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De la capacité d’attraction de la planète FN

Si le FN, à dieu ne plaise, parvenait enfin au pouvoir pour y appliquer son programme de salut public, il ne fait aucun doute qu’historiens et chercheurs s’emploieront à étudier la panique qui s’est emparée du microcosme dans les années qui auront précédé sa victoire. Un mélange de peur et de maladresse dans les rangs de ses adversaires qui illustrent la déréliction intellectuelle de ceux qui ne cessent de répéter que l’opposition nationale défend des idées  simplistes, inadaptées et dangereuses. Une frayeur qui naît de l’incapacité des élites à légitimer plus avant le désastreux logiciel euromondialiste qui, globalement, leur sert de mauvaise boussole. Une fébrilité qu’illustre aussi  ces dernières heures le tollé suscité par les propos tenus par l’élue au parlement européen (LR) Nadine Morano et diffusés samedi soir dans l’émission de M. Ruquier sur France 2. Mme Morano aurait franchi la ligne jaune, coupable d’avoir évoqué, un peu approximativement, une citation le général De Gaulle, rapportée par   Peyrefitte est devenue célèbre : « Le peuple français est tout de même avant tout un peuple de race blanche, de culture gréco-latine et de religion chrétienne. »

Plus curieusement, les gardiens du dogme et du bon goût se sont aussi déchainés contre une journaliste de canal plus, chaîne emblématique de la gauche bobo. En l’espèce  Maïtena Biraben qui, jeudi soir, sur le plateau du Grand Journal, face à son invité, l’avocat Eric Dupont-Moretti, a noté de manière factuelle que le Front National, «premier parti de France», tenait un «discours de vérité ». Mme Biraben a précisé par la suite que son expression désignait « la forme, pas le fond » du discours frontiste, mais le crime n’en est pas moins constitué pour certains.

Le grand phare de la pensée qui officiait au même poste  que Maïtena Biraben il y a quelques années, Philippe Gildas, n’a pas manqué de fusiller sa consœur : « Une connerie comme ça, je ne l’ai jamais faite ». Il est vrai que sortir des clous du politiquement correct, voir la réalité en face, n’a jamais été le fort de M. Gildas.

Sur son blog,  un du Grand Journal passé sur Europe 1, Jean-Michel Aphatie, n’a pas raté l’occasion de déverser sa colère amère : « Faute de regrets clairs de la part de l’animatrice, tout paraît brouillé: l’image de Maïtena Biraben, celle de l’émission, celle de la chaîne.» « Fussent-ils maladroits, les propos de Maitena Biraben ne peuvent être tenus pour anodins. Voilà des années que la société française débat du Front National et de sa nature : parti ordinaire ou pas ? Fréquentable ou pas ? Diabolique ou pas ? (…) En associant Front National et vérité, elle a tranché à sa manière une question qui taraude la société depuis des lustres. Outre son illégitimité à le faire, s’ajoute la violence de la manière.Certes, personne n’oserait accuser M. Aphatie, qui n’a  jamais fait mystère de son hostilité au FN, d’avoir  brouillé son image d’homme de gauche sectaire,  ni la violence de ses manières.

Autre sujet qui taraude les médias, le relais que trouve certaines idées du FN chez certains intellectuels de gauche (pléonasme) jusqu’alors portées plus traditionnellement par des écrivains, des essayistes, des chercheurs, penseurs de « droite » se rattachant à la mouvance nationale et/ou identitaire au sens large du terme. Cette antériorité   des critiques de droite de l’Europe de Bruxelles, de l’ultra libéralisme, des ravages d’une certaine mondialisation, du multiculturalisme,  n’est pas ou très  rarement rappelée…

Ce jeudi, par la voix de Bertrand Dutheil de La Rochère – «ancien chevènementiste »,   « trésorier du RBM, bras droit de Florian Philippot », écrit Ségolène de Larquier dans Le Point, « le FN a fait un pas à l’endroit des intellectuels de gauche qui se veulent toujours à gauche en les appelant au dialogue. Dans une tribune publiée sur le site du FN, il  s’adresse aux intellectuels qui se réuniront le 20 octobre à la Mutualité pour exprimer leur soutien à Michel Onfray, accusé par Libération de faire le jeu du FN (édition du 15 septembre). Sont annoncés à cet événement organisé par l’hebdomadaire Marianne,  Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Jean-François Kahn, Régis Debray, ou encore Jean-Pierre Chevènement. Je connais vos préventions à l’égard du FN et du RBM. Il ne s’agit pas de les rallier. Il s’agit de constituer un vaste mouvement dans lequel chacun doit conserver son entière liberté de pensée et d’organisation. »

« Marine Le Pen rêve de victoires électorales. Mais en lectrice assidue du penseur italien Antonio Gramsci,  la prétendante à l’Élysée est convaincue que la prise du pouvoir idéologique et culturel précède la prise du pouvoir politique . Le voile de la bien-pensance s’est déchiré. Qu’il est bon d’entendre des voix discordantes… Notre victoire idéologique doit se transformer en victoire politique, confiait-elle récemment ».

Rappelons que les travaux de ce    théoricien communiste italien (1891-1937) avaient connu une nouvelle notoriété  –voir à ce sujet les articles publiées sur le blogue de Bruno Gollnisch– lorsqu’ils furent exhumés il ya quelques décennies par Alain de Benoist, le GRECE et leurs vœux d’un « gramscisme de droite »…

Certes, les intellectuels de gauche citées ici, ne manquent pas de dire tout le mal qu’ils pensent du FN souligne cet article, citant Michel Onfray qui dans Le Monde le 21 septembre dernier glosait sur le   «vide intellectuel » du FN, le caractère « aberrant » du reproche qui lui est fait  «d’être l’allié objectif de Marine Le Pen». ou encore Alain Finkielkraut , dans Le Point en avril dernier affirmant : « Je n’ai rien à voir avec le parti poutinien de Marine Le Pen et je combats, comme les antifascistes patentés, la haine de l’Autre et l’esprit de clocher. »

« Mais, pour le FN, l’important n’est pas là. Les dirigeants frontistes se réjouissent que ces penseurs très médiatiques popularisent leurs idées » . Pour autant, cela n’empêche pas les   analyses tordues, partiales, simplistes ou fausses dans cette tentative d’explication du «succès intellectuel du FN », comme   celles à laquelle se livre, le professeur de sciences politiques Olivier Roy qui, Dans La Revue des deux mondes, à l’automne 2014, cité dans cet article.

« Le parti de Marine Le Pen a réussi à  développer un modèle idéologique moderne, acceptable et en phase avec les évolutions sociales, expliquait le chercheur dans un article intitulé Pourquoi le FN est-il moderne ? Parce qu’il a compris Gramsci la modernité du FN, c’est d’avoir compris Gramsci et de savoir quoi en faire. »

« Ainsi, pour devenir moderne, explique Roy, primo, le FN est passé d’un racialisme biologique (il n’a jamais eu cours au FN !!!, NDLR) devenu inacceptable à un différentialisme culturel fondé sur l’anthropologie moderne ; deuzio, il a entériné la révolution des moeurs (l’avortement n’est plus condamné, les gays sont les bienvenus au FN, Marine Le Pen ne s’est pas rendue aux manifs pour tous, même si elle promet d’abroger la loi sur le mariage gay) ; et enfin, le FN se présente désormais comme le champion de la laïcité – pour pouvoir mieux combattre l’islam – et a abandonné sa proximité historique avec le christianisme.»

Le FN n’a bien évidemment pas abandonné « sa proximité historique avec le christianisme » puisque notre défense de la laïcité basée, notons le, sur   la séparation   dans le domaine public du spirituel et du temporel, n’est en rien incompatible avec notre défense de la loi naturelle, des valeurs helléno-chrétiennes qui sont le socle de notre civilisation. La modernité du FN n’est donc pas à confondre, comme semble le faire ici M Roy, avec le   modernisme,  cache-sexe en réalité de l’ idéologie progressiste et hors sol.

L’essentiel reste bien la capacité du FN, comme il l’a toujours fait depuis sa création, à rallier les Français de tous les bords, de sensibilités différentes mais unis par le même patriotisme. Le Parisien rapporte ainsi l’arrivée au FN de   « François Meunier, conseiller municipal Front de Gauche, élu aux élections municipales de 2014 », qui a annoncé « son intention de créer un groupe FN au conseil municipal » d’Antony (Hauts-de-Seine).

Le FN est « le dernier à avoir une analyse marxiste de la société et encore un discours sur la lutte des classes. (…) Mais sur beaucoup d’autres sujets, notamment économiques, Front de Gauche et Front National ne sont pas si différents (…). Je n’aurais jamais adhéré à ce parti si Jean-Marie Le Pen était encore là, assure-t-il, ajoutant :Force est de constater qu’aujourd’hui, ce discours antisémite a disparu. Certains peuvent penser que c’est une stratégie politique. Moi, je ne le crois pas » affirme François Meunier

Tout juste est-il utile de préciser que le FN n’est pas porteur d’un « discours sur la lutte des classes », puisque il réfute ce concept, cette grille de lecture, considérant le peuple français comme un tout organique, qu’il refuse de diviser de manière antagoniste.  

Enfin, mais M. Meunier le découvrira en discutant avec ses nouveaux camarades frontistes,  il n’y a jamais eu de discours antisémite au FN. Ce dont étaient déjà certainement convaincus les électeurs communistes   qui ont été nombreux à rallier le FN dés les années, 80, ce dont peut témoigner Bruno Gollnisch qui milita dés cette époque avec un certain nombre d’entre eux.

 

 

 

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