Au second tour des élections régionales du 21 mars 2010, marqué par un taux abstention de 48,70%, les listes Front National avaient obtenu 1 943 307 voix (9,17% des suffrages exprimés) et 118 élus. Hier avec une abstention bien moindre de 41.56% (elle dépassait les 50% le 6 décembre) le Front National bat son record absolu de suffrages, devant le score obtenu par Marine à la présidentielle de 2012. Les listes frontistes ont réuni ce dimanche un total de 6 820 147 voix (27,36% des suffrages exprimés), progressant de plus de 800 000 voix entre les deux tours !
Certes l’alliance fraternelle entre le parti sarkozyste, le PS et leurs satellites dans les régions menacées par le FN, la mobilisation dans certaines régions d’un électorat désireux parfois, au nom du vote utile, de faire barrage à la gauche la plus visiblement sectaire (contre Bartolone en Ile-de-France notamment) ont pesé sur les résultats. Ce fut le cas aussi de la campagne d’Etat, médiatique, de mensonges, de calomnies contre le FN ; l’activation des réseaux clientélistes et communautaristes, ont aussi permis à la gauche et à la droite de se partager les exécutifs régionaux -respectivement 5 à la gauche et ses alliés et 7 à l’alliance LR-UDI-Modem.
Bien sûr, cette hystérie anti FN qui a été de mise ces derniers jours, cette volonté de sidération des électeurs, ne doit pas nous exonérer d’un travail introspectif pour réussir à séduire davantage de Français, pour affiner nos propositions, notre communication, en un mot pour être encore plus performant.
Pour le reste, le lyrisme de pacotille de nos adversaires trompe de moins en moins de monde. A ce petit jeux là Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira et BHL tiennent la corde. Ce dernier écrivait hier : « Nation en danger, vent du boulet, état d’urgence : toutes ces images sont bonnes pour dire le ressaisissement, ce soir, de notre pays »
Quelques jours auparavant, l’épouse d’Alexandre Adler, la « philosophe » Blandine Kriegel, fille de député stalinien, ancienne de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, ex présidente du Haut conseil à l’intégration pondait une tribune dans l’Obs assez (involontairement) tordante…mais révélatrice de la confusion intellectuelle des élites-de-la-république . Ou à tout le moins de leur duplicité.
Filant la comparaison à partir de la famesue saga de George Lucas, Star Wars (Les guerres de l’étoile) Mme Kriegel notait: «Au moment où le côté obscur du Front National usurpe, comme le sénateur Palpatine, le discours républicain pour mettre, par la montée de la haine et de la peur, un terme à la République et établir le despotisme, Star Wars nous invite à (…) la défendre (…).Le génie de Lucas est de montrer que la lutte entre la République et l’Empire, ce combat entre le bien et le mal en politique, passe pour chacun de nous par des choix individuels fondamentaux»: «Le film réhabilite un héroïsme oublié qui n’est pas celui du surhomme, du côté obscur de Dark Vador ou de l’Empereur, mais celui des résistants défendant les libertés.» Précisément Mme Kriegel ! Vous maniez l’inversion accusatoire mais l’empire, ne vous en déplaise, s’incarne, se retrouve dans les actions et le comportement de vos amis politiques, pas chez les nôtres…
Quant à Périco Legasse, dans le dernier numéro de Marianne, il éreintait avec la manière la fumisterie mensongère des harangues du Premier ministre et des partis du Système : «Un peu facile de crier au loup pour sauver les meubles et de prédire le pire pour remonter dans les sondages. Faire peur, en appeler à la panique nationale, quitte à mentir un peu et à trahir beaucoup, pour détourner la colère populaire, c’est la base même du fascisme. Quelle est la politique qui peut aujourd’hui conduire à la guerre civile? Qui est au pouvoir depuis 40 ans en général et 4 ans en particulier et nous a conduit à la situation actuelle? Qui s’est essuyé les pieds sur le référendum de 2005 quand 55% des Français avaient voté non à un traité constitutionnel mettant l’Europe sous l’emprise de Goldman Sachs et des marchés financiers dirigés depuis Wall Street? Qui a réduit l’école de la République à une machine à fabriquer des analphabètes? Qui… ». Difficile pour quelqu’un de bonne foi, note Bruno Gollnisch de ne pas adhérer à ce qu’écrit ici M. Lagasse
Pour ce qui est des résultats plus détaillés, de ce second tour, en Nord-Pas-de-Calais-Picardie les listes conduites par Marine Le Pen obtiennent 42,33% des suffrages (54 sièges) face à la coalition emmenée par Xavier Bertrand (57,77%, 116 sièges)
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le FN enregistre son meilleur score avec 45,22% des voix (42 sièges) pour les listes de Marion Maréchal-Le Pen face au candidat de la LRPS et de ses alliés Christian Estrosi (54,78%, 81 sièges).
L’Alsace -Champagne-Ardenne-Lorraine a vu plus d’un électeurs sur trois voter FN, les listes conduites par Florian Philippot ayant dépassé les 36% (36,08%, 46 sièges), devant le socialiste Jean-Pierre Masseret (15,51%, 19 sièges) mais derrière le candidat de droite Philippe Richert (48,40%, 104 sièges)
En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées les listes frontistes conduites par Louis Aliot totalise 33,87% des voix (40 sièges) derrière la candidate de la gauche Carole Delga (44,81%, 93 sièges) mais devant le candidat sarkozyste Dominique Reynié (21,32%, 25 sièges)
La Bourgogne -Franche-Comté place aussi (d’un cheveu) la gauche à la tête de l’exécutif régional mais les listes FN de Sophie Montel progressent elles aussi (32,44%, 24 élus) dans un mouchoir de poche avec le candidat de la droite et du centre François Sauvadet (32,89%, 25 sièges). La candidate de la gauche Marie-Guite Dufay engrange 34,68% des voix (51 sièges)
Le Centre-Val de Loire permet aussi au FN de passer la barre des 30% les listes de Philippe Loiseau ont bien résisté au choc du second tour (30%, 17 élus) face au sortant socialiste François Bonneau (35,43%, 40 élus) et à celui du LR-UDI-MoDem Philippe Vigier (34,58%, 20 élus).
La Normandie réunifiée voit le centriste Hervé Morin l’emporter d’une courte tête (36,4 »%, 54 sièges,) face au candidat de gauche Nicolas Mayer-Rossignol (36,08%, 27 sièges). Le frontiste Nicolas Bay réalise un très beau 27, 50% des voix (21 élus).
En Auvergne -Rhône-Alpes, les listes frontistes de notre ami Christophe Boudot progressent elles aussi en nombre de voix et totalisent 22,53% des suffrages (34 élus). Laurent Wauquiez (LR-UDI-MoDem) obtient 40,61% (113 sièges), le socialiste Jean-Jack Queyranne 36,84% (57 sièges).
L’Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes voir le retour du FN et d’un cadre chevronné en la personne de Jacques Colombier dont les listes totalisent 21,67% de suffrages exprimés (29 élus). La gauche l’emporte cependant avec Alain Rousset (44,27%, 107 sièges). L’adjointe du maire de Bordeaux, Virginie Calmels (LR-UDI-MoDem) obtient 34,06% (47 sièges)
En Pays de la Loire, les listes FN conduites par Pascal Gannat frôlent les 20% (19,74%, 13 élus). La droite l’emporte, Bruno Retailleau obtient 42,70% (54%) devant le représentant de l’union de la gauche, Christophe Clergeau (37,56%, 26 élus)
Elle aussi Terre de mission du FN, la Bretagne enregistre une poussé nationale. Les listes FN de Gilles Pennelle enregistrent 18, 87% (12 sièges). Le ministre socialiste Jean-Yves le Drian s’impose largement (51,41%, 53 sièges) devant le candidat de droite Marc Le Fur (29,72%, 18 élus).
En Ile-de-France, les attaques sur le thème de « la race blanche » -voir notre blogue- de son concurrent socialiste ont certainement permis à Valérie Pécresse de l’emporter, peut être même avec l’appoint de voix d’électeurs FN du premier tour. La candidate LR-UDI-MoDem engrange 43,80% des voix (121 sièges) devant le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (42,18%, 66 sièges) et le trésorier du FN Wallerand de Saint-Just (14, 02%, 22 élus) qui signe ainsi le retour de l’opposition nationale dans cet hémicycle régional.
En Corse, le frontiste Christophe Canioni (9,09%, 4 élus) fait son entrée dans l’assemblée régionale, au cours d’une élection remportée pour la première fois par le régionaliste Gilles Siméoni devant les candidats de gauche et de droite, Paul Giacobbi et José Rossi.