En Syrie, les communautés chrétiennes restent particulièrement exposées aux exactions commises par les miliciens de l’Etat islamique (EI). Il y a quelques jours un communiqué de la Coordination Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO), évoquait les attentats meurtriers de la fête de Noël qui ont coûté la vie à 15 jeunes de la communauté chrétienne de la région d’Aljazira au nord-est de la Syrie », «les massacres contre les chrétiens assyriens de Kameshli ». Mais aussi «l’attaque contre un poste assyrien de contrôle et de protection de cette ville» menée cette fois par des membres des «Unités de protection du peuple kurde, le Yekîneyên Parastina Gel (YPG). Il s’agit de la branche armée d’un mouvement d’extrême gauche, le Parti de l’union démocratique kurde syrien (PYD). En lutte contre l’EI, les combattants de l’YPG ont été aussi accusés d’exactions par Human Rights Watch dans les territoires qu’ils contrôlent.
Pour autant, la menace principale reste de loin les milices islamistes. L’ Assyrian International News Services, se félicitait la semaine dernière de la libération d’un nouveau groupe de 16 otages assyriens relâché par l’EI. Ce groupe faisait partie des quelque 253 Assyriens enlevés par l’État Islamique lors de l’invasion des 35 villages chrétiens de la vallée de la rivière Khabour, en février de l’année dernière (…). Il est vraisemblable que des rançons ont été payées pour obtenir la libération de ce dernier groupe de 16 otages qui compte 8 enfants.»
Le projecteur médiatique est surtout braqué ces derniers jours sur le sort des 200 000 Syriens assiégée depuis des mois par l’EI dans la ville de Deir ez-Zor, place stratégique d’une province riche en pétrole dans l’est du pays. L’aviation russe a acheminé 22 tonnes de nourritures à la population affamée, l’aéroport, ainsi que quelques quartiers urbains, étant encore contrôlés par les forces armées du gouvernement légal syrien.
Selon différentes sources, des dizaines, voire des centaines de civils et de militaires, ont été exécutés ces derniers jours par les miliciens de l’EI à Al-Bgheliyeh, une banlieue de Deir ez Ezzor, dans la foulée de l’offensive menée par les Fous d’Allah qui ont pris le contrôle d’une grande partie de la ville.
Il s’agit aussi de ne pas oublier que les minorités religieuses chrétiennes et les musulmans chiites ne sont pas les seules victimes de la rage épuratrice de l’EI. Les miliciens de l’EI viennent d’enlever 400 civils sunnites dans cette même ville. Ce qui laisse craindre le pire de la part d’une organisation terroriste connue pour ses massacres de masse, si les rançons ne peuvent être acquittées par les familles pour récupérer maris, épouses, frères, sœurs et enfants…
Le Front National n’est pas, n’est plus le seul à dénoncer la folie meurtrière des djihadistes, de leurs mécènes des pétromonarchies, le jeu ambigu auquel se sont livrés les Etats-Unis et certains de leurs alliés atlantistes. Mais il s’agit aussi de rappeler que l’opposition nationale avait vu juste avant les autres en anticipant, alors sous un tombereau d’injures, les conséquences de la catastrophique guerre d’agression menée contre le régime laïque irakien il y a vingt-cinq ans -suivi d’un embargo qui cause la mort d’un million de civils irakiens- et de la chute de Saddam Hussein en 2003.
Le chaos qui s’est abattue sur le Proche-Orient, et nous le voyons dans l’actualité récente, un terrorisme sous drapeau islamiste qui s’étend désormais aux autres nations musulmanes et dans les pays occidentaux multiculturels, prend principalement sa source à cette période.
Dans le journal communiste italien Il manifesto, Manlio Dinucci, dont on est libre de ne pas partager toutes les analyses, s’arrêtait sur ces années 1991-2016. Il notait cette fin de semaine que la première guerre du Golfe marque la date de naissance de «la stratégie qui conduit les guerres successives sous commandement étasunien, présentées comme des opérations humanitaires de maintien de la paix. Yougoslavie 1999, Afghanistan 2001, Irak 2003, Libye 2011, Syrie depuis 2013, accompagnées dans le même cadre stratégique par les guerres d’Israël contre le Liban et Gaza, de la Turquie contre les Kurdes du PKK, de l’Arabie saoudite contre le Yémen, de la formation de l’EI et autres groupes terroristes fonctionnels de la stratégie USA/OTAN, de l’utilisation de forces néo-nazies pour le coup d’état en Ukraine servant à la nouvelle guerre froide contre la Russie.»
Et M. Dinucci de relever le caractère «prophétique», mais «au sens tragique» (du terme), de la phrase prononcée par le président Bush en août 1991 : «La crise du Golfe passera à l’histoire comme le creuset du nouvel ordre mondial.»
Une actualité brûlante qui sera la toile de fond de la conférence qui sera tenue par Bruno Gollnisch jeudi prochain, à Reims (tout un symbole), à l’invitation d’E&R-Champagne Ardenne, sur le thème «Occident, Orient– Craintes et espoirs.» Un exposé, a précisé le député européen FN à l’Afp, qui sera «assez académique et pas politique, sur les civilisations de l’Extrême-Orient et la relation que les Occidentaux doivent avoir avec elle.» Et notre universitaire, spécialiste de la civilisation japonaise, d’ajouter à l’adresse de ceux qui s’étonneraient de tant d‘audace: «Ce serait à l’invitation de Jean-Luc Mélenchon, ce serait la même chose, je m’exprime devant les gens qui m’invitent, je réponds bien aux questions du Monde ou de Libération, pourquoi pas celles d’E&R ?».