdhadi étaient les seules capables de renverser le dictateur syrien ». mais aussi « leur crainte que les Kurdes ne profitent de la situation pour élargir au détriment de la Turquie le sanctuaire que les combats en Irak leur ont permis de se constituer. Il faut ajouter à cela qu’ils profitent largement, depuis le début du conflit, du trafic frauduleux de pétrole venant des puits conquis et exploités par l’État islamique. Et très probablement aussi de la contrebande des armes qui transitent par leur territoire et permettent aux djihadistes d’être devenus une armée d’autant plus redoutable qu’elle utilise tous les moyens, y compris les plus barbares ».

Bruno Gollnisch rappelle au  passage qu’au nombre des arguments développés par le FN à la fin des années 90 contre l’adhésion de la Turquie à l’UE , un souhait soutenu par Washington au nom de la « solidarité de destin atlantiste »,  figurait le fait que celle-ci aurait pour effet de créer une frontière commune entre l’Union et un pays comme l’Irak. Un Etat que nous jugions comme ayant un  futur très incertain, car  susceptible d’une déstabilisation terroriste sanglante depuis la volonté clairement affichée par les Etats-Unis de renverser le régime nationaliste de Saddam Hussein. Là aussi nous  ne nous étions pas trompés.

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