Beaucoup plus ignoble encore, figurait sur ce Mur des cons la photo du général Philippe Schmitt…Les auteurs ne s’en sont pas expliqués. Rappelons qu’il était le père de la jeune Anne-Lorraine, 23 ans, qui, en résistant à son agresseur qui voulait la souiller,Thierry Dève-Oglou, 47 ans, fut poignardée à mort par ce dernier à plusieurs reprises en novembre 2007 dans le RER D. Ce criminel d’origine turque avait déjà été condamné en 1996 par les assises de l’Oise à trois ans de prison ferme pour viol…Pas de quoi émouvoir les redresseurs de torts, les chasseurs de réacs et autres vigilants antifascistes du SM.
Les raisonnements tordus ne sont certes pas l’apanage de ces juristes là. L’Humanité, journal sans lecteurs, mais toujours abondamment cité dans les revues de presse des matinales, se lance ainsi dans la psychanalyse de bazar pour tenter d’expliquer la «récupération» de la figure de Jeanne d’Arc par le FN. Si Marine aime Jeanne est-il avancé, c’est parce que la virginité de la sainte et héroïne nationale symboliserait une France qui se refuse au « métissage.» C’est grave docteur?
Pour faire peur dans les chaumières, de « droite » cette fois, Christian Estrosi délivrait de son côté, avec la même absence de finesse, une théorie complotiste de bas étage dans La Provence. « Je sais qu’une cellule a été mise en place par le Parti socialiste à l’Élysée pour faire gagner le Front national dans le Nord et en Paca.» Et ce, dans le but affiché d’empêcher la coalition LR-UDI de réussir le grand chelem en décembre aux régionales et pour prouver que seule l’union de la gauche peut faire barrage au FN en 2017.
Une thèse pour le moins capillaro-tractée quand on se souvient, et là ce n’est pas un mauvais fantasme, des déclarations émanant ces dernières années de figures du même parti que M. Estrosi, en faveur du vote PS en cas de « risque » de victoire du FN.
Dimanche lors de l’émission Le Grand Rendez-vous Europe1/Le Monde/iTELE, le maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a d’ailleurs souligné que la stratégie de front ripoublicain restait d’actualité : « Là où il y aura un risque majeur d’avoir le Front National à la tête des régions, il faudra se retirer (…). Je préfère aucun socialiste dans un exécutif plutôt que le Front National à la tête de ces exécutifs. »
Mme Hidalgo est plus affirmative sur ce point que le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui expliquait il y a quinze jours qu’au soir du premier tour, « la responsabilité de la gauche ne sera(it) pas de se retirer mais d’être capable de s’unifier ». Une unification de toutes les gauches, nécessaire dit-il, pour tenter de faire barrage à la droite et « sa politique d’austérité» et au FN qui veut faire des régions «des laboratoires de la haine» (sic).Il ne s’agit pas d’un «coup de poker, mais d’un coup de tocsin, pour l’unité» a t-il clamé, annonçant le 19 septembre la tenue d’un référendum mi-octobre, auprès «du peuple de gauche», pour approuver ou non l’union des partis de gauche lors des deux tours des régionales.
Face à l’Association des journalistes parlementaires, M. Cambadélis soulignait en octobre dernier que la question de « l’identité » est devenue aujourd’hui centrale au détriment de la notion «d’égalité». «Sur certains sujets, nous ne sommes plus hégémoniques, nous sommes en résistance», «la déconstruction de la République (confisquée et antinationale, NDLR) est en marche». Bref, « depuis dix ans, la gauche a perdu la bataille des idées.» Affirmation qui est tout sauf anodine, constate Bruno Gollnisch, dans la bouche de cet ex trotskiste qui a lu Antonio Gramsci et qui sait donc que les victoires idéologiques précèdent les victoires électorales, qu’ il n’y a pas de prise du pouvoir politique dans les sociétés développées, sans prise préalable du pouvoir culturel.
Autrement dit, et comme le notait Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire, « la classe dirigeante est en train de perdre pied. Elle voit le sol se dérober sous ses pieds, elle voit ses privilèges menacés, elle ne sait plus où elle habite. Elle fait comme les chiens qui ont peur : elle aboie (…). À force d’ériger des murailles invisibles et d’installer des cordons sanitaires, la classe dirigeante a épuisé ses propres défenses immunitaires. À force de refuser le débat, elle est devenue inapte à débattre. Elle n’a désormais plus rien à dire, sinon appeler à lutter contre les stéréotypes, promouvoir le non-art contemporain et multiplier les références lacrymales aux droits de l’homme . Panique morale et misère de la pensée.»